Publié le Dimanche 28 janvier 2018 à 18h28.

Carrière de Saint-Julien-Molin-Molette : les opposantEs gagnent une bataille

Dans l’Anticapitaliste n°402, nous évoquions le projet d’extension de la carrière de granite de Saint-Julien-Molin-Molette, exploitée par Delmonico-Dorel, pour lequel une enquête publique s’est déroulée à l’automne dernier. Le commissaire-enquêteur vient de publier son rapport, avec un avis défavorable.

Tous les arguments des opposantEs n’ont pas été retenus dans le rapport du commissaire-enquêteur concernant la carrière. Mais le moins que l’on puisse dire est que le commissaire n’a pas mâché ses mots pour se prononcer contre le projet.

Des nuisances dues au passage des camions

Son raisonnement est le suivant : quand bien même cette carrière serait utile, « les conditions de son exploitation ne sont pas acceptables ». Comme il n’existe pas de solution à court terme pour éviter la traversée du village par les camions, le commissaire donne un avis défavorable.

Principal argument contre le projet : les nuisances induites par les camions traversant le village. Ce point est quasiment absent du dossier de l’exploitant, alors que les riverains ne cessent de le dénoncer. Pour trancher, le commissaire s’est « rendu incognito […] sur la place de la mairie, où [il] est resté en observation continue de 6 h 30 à 12 h, un matin d’octobre 2017 ». Il a constaté le passage d’un camion toutes les deux minutes quarante secondes, dont certains avant l’ouverture de la carrière à 7 h 30. Il a également observé un « dépôt uniforme [de poussières] sur le sol de la voirie, mais aussi sur les rebords de fenêtres des bâtiments ». Il ajoute : « Les problèmes de bruit, de poussière et de sécurité dans la traversée du village ne sont pas abordés dans le dossier. […] Le silence du dossier sur ces points est difficilement compréhensible ».

L’État dans la ligne de mire

De manière générale, le commissaire a « eu la désagréable impression que le dossier était soit délibérément simplifié à l’extrême, soit préparé dans la précipitation ». D’après le carrier, « un bon niveau d’acceptation sociale du projet a été recherché ». Le commissaire n’est pas de cet avis : la défiance de la population lui « paraît justifiée et […] est très loin de l’acceptation sociale revendiquée par le maître d’ouvrage ».

Si le rapport n’est pas tendre avec Delmonico-Dorel, il n’épargne pas non plus l’État. Rappelons que l’enquête publique ne portait pas sur la demande proprement dite d’extension de la carrière, mais sur la déclaration d’intérêt général visant à rendre possible cette extension en modifiant d’autorité le plan local d’urbanisme contre l’avis de la mairie. Pour le commissaire, « le moins que l’on puisse dire, c’est que l’État veut arriver à ses fins ».

Le rapport aurait pu aller plus loin, par exemple en abordant la question de la radioactivité qui pourrait à très court terme, en application d’une directive européenne, restreindre l’usage des roches de la carrière.

Il n’en reste pas moins que cet avis défavorable est une grosse épine dans le pied des porteurs du projet. Le combat n’est pas terminé, et la mobilisation ne doit pas retomber : en 2005, le préfet avait autorisé l’extension de la carrière, malgré un avis déjà défavorable du ­commissaire enquêteur…

Commission nationale écologie