Publié le Mardi 2 juillet 2013 à 13h03.

Le fil d'actualité Egypte, 18h Et maintenant les grèves ouvrières

Dimanche 30 juin a eu lieu une manifestation historique contre le gouvernement et la présidence de Mohamed Morsi. Après avoir récolté plus de 22 millions de signatures, une pétition contre le gouvernement actuel appelait à une manifestation le dimanche 30 juin. Lundi 1er juillet alors que le mouvement Tamarod, à l'initiative de la pétition a fixé un ultimatum au gouvernement et à Morsi, quitter le pouvoir avant mardi 2 jullet. Morsi est enfin tombé, mercredi vers 21h00, même si la nouvelle embrase le coeur des égyptiens nous entrons dans la phase la plus compliquée de cette révolution, puisque les militaires tentent par leur feuille de route de canaliser et stopper le mouvement des masses.

Égypte, 4 juillet, 18 H 00: et maintenant les grèves ouvrières ?Ça a été la fête tout la nuit. Toute l’Égypte était dans la rue, fêtant sa deuxième révolution en deux ans dans un vacarme assourdissant. Et ceux qui n'y étaient pas, finissaient par y aller, n'arrivant pas à dormir,  tellement le bruit était considérable et l'émotion intense. Car ce n'est pas seulement qu'une dictature extérieure aux corps, policière ou militaire, qui tombe, mais aussi une dictature dans les têtes, une police des mœurs et des esprits, celle des Frères Musulmans.  On ne mesure pas encore l'immense importance pour l'avenir qu'à, pour la première fois dans l'histoire, d'une part une participation de 30 à 40% des adultes d'un pays à une révolution et, d'autre part le renversement d'une dictature islamiste par une révolution populaire.  C'est une libération mentale qui ne peut qu'en annoncer d'autres.  Sissi, le nouvel homme fort de l'armée et du nouveau régime, l'a bien compris en tenant, lors de sa déclaration de la chute de Morsi, à s'entourer du Sheikh d'Al Ahzar et du pape des coptes,  pour tenter de faire croire, à la manière Coué, à la continuité de l'alliance du sabre et du "goupillon"tout comme du représentant du FSN pour montrer un semblant d'unité du peuple derrière le nouveau pouvoir. Cette apparence n'était pas une démonstration de force mais un aveu de faiblesse.Car on a vu des choses incroyables ces derniers jours. Les dizaines de millions dans la rue, tout le monde l'a vu. Mais ce qui s'est moins vu et qui illustre cette volonté farouche à se libérer de toutes les prisons, y compris mentales, c'est la participation massive et inouïe des femmes et des enfants qui  se sont investi à fond dans cette révolution, y ayant tellement plus à gagner. Ils formaient au moins la moitié des participants aux manifestations et certainement parmi les plus déterminés. C'est en Haute Égypte, la région la plus attardée du pays, celle qui subit le plus l'oppression des préjugés religieux, là où dominaient non seulement les Frères Musulmans et les religieux coptes mais aussi les terroristes de la Jamaa Al-Islamiya, c'est là où on a vu les plus grandes transformations, le plus grand courage. Non seulement des manifestations où il y avait 5 à 10 fois plus de participation que lors de la chute de Moubarak, mais des manifestations où plus qu'ailleurs on savait qu'on risquait la mort, tellement les menaces d'un bain de sang de la part du pouvoir ont été nombreuses et explicites, et où plus qu'ailleurs, il fallait un courage inimaginable pour soulever tout ce qui opprimait le peuple. Et c'est là où on a vu des femmes en nikab ( entièrement voilées) manifester en groupe en hurlant " A bas le guide suprême " ( des Frères Musulmans). On n'est peut-être pas loin du geste de Hoda Sharaoui, qui, lors de la révolution égyptienne de 1919, était montée sur une caisse à savon et, en pleine place publique, avait arraché démonstrativement son voile, pour faire alors du mouvement féministe arabe  - avec celui d'Iran - un des premiers du monde à ce moment, pour devenir personnellement après ça, une des leaders internationaux du mouvement féministe arabe et mondial et rédiger la part qui