Publié le Mercredi 7 décembre 2016 à 10h04.

Le Monde qui vient. Entre périls et promesses. 2000-2015 : un état des droits

Par la Ligue des droits de l’homme, La Découverte, 2016, 21 euros. 

La Ligue des droits de l’homme tente à travers un gros ouvrage collectif un bilan d’étape et une projection sur les effets des mutations en cours. Elle propose des pistes porteuses d’espoir pour garantir les droits et la démocratie. Cet ouvrage, écrit en 2015, ne prend donc pas en compte les nouvelles « dégradations », droitisations des situations politiques locales, notamment étatsunienne.

La toute-puissance du capitalisme, s’appuyant sur la mondialisation / épuisement des ressources / privatisations généralisées / cyber-surveillance… remet en cause l’ensemble des droits, de la personne, du travail, de la vie privée… et permet l’avènement de tous les communautarismes et de tous les types de discriminations : religieuse, ethnique, H/F, migrants… Des politiques sécuritaires et répressives sont instaurées, dans une spirale sans fin. Toutes les formes de discriminations identitaires sont vues comme des pathologies d’une démocratie dont le modèle s’épuise, et qui devrait se refonder sur une base inclusive en démocratie participative.

Chacun des auteurs examine la situation depuis son point de vue et son thème privilégié d’intervention, cela de façon très riche. Ainsi un passionnant chapitre de Christian Laval développe l’idée que « le commun est le principe des luttes actuelles contre le capitalisme néolibéral ».

L’ouvrage appelle à « saisir la diversité culturelle et le pluralisme comme une richesse et non comme une menace » et à affirmer le principe d’universalité des droits. L’inventaire de la situation, ses conséquences, et la recherche des modes de pensée et d’action pour y faire face, est à la fois écrasant et stimulant. « On sait » déjà tout ça, mais si nous n’arrivons pas à le remettre en cause à court terme, nous devons continuer à chercher les autres voies pour construire un modèle de « société d’individus solidaires ». Et la marche vers la liberté devra sans doute se faire par le recours à la violence. 

À la lecture de cet ouvrage, on peut aussi s’interroger sur le fait que le NPA, qui rassemble tant d’intelligences et de compétences, ne soit pas capable de publier lui aussi un document de synthèse de ce poids qui permettrait de répondre aux différentes critiques qui lui sont faites.

Catherine Segala