Publié le Mercredi 7 février 2024 à 09h19.

Le logement, ils s’en moquent et ne s’en cachent plus

Il lui fallait un truc qui fasse choc. Le nouveau Premier ministre lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée devait marquer les esprits avec une proposition bien de droite, bien crade, pas woke du tout ! On imagine la discussion préalable avec son équipe passant en revue l’ensemble des possibles. Après la loi contre l’immigration, difficile de remettre le couvert ; sur l’école AOC fait le job, et sur l’agriculture ça chauffe trop. Eh bien, il a trouvé ! Et c’est cohérent avec tout ce qui a été fait depuis des années : intégrer dans le quota de logements sociaux les logements intermédiaires pour cadres, qui représentent 3 % à peine des demandeurEs.

En 2025, toutes les communes soumises à la loi SRU devront avoir 25 % de logements sociaux. On est très loin du compte ! Sur les 1 031 communes concernées, à peine 372 d’entre elles ont atteint leurs objectifs, et cette situation va s’aggraver. La loi impose des sanctions aux villes récalcitrantes, mais dans les faits leurs maires préfèrent souvent payer plutôt que d’y souscrire. Certains prennent même la loi SRU à rebours et l’utilisent pour ramener le nombre de logements sociaux à 25 % quand ils sont au-dessus.

Est-ce vraiment nouveau dans la politique des gouvernements Macron ? Non, la crise du logement est là et bien là, et il s’en moque. Année après année, la fondation Abbé-Pierre publie ses chiffres qui disent tous la même chose : le nombre de demandeurEs d’un logement social va croissant et atteint en 2023 le chiffre record de 2,3 millions. Toutes les mesures qui ont été prises sont des attaques contre le logement social : ponctions financières dans les caisses des bailleurs, TVA porté de 5 à 10 %, construction de logements en berne pendant que l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine) poursuit son travail de démolition des quartiers populaires engagé depuis vingt ans.

Le coup d’Attal, c’est aussi un coup fatal pour la loi DALO qui n’est pas non plus appliquée, si nombreux sont celles et ceux reconnuEs prioritaires qui n’accèdent pas à un logement. Élisabeth Borne avait commencé en demandant aux préfets de ne plus reloger les prioritaires DALO dans les quartiers populaires. Aujourd’hui Attal réduit le nombre de logements auxquels ils peuvent accéder. Où vont-ils se loger ? Macron, Attal et leurs amis s’en moquent et ne s’en cachent plus.