concerne les femmes dans la constitution turque de Mustafa Kemal, une des plus avancées du monde avec celle de la Russie à cette époque. Infiniment plus en tous cas que celle de la France des ces années où on condamnait encore à mort une femme pour avortement. Voilà ce que signifie, ce que porte pour l'avenir ce qui est en train de se faire en Égypte.Et cela s'est vu dans tout le Moyen Orient. Qu'on imagine l'impact social et sociétal en Arabie Saoudite, au Qatar, au Yemen ou en Iran... Les réseaux sociaux de cette région, du Maroc au Barhein, vibrent de ce qui vient de se passer. Il faut faire comme les égyptiens et les égyptiennes...Les égyptiens savent l'impact de ce qu'ils viennent de faire. C'est aussi pour ça qu'ils crient leur joie et leur fierté. Ça va bien au delà de la chute d'un tyran. Ils viennent de faire tomber le gendarme qu'il y avait dans leur tête. Ils ont appris hier à ne plus avoir peur en faisant tomber Moubarak. Aujourd'hui, ils se débarrassent des autres oppressions qui les étouffaient. Bien sûr, il y a eu les 91 agressions sexuelles sur ces derniers 4 jours, place Tahrir, dont cette presse qui hait le peuple en révolution, ne cesse de faire ses choux gras derrière les Frères Musulmans qui appelaient cette place, "place du harcèlement" pour dire aux femmes qu'elles ne devaient pas y aller, rester à la maison, pas faire de politique. Mais les femmes y sont allé, massivement. Bien sûr, c'est 91 agressions de trop, mais dans ce pays où l'intégrisme religieux transforme les hommes en obsédés sexuels, c'est partout que ces agressions font partie du quotidien, dans les bus, le métro, la rue... et en bien plus grand nombre. Les femmes ont eu mille fois raison d'y aller, pour qu'il n'y ait plus jamais ces agressions, pour libérer les égyptiens en se libérant, en prenant leur vie en main. Et les organisations féministes égyptiennes ont eu aussi bien raison d'y appeler tout en demandant aux femmes de s'armer de ces quasi couteaux que sont les aiguilles à matelas. Parions que demain la vie familiale, la vie sociale vont être différentes.On a vu aussi de nombreuses pancartes "Frères tunisiens, écoutez-nous" qui, comme le disait l'écrivain Khaled Al-Khamissi à leur sujet, est un message au peuple tunisien mais aussi à tous les peuples arabes opprimés... Et plus loin, car on a en effet vu une démocratie de la rue et des places supérieure à celle des bulletins de vote. Ce qui fait enrager tous les dirigeants occidentaux et les médias à leurs soldes, et peut tout à fait relancer tous les "indignés", de l'Espagne aux USA, puisque déjà ceux de la Puerta del Sol s'étaient directement inspirés de Tahrir 2011. Quel effet aura Tahrir 2013, au moment ou de Taksim à Rio, d'Athènes à Sofia, de Santiago à Lisbonne, les peuples secouent ce qui les écrase et cherchent les chemins de leur émancipation ?C'est pourquoi ceux qui disaient que la révolution égyptienne était morte étouffée par l'hiver islamiste, sont aussi ceux qui disent aujourd'hui que ce n'est qu'un coup d’État militaire (pour voir ce que je pense de cet aspect, "Un coup d'Etat dans la révolution", publié hier 3 juillet, en fil d'actualité sur le site de TEAN), sont aussi ceux qui se se rangent  maintenant  aux côtés de la légitimité électorale des Frères Musulmans et des terroristes de la Jamaa Al-Islmiya, sont encore de ceux qui appuient la dénonciation de la barbarie sexuelle place Tahrir, car il n'y a rien qu'ils ne haïssent plus , ou ne craignent plus, qu'un peuple qui  commence à s'émanciper. Au cas où ça serve d'exemple.On a vu l'incroyable, des médecins, avocats ou magistrats embrasser des hommes et femmes sortis des bidonvilles, car là aussi, c'est remarquable, ces manifestations populaires étaient encore plus qu'en janvier 2011, des manifestations d'en bas, des quartiers pauvres et des ouvriers. On ne peut imaginer 30 à 40 millions d'adultes dans la rue dans un pays de 85 millions d'habitants sans comprendre que c'étaient majoritairement des "prolétaires" qui prolongeaient de manière politique ce qu'ils tentaient d'obtenir de manière sociale les mois qui précédaient ce soulèvement en se faisant battre chacun dans leur coin . Car, et c'est le plus important,  il y aurait eu, selon des militants d'extrême gauche égyptiens, des appels à des grèves qui devraient être organisées dés aujourd'hui jeudi, dans les trains, les bus, les cimenteries et sur le canal de Suez, à l'appel de militants syndicalistes de ces secteurs, pour préparer une grève générale.  