Publié le Mercredi 16 octobre 2013 à 15h46.

Contre le poison du F‑Haine, riposte sociale et antiraciste !

Si elle ne reste qu’une élection partielle concernant un nombre d’électeurs limité, l’accession d’un membre du Front national au conseil général du Var constitue un sévère avertissement à l’ensemble des forces politiques de gauche de ce pays, et à tous ceux qui sont attachés aux valeurs de solidarité, d’égalité des droits et de progrès social. Elle sonne aussi le glas pour ceux qui nourrissaient encore des illusions sur la capacité des « fronts républicains » à endiguer la progression de l’extrême droite au nom de prétendues valeurs républicaines communes.

Défaite annoncéePourtant, au delà des déclarations indignées, et des tentatives d’auto-justification des uns et des autres, le résultat de ce scrutin est tout sauf une surprise. On aurait pu titrer cet article « chronique d’une défaite annoncée » dès la semaine passée, tant les raisons de la débâcle étaient connues de tous : une abstention massive, un candidat de gauche éliminé dès le premier tour, un Front national doublant le nombre de voix de la candidate de l’UMP, toutes les conditions étaient réunies pour un scénario catastrophe. En moins d’un an, la gauche de gouvernement aura connu 11 défaites consécutives (8 à des élections législatives partielles et 3 à des cantonales) sans en tirer le moindre enseignement. Incapable de répondre aux exigences sociales et appliquant une politique d’austérité identique à celle de ses prédécesseurs, le gouvernement socialiste s’est montré tout autant incapable de défendre la seule mesure progressiste prise depuis son retour aux affaires : celle du mariage pour tous. Laissant la rue à la réaction, tétanisé par l’ampleur des « manifs pour tous », il battait en retraite sur la bataille des idées en remettantencore une fois à plus tard le projet de loi sur le droit de vote des étrangers aux élections locales.

Valls et ce gouvernement responsables !En intronisant, de facto, Manuel Valls, premier flic de France, comme véritable porte-parole du gouvernement, François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont pris une lourde responsabilité : celle de rompre avec les valeurs communes à tout un camp social, héritées de plus d’un siècle de luttes contre les discriminations, pour l’égalité des droits, contre le racisme et le fascisme.Valls, poursuivi en justice par le MRAP pour « incitation à la haine raciale », s’acharne contre les Roms en détruisant systématiquement leurs lieux d’habitation, traque implacablement les sans-papiers, stigmatise la partie la plus défavorisée de la jeunesse des quartiers populaires, provoque les musulmans, particulièrement les femmes portant le voile, et cautionne presque la légitime défense (l’affaire du bijoutier de Nice). Il reste le plus efficace pourvoyeur de votes pour l’extrême droite, par une surenchère démagogique et un « tout répressif » digne de ses prédécesseurs.Loin de ramener les électeurs égarés au bercail, cette politique cynique ne fait au contraire que valider la célèbre formule de Jean-Marie Le Pen « les gens préféreront toujours l’original à la copie »...

Engager la contre-offensiveFace au danger que représente la montée en puissance d’un parti raciste, xénophobe, nationaliste, sexiste, homophobe, dont la direction politique reste fasciste, il n’est plus temps d’attendre ou de tergiverser, mais d’organiser la contre-offensive. En premier lieu en redonnant confiance en leur force collective à celles et à ceux, et ils sont nombreux, qui refusent l’idéologie de haine et d’exclusion véhiculée par le Front national et ses satellites. C’était le sens de la manifestation de riposte à la tenue de l’université d’été du F-Haine à Marseille il y a un mois. C’est le sens que donnent à leur action les collectifs antifascistes qui se sont créés ou renforcés depuis cet été, notamment par l’adhésion de nombreux jeunes choqués par l’assassinat de Clément Méric et bien décidés à s’affronter à cet ennemi mortel pour la classe ouvrière et notre camp social. Brignoles est un nouvel avertissement, espérons un choc salutaire, pour engager la contre-offensive. Tous les anticapitalistes doivent s’y employer, et participer à la construction de cadres unitaires et permanents, locaux et nationaux, contre l’extrême droite. Cette situation nécessite aussi la clarté politique : la lutte contre la montée de l’extrême droite et des idées réactionnaires est indissociable de la lutte contre ce gouvernement et sa politique qui sème le désespoir et le désarroi, dont la démagogie de Marine Le Pen et de ses acolytes se nourrissent.Il est plus que temps, mais il est encore temps. No pasaran !

Simon Gorri