Publié le Vendredi 22 novembre 2013 à 20h13.

Loin de la maison bleue : « Frida Kahlo - Diego Rivera, l’art en fusion »

Les œuvres et les relations de Frida Kahlo et Diego Rivera sont entrées de longue date dans la légende révolutionnaire, bien au-delà du Mexique. À Paris, le musée de l’Orangerie leur consacre enfin une exposition.D’abord programmée en 2011 à Bordeaux puis à Paris au titre de « L’année du Mexique en France », l’exposition « Frida Kahlo - Diego Rivera, l’art en fusion » avait été annulée à la suite de mémorables gesticulations sarkozyennes. Il est agréable de pouvoir enfin la visiter malgré son manque d’ampleur, peut-être dû à ces cafouillis diplomatiques – ou à « la crise » frappant les institutions mexicaines autant que les françaises. 

De l’énorme production de Rivera (1886-1957), seulement 32 œuvres, dont plus du tiers conçu hors du contexte mexicain, et par exemple, aucune de ses lithographies, jugées pourtant « fondamentales pour l’histoire de l’estampe au Mexique » quand le British Museum exposa certaines d’entre elles en 2009. De Kahlo (1907-1954), 39 huiles, lithographies et dessins, sélection un peu plus représentative d’une œuvre composée pour plus d’un tiers d’autoportraits, et en complément 33 photographies bien connues, dues à Lola Álvarez Bravo et Gisèle Freund notamment. 

Trois salles de dimensions croissantes : la première résumant la carrière de Rivera en Europe, peinant à percer comme peintre fauve puis cubiste entre 1907 et 1921 ; la deuxième évoquant trop vaguement les maisons occupées par le couple à partir de 1928 (aucune vue de la Maison bleue !) ; la troisième rassemblant les autres œuvres de Rivera et Kahlo. De la « Fridamania » (sans « Diegolâtrie » correspondante) qui a marqué le demi-siècle suivant la mort de l’artiste, comme du « néomexicanisme » et du renouveau récent des arts plastiques mexicains (le musée d’Art moderne de la Ville de Paris lui avait consacré une bonne exposition en 2012), les visiteurs ne verront ni ne sauront rien, sauf à acheter le catalogue qui en traite. Piteux zigzags politiques et sentimentaux des deux artistes mis à part, autant de sujets de premier intérêt qui auraient mérité plus d’attention.

Gilles Bounoure

« Frida Kahlo - Diego Rivera, l’art en fusion » Musée de l’Orangerie (Paris 1er) jusqu’au 13 janvier 2014