On ne peut pas s'empêcher de penser - en changeant ce qu'il faut changer - à l'état d'esprit qui a présidé au déclenchement de juin 36. Les travailleurs français s'étaient mis en grève au lendemain de l'élection du Front Populaire mais avant que celui-ci ne soit réellement mis en place, un mois après. Ils étaient infiniment heureux de ce succès, ils l'ont montré, mais en même temps, ils voulaient des changements tout de suite et se méfiaient suffisamment du nouveau pouvoir  pour se dire qu'il fallait qu'ils s'y mettent eux-mêmes sans attendre, s'ils ne voulaient pas qu'on les oublie, eux et leurs revendications. On verra dans les jours ou semaines qui viennent si les appels à la grève seront suivi d'effet et s'ils iront jusqu'à la grève générale. Mais c'est une possibilité très réelle. Il faut se souvenir que les grèves avaient déjà éclaté en nombre important juste après l'élection/nomination de Morsi en juin 2012 parce que les travailleurs voulaient tester sa volonté de tenir ses promesses et lui dire que ça pressait. Aujourd'hui ça presse encore plus. La majorité des hommes et femmes qui se sont soulevés, était là parce qu'elle a faim (40% des égyptiens vivent avec moins d'un dollar par jour), parce qu'elle n'en peut plus de la misère, du chômage, des coupures d'électricité (parfois 8 H par jour), d'eau, des hausses des prix, de la pénurie de pain, d'essence et de gaz pour circuler, cuire ses aliments, des menaces de suppression des subventions publiques aux produits de première nécessité. Et ça presse tellement depuis le début de l'année 2013 que l’Égypte a battu tous les records historiques mondiaux, en nombre de grèves et protestations, dans les usines et les quartiers, et surtout en mars, avril et mai (respectivement 1354, 1462 et  1300). La participation massive de ces 4 derniers jours traduit aussi cette participation massive aux luttes sociales ces derniers mois.On a vu enfin des  "comités populaires" spontanés, prendre en main la sécurité de ces millions d'hommes en mouvement, la sonorisation, l'alimentation, la circulation, l'hygiène ( le problème des toilettes n'est pas le moindre quand des millions d'hommes restent des journées entières dans la rue). Des "comités populaires" qui continuent les tentatives d'auto organisation faites en février et mars 2013 à Port Saïd, Mahalla et Kafr el Sheikh où les habitants ont pris en main, symboliquement ou quelques jours, la police, l'éducation ou tout simplement la vie municipale.  Des "comités populaires" où des dizaines de milliers d'hommes, infiniment plus qu'en 2011, et notamment des milieux populaires, font une expérience qu'ils n'oublieront pas de sitôt, surtout dans la situation sociale qui vient.Alors la joie de la victoire, la fierté, la libération mentale, les débuts d'auto-organisation, l'avalanche de mouvements sociaux, l'urgence et la méfiance à l'égard de ceux du dessus, en particulier l'armée dont beaucoup se méfient car ils se souviennent de son passage au pouvoir de février 2011 à juin 2012, tout cela forme peu à peu une conscience collective qui devrait rapidement montrer ses exigences politiques et pratiques d'ici peu, pour passer d'une deuxième révolution politique à la construction d'une révolution sociale, la seule à être vraiment démocratique jusqu'au bout et pour tous.Jacques Chastaing

