Publié le Lundi 18 mars 2013 à 10h56.

Exposition : Capa, Taro, Chim : la Valise mexicaine Les négatifs retrouvés de la guerre civile espagnole. Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (Paris 3e), jusqu’au 30 juin 2013.

La légendaire valise de Robert Capa, contenant des négatifs de la guerre d’Espagne, était considérée comme perdue depuis 1939. Robert Capa les avait abandonné à Paris quand il s’était enfui avant l’entrée des troupes allemandes, et avait demandé à Weisz, photographe hongrois, de les mettre en sécurité. Mais celui-ci fut arrêté et interné. Capa avait estimé que tout avait été détruit pendant la guerre… L’annonce officielle en 2008 de la redécouverte de cette valise, a provoqué un engouement considérable dans l’univers du photo-reportage. La « valise », composée de trois boîtes de rouleaux de pellicule soigneusement classés, contient près de 4 500 négatifs d’images de la guerre civile espagnole en très bon état de conservation et presque tous inédits : des clichés de Capa, mais aussi de sa compagne Taro, de David Seymour, dit Chim, et également du photographe Fred Stein représentant Taro. Itinéraire d’un engagement photographiqueRobert Capa, né Endre Ernö Friedmann le 22 octobre 1913 à Budapest, américain d’origine hongroise, fut le type même du « photographe de guerre » engagé. Il fuit le nazisme en 1933 pour s’installer à Paris et sera le fondateur avec David Seymour – Chim – de l’agence Magnum en 1947. Capa, contraint à l’exil, a pour objectif de faire carrière dans le journalisme. À Berlin, Simon Gutman, de l’agence photos Dephot, lui donnera l’occasion de couvrir son premier sujet, Trotsky en 1932 en exil à Copenhague… Il fait la connaissance de Gerda Taro, une étudiante allemande et antifasciste, et part avec elle couvrir en 1936 la Guerre civile espagnole aux côtés des troupes républicaines, pour les magazines Vu et Regard. En Espagne, il devient un fervent antifasciste, et va jusqu’à monter certaines photos de toutes pièces, mettant en scène la victoire de la République espagnole. C’est avec une photographie, devenue célèbre, qu’il obtient une grande renommée. Intitulée Mort d’un soldat républicain, elle représente un soldat républicain, s’effondrant après avoir été touché par une balle. Il y aura une polémique quant à l’authenticité de la photo . Témoignages d’une lutte antifascisteIl ne semble pas que la fameuse « valise » contienne les négatifs de cette photo. Leur découverte aurait pourtant permis de résoudre cette énigme. Il n’empêche que cette photo, tout comme d’autres œuvres telles que Guernica de Picasso, L’espoir de Malraux ou encore Pour qui sonne le glas d’Hemingway furent des symboles de la résistance à la menace fasciste, de l’héroïsme des républicains espagnols en lutte contre les nationalistes de Franco. Cette guerre civile espagnole, considérée comme une « répétition » pour les armées allemandes et italiennes qui soutinrent Franco, fit près de 400 000 morts… C’est tout l’intérêt de cette exposition que de nous en faire revivre certains moments forts. Portraits, scènes de combat, images rappelant les effets de la guerre sur les civils mais aussi de magnifiques clichés de Chim aux thèmes un peu surréalistes, tels que la conservation du patrimoine par les troupes républicaines (comme ce cliché où l’on voit des soldats républicains porter précautionneusement… un immense crucifix), des portraits de Gerda Taro immortalisant les expressions : souffrance, allégresse. Et pour la petite histoire, sachez que la fameuse série de romans écrite par Dan Franck et Jean Vautrin, intitulée « Les aventures de Boro, reporter photographe » s’inspire bien de la vie de Capa. Un bel hommage.Sylvie (comité Paris 15e)