Publié le Mercredi 14 mai 2014 à 09h09.

Littérature : disparition du grand écrivain Peter Matthiessen

Il était notamment l’auteur du Léopard des neiges (1), un essai de voyage qui vous expliquera que le seul voyage qui vaut est son « jihad » personnel...

Né le 22 mai 1927 à New York, Peter Matthiessen est mort le 5 avril 2014. C’était un naturaliste et écrivain américain, auteur d’œuvres de non-fiction et de fiction. Il reçut le prestigieux National Book Award dans les deux catégories !

Brillant étudiant de l’université de Yale, il commença bien mal sa vie d’écrivain car il fut embauché par la CIA et expédié à Paris au début des années 50 pour observer la « faune communiste ». Il disait ironiquement qu’il se servit des prébendes de l’agence pour financer la création d’une revue littéraire Paris Review où participèrent des « pointures » comme Kerouac, Naipaul ou Roth. Il écrivit de nombreuses nouvelles avant de se consacrer à la cause des Indiens des Amériques. Son étude détaillée de Léonard Peltier In the spirit of Crazy Horse fait référence, tout comme ses livres sur les Indiens d’Amazonie péruvienne.

Mais c’est le Léopard des neiges qui le rendit célèbre. En septembre 1973, Peter Matthiessen part pour le Dolpo, une région du Népal située à la frontière du Tibet, avec le zoologiste George Schaller qui veut observer le mythique (mais réel, je l’ai vu moi...) léopard des neiges. Dans ce journal de route, il apparaît très vite que Matthiessen vit cette expédition comme une aventure plus spirituelle et intellectuelle que véritablement scientifique et que le fameux animal n’est qu’un prétexte. La disparition récente de sa femme, avec qui il eut une expérience tumultueuse placée le plus souvent sous le signe du LSD, le hante. Pour lui, ce voyage est un « jihad » intérieur qui le mènera au bouddhisme zen via la découverte de l’ancien monastère de Shey Gompa et, enfin, un voyage hors de la « civilisation » du XXe siècle dans les hautes vallées les plus reculées de l’Himalaya. À découvrir ou redécouvrir.

Sylvain Chardon1 – Gallimard Imaginaire, 2005, 11,50 euros.