Egypte, 3 juillet, 21 h: Morsi est tombéDéclaration de l'armée par la bouche du général Sissi en présence du Sheikh d'Al Ahzar, du pape des coptes, de El Baradei du FSN et quelques autres: Morsi est tombé remplacé par un gouvernement technocratique mis en place par la haute Cour Constitutionnelle, sous l'autorité de l'armée,  jusqu'à ce qu'un gouvernement de coalition nationale soit constitué,  la constitution islamiste est suspendue, tenue d'élections présidentielles anticipées, mesures pour intégrer les mouvements de jeunesse à l'autorité, commission pour réviser la constitution. Ensuite parlent le sheikh d'Al Ahzar et le pape des coptes qui confirment et parlent d'unité du peuple, etc.Immense, immense, immense explosion de joie, partout, les gens chantent, crient, parlent, s'embrassent,  dans la rue, les cafés, le métro, les bus, hurlements de joie, concerts de klaxons, applaudissements, youyous , feux d'artifice, tout le monde descend  dans la rue. Immense fierté. Les gens crient"Tenez la tête haute, nous sommes égyptiens", "le peuple a fait tomber le régime". Des gens commencent à dire "libérez les prisonniers", la révolution continue...L'armée a informé Morsi à 17 h 00 qu'il n'était plus présidentLe guide suprême des Frère Musulmans a été stoppé à la frontière lybienne alors qu'il essayait de passerMisr 25, la TV des Frères Musulmans n'émet plus. On entend des coups de feu vers Rabaa où sont les Frères Musulmans.Les Frères Musulmans dans les rues sont consternés et affolés, mais la plus grande terreur doit être en Tunisie, Lybie, Arabie Saoudite, Qatar, etc, etcLa révolution ne fait que commencer

Egypte, 3 juillet, 20 h 15 : coup d’État dans la révolution

Le but de ce coup d'Etat, en renversant Morsi, n'est pas d'affronter la révolution, la briser mais plutôt la contenir, la freiner, l'empêcher d'aller jusqu'au bout de ce qu'elle porte. L'armée avait déjà fait la même chose  en février 2011 lorsqu'elle avait lâché Moubarak au moment où il y avait eu des appels à la grève générale et que tout montrait qu'ils commençaient à être suivis. En lâchant l'accessoire, Moubarak, l'armée préservait l'essentiel, la propriété des possédants. Elle recommence aujourd'hui la même chose. La contestation permanente ne cesse pas en Egypte depuis plus de deux ans, qui s'amplifie depuis décembre 2012 et qui est quasi non stop depuis cette date, avec une extension considérable des conflits sociaux puisque des records historiques mondiaux de grèves et de protestations sociales marquent l'Egypte depuis le début de l'année. Or ces mouvement sociaux ont trouvé une cristallisation politique extraordinaire au travers la campagne Tamarod qui arrivait non seulement à obtenir 22 millions de signatures contre Morsi mais mobiliser des millions et des millions d'égyptiens dans les rues pour exiger la chute de Morsi.  Il n'était pas difficile de comprendre que si la rue faisait tomber Morsi, c'était la porte ouverte à un déferlement de revendications sociales et économiques qui  allaient s'attaquer aux riches, aux possédants,  à la propriété et donc aussi à l'armée puisque c'est le plus grand des propriétaires en Egypte, aussi bien dans le domaine industriel qu'agricole ou commercial. Il lui fallait éviter cela. Évidemment elle aurait pu s'en prendre directement au mouvement social et faire front avec les Frères Musulmans et accessoirement le FSN contre la révolution en marche. Le problème pour elle c'est qu'elle ne le pouvait pas.  Elle avait déjà tenté un coup d'Etat contre la révolution en juin 2012, fait quelques pas dans ce sens mais avait finalement reculé, devant la mobilisation populaire, quelle avait  d'autant plus craint à l'époque, qu'après et malgré deux ans de répression féroce ( plus de 11000 condamnations de militants par des tribunaux militaires, des tortures, une répression féroce) le mouvement social était plus vivant que jamais, n'avait pas peur alors et  surtout que ses propres soldats paraissaient moins sûrs que jamais. Il y avait eu des révoltes à la base de l'armée et de la police, on avait vu des officiers manifester avec les révolutionnaires. La direction de l'armée avait alors craint que son appareil militaire ne se dissolve dans cette épreuve. C'est pour ça qu'ils avaient finalement confié le pouvoir aux Frères Musulmans qui paraissaient les seuls à avoir un appareil ( 2 millions d'adhérents) et une idéologie influente, la religion, pour endiguer cette révolution qui ne cessait pas.Or là, en juin 2013, elle se trouvait dans une situation encore pire. Les Frères Musulmans ont perdu toute leur influence, le poison religieux ne marche plus ou moins,  et le mouvement révolutionnaire était bien plus fort qu'en janvier 2011, infiniment plus nombreux dans les manifestations, sur un fond de luttes sociales bien plus importantes qu'en janvier 2011 et beaucoup plus expérimenté avec de nombreux militants qu'il n'avait pas en 2011.  S'opposer au mouvement aurait voulu dire perdre probablement l'armée qui se serait disloquée, seul rempart entre la révolution et la propriété. Car le FSN ne pèse d'aucun poids réel même s'il a fait preuve de bonne volonté contre la révolution plusieurs fois.L'armée a donc préféré ne pas affronter la révolution, mais tenté d'en détourner le cours, momentanément.Bien sûr, on peut se demander pourquoi le mouvement révolutionnaire a accepter cette collaboration momentanée de l'armée à leur cause alors qu'ils sont très nombreux à savoir qu'on ne peut pas faire confiance à l'armée pour l'avoir connue, à travers ses prisons, ses tortures et ses mille violences ? Tout simplement parce que si le mouvement est très fort, leur conscience l'est un peu moins, même si elle grandit. Non pas qu'ils ne sachent pas quel peut-être le danger d'un coup d'Etat militaire à ce moment, mais parce qu'ils ne savent tout simplement pas bien encore ce qu'ils veulent et quoi faire, quels objectifs avoir. Il est significatif que ce soient des démocrates, révolutionnaires certes, mais démocrates surtout, qui ne jurent donc que par les bulletins de vote et la démocratie représentative, qui se soient trouvés à la tête de ce mouvement avec le seul objectif d'organiser de nouvelles élections présidentielles mais qui ne veulent en aucun cas se faire les représentants des revendications sociales des plus pauvres, même pas de leur antilibéralisme et encore moins de leur anticapitalisme. La faiblesse du mouvement était donc ses chefs ou plus exactement, sa conscience,  ce qu'il a en tête qui fait qu'il ait accepté d'avoir de tels chefs.Dans cette situation, on verra donc l'armée tenter de reprendre des positions, grignoter à nouveau les libertés, réprimer, comme elle l'avait fait après la chute de Moubarak, mais elle aura beaucoup plus de mal pour le faire qu'il y a deux ans, parce que le mouvement est infiniment plus fort et plus expérimenté, et averti de ce qu'est l'armée. Et que cette dernière n'aura plus à ses côtés son ami/rival qu'est la confrérie des Frères Musulmans pour tromper les gens. Enfin la situation sociale est lamentable, l'économie à deux doigts de s'effondrer et c'est pour cela que la majeure partie des gens étaient dans la rue. Or l'armée n'a pas de réponse et est en plus un grand propriétaire ultra riche, bref la cible de beaucoup des luttes sociales. Et ce n'est pas le FSN s'il est admis au gouvernement qui pourra tromper longtemps les pauvres, n'ayant jamais eu une grande autorité auprès de la population et surtout des plus pauvres.L'avenir est à la révolution. Et pas qu'en Egypte comme on le voit avec la Turquie, le Brésil... Or c'est peut-être de la convergence de ces mouvements, de leurs encouragements réciproques, qu'ils pourront s'enrichir de ce qu'il y a de meilleur dans chacun d'eux , pour finalement avoir une conscience claire de ce qu'ils veulent, des objectifs qui font de la prochaine révolution une révolution clairement sociale et pas seulemnet démocratique.Il y a un nombre considérable de gens place Tahrir et Ittahidiya, mais aussi devant le palais Qubba et devant le siège de la garde présidentielle. Et ça arrive toujours d eplus en plus. Y aura-t-il plus de monde que les jours précédents ? C'est bien possible.

Egypte, 3 juillet, 18 h 45: Manifestations immenses, armée et Frères MusulmansVidéo à 16 h 00 Place Tahrir, des centaines de milliers rassemblés, à nouveau forte ambiance festive, le bruit est assourdissant.  Les gens chantent "le peuple a déjà renversé le régime"http://rt.com/on-air/opposition-rally-egypt-morsi/Les gens prennent les rues d'Alexandrie, Sharqiya, Menoufiya, Port Said, Damiette, Kafr el Sheikh, Mahalla, Tanta, Suez, Luxor, Mansoura, etc... Réapparition de comités populaires comme lors de la chute de Moubarak.Vers 16 h 30, les gens commencent  à s'assembler devant les palais présidentiels et devant l'immeuble de la garde présidentielle où serait Morsi , ambiance plus tendue qu'à Tahrir, comme si les manifestants attendaient le signal  de la déclaration promise par l'armée pour s'insurger.La police, les assassins, sur ordre du ministre de l'intérieur, le chef des assassins, donne de l'eau et des jus de fruits aux manifestants. Et aussi des portraits de Sissi !  Des gens les embrassent.A 16 h 30, les rues se sont vidées, tout le monde est devant sa télé et attend ce que va dire l'armée... Pour une fois les égyptiens sont ponctuels et 85 millions d'égyptiens plus ou moins en état mental de désobéissance civile retiennent leur souffle. Humour égyptien: l'armée est en retard pour son coup. Ou " le peuple et l'armée sont une seule main, mais l'armée est le doigt du milieu".Le gouverneur de Giza démissionne. 30 sénateurs démissionnentA 17 h 15, la rumeur à Tahrir que Morsi a été arrêté par l'armée, les gens hurlent leur joie, les dirigeants des Frères Musulmans et alliés interdits de quitter le paysPremière arrestation d'un journaliste par l'armée devant Maspéro parce qu'il prenait des photosA 18 h 00 les blindés et soldats s'ébranlent en très grand  nombre en direction des lieux de rassemblement des pro Morsi mais pas en direction des lieux de rassemblements des anti Morsi18 h 05, affrontements près de l'Université du Caire entre pro Morsi et anti Morsi au moment de l'arrivée des blindés de l'armée18 h 10, l'armée se déploie dans les rues de GizaLes jihadistes appellent à la lutte armée contre les les militaires si Morsi est renversé18 h 20, les blindés encerclent Rabaa al Adawiya où sont concentrés l'essentiel des pro Morsi18 h 25, l'armée tire en l'air pour disperser les Frères Musulmans18 h 30 affrontements à Damiette et Kafr el Sheikh entre anti et pro MorsiLe soulèvement populaire massif en Egypte secoue tous les régimes de la région, qui sont tous des dictatures islamistes ou militaires, et refait du peuple et de la révolution l'élément structurant global principal dans la région - et plus loin. Il bouscule l'équilibre politique et religieux de tout le  Moyen Orient et ses relations à l'occident au moins depuis que les grandes puissances occidentales se sont partagées la région en 1916.C'est pourquoi les médias occidentaux comme ses intellectuels se montrent si réticents à s'enthousiasmer pour cette révolution et mentent tant qu'ils peuvent. C'est pathétique !

Egypte, 3 juillet, 15 h 30: une heure avant la fin de l'ultimatum militaireLa place Tahrir est aux trois quart pleine, la foule continue à grandir, les gens chantent "ne soyez pas inquiets, il va partir". Ils sont un peu moins à Ittihadiya, palais Qubba et devant le siège de la Garde Présidentielle mais la foule grandit peu à peu. Des manifs parties de différents endroits s'approchent. Les gens semblent plus tendus qu'hier et seulement raisonnablement optimistes.Mahmoud Badr, principal membre de l'exécutif de Tamarod appelle les égyptiens à prendre les rues et bloquer le siège de la Garde Présidentielle, ce qui, selon lui, est forme d'ordre donné à l'armée pour aller dans les rues et protéger les manifestants. Il demande à la garde présidentielle d'arrêter Morsi ? Selon lui il s'agit d'un coup d'Etat populaire et non un coup d'Etat militaire. Bref, si je comprends bien, un peu comme De Gaulle en 1958 ? Déclaration du parti "Nous sommes le peuple d'Egypte"(?): "la démocratie n'est pas simplement des élections".Il faut retenir qu'il y a eu environ 30 à 40% des adultes d'Egypte dans la rue pendant 3 jours ( et peut-être plus ?) ce qui est un événement historique mondial et d'autre part aussi que la première fois de l'humanité ( si je ne me trompe pas) une révolution populaire chasse un pouvoir islamiste. Je ne sais pas quelles vont en être les conséquences pour la période. Mais elles seront sûrement très importantes.

L'armée dément avoir reçu El Baradei seul, elle l'a reçu, pour le FSN, avec un représentant des Frères Musulmans de, Tamarod, des salafistes de Al Nour, du Grand Sheikh d'Al-Azhar  et le Pape Tawadros. les Frères Musulmans auraient refusé. Tamarod avait refusé, puis dit oui, puis refusé puis y est allé.L'armée a fait évacuer le personnel de la télé d'Etat à Maspéro, laissant seulement les techniciens nécessairesUn représentant de Morsi déclare que si ce dernier meurt ce sera pour défendre la démocratie. Le Front pour la  défense des protestataires d'Egypte a compté 48 morts dans les affrontements du 2 juillet à Beyn Saryat, Faisel, Helwan, Kitkat au CaireUne manifestation d'anti Morsi est partie en direction du bâtiment de la Garde Présidentielle où on pense qu'il est caché. Mais déjà pas mal de manifestants là-bas où les gens scandent "le peuple et l'armée, une seule main"

Egypte, 3 juillet, 14 h 00: l'armée se positionneFin de l'ultimatum militaire dans 2 h 30.le FSN et Tamarod pressent l'armée d'intervenir. El Baradei supplie l'armée de sauver le peuple égyptien du fou Morsi. Après ça, ou avant, il a été reçu ( la rumeur dit avec le porte parole de Tamarod) avec le sheikh d'Al Azhar et le pape des coptes par Sissi, l'homme fort de l'armée. Pour Baradei qui lèche aussi bien le C... des militaires, ça vaut bien une place de premier ministre, non ?Tamarod appelle les égyptiens à occuper les rues en réponse au discours de Morsi mais propose aussi le président de la Haute cour constitutionnelle comme président par intérim, un nouveau gouvernement technocratique, une nouvelle constitution, et de nouvelles élections. Pas trace de pouvoir populaire. Il est vrai que c'était dans leur projet initial mais pas dans celui des hommes et des femmes qui se sont saisis de leur initiative. La révolution continue.Le gouvernorat d'Al Monofiya déclare la désobéissance civile pour protester contre le discours de Morsi. Après les affrontements de la nuit à Giza, les "comités populaires" (qui est-ce ?) organisent des barrages routiers à Giza et  fouillent les voitures, cherchant des Frères Musulmans.Des anti Morsi, près de l'Université du Caire (où il y a eu 16 morts cette nuit du fait des violences des Frères Musulmans), armés de bâtons arrêtent les bus d'islamistes (ceux qui sont venus d'ailleurs aux manifs pro Morsi en bus ?), les font descendre et mettent le feu aux bus. Une camionnette a été arrêtée suspectée de transporter des Frères Musulmans, ils ont été sortis et battus.Devant le palais Ittihadiya et les rues Al-Ahram et Al-Marghany le nombre de tentes grandit et leurs entrées barrées. Des membres de "Comités populaires" surveillent les entrées vers le lieu principal de manifestationDes militaires se massent à Nasr City (là où les Frères Musulmans tenaient leur principal rassemblement pro Morsi). Des hélicoptères dans le ciel. La police près de Tahrir. Il y a une ambiance de panique dans les ures du Caire au fur et à mesure que l'armée avance.Des chants de pro Morsi assez nombreux en marche vers Rabaa "'nous allons être des martyrs par millions". Autre manif pro Morsi près de l'Université du Caire.La Jamaa al-Islamya dément avoir demandé des élections anticipées. (En fait il semble y avoir maintenant deux Jamaa al-Islamiya)  Elle défend toujours la légitimité électorale de Morsi et la légitimité de la démocratie représentative des bulletins de vote. 

Egypte, 3 juillet, 12 H: la traque de Morsi commenceFêtes massives à nouveau toute la nuit.Les stars égyptiennes en étaient, Hussein Fahmi, Ahmed Helmi, Mona Zaki, Karim Abdel Aziz, Angham, Khaled Saleh, Khaled Al SaQuand Morsi faisait son discours, la foule rassemblée au palais Itthidiya criait "dégage", "dégage".L'humoriste égyptien Bassem Youssef a dit du dernier speech de Morsi que c'était un discours à la Néron: au moins 22 morts après son discours où il a implicitement poussé ses partisans à la guerre civile et à tuer les opposants à son régime au nom de la Sharia. L'armée pourra intervenir en argumentant qu'elle vient pour sauver les gens et en gagnant la guerre de la sympathie publique. Déclaration du CSFA ( l'armée) cette nuit: nous allons donner notre sang pour libérer l'Egypte de ses terroristes. Mais c'est loin d'être dit que les gens laissent l'armée utiliser cela pour assoir sa dictature. Les employés des bureaux gouvernementaux sont en grève et les bloquent. La machine de l'Etat s'enraye. Il y a des appels de dirigeants de Tamarod sur internet pour aller à 16 h devant les bâtiments de la Garde présidentielle à Salah Salem pour que ce soit le peuple lui-même qui arrête Morsi. Des tentes commencent à se monter. Une question d'un manifestant : "Est-ce que l'armée allemande a arrêté Hitler avant la seconde guerre mondiale ?" Un graffiti sur le mur du palais présidentiel: "La légitimité de vos urnes électorales est annulée par les cercueils de nos martyrs". L'armée en a beaucoup sur la conscience...Les sièges du PJL ( Frères Musulmans) ont été brulés à Ismaïliya et à BanhaMohamed Al-Beltagy, le secrétaire général du Parti de la Justice et de la Liberté (Frères Musulmans) a déclaré qu'était venu le temps des martyrs.A la cité du 6 octobre au Caire, cete nuit, après que les islamistes aient tiré sur les manifestants anti Morsi et que ces derniers aient riposté, avec des affrontements violents et des tirs toute la nuit ( les gens dans les immeubles autour n'ont pas dormi) les islamistes se sont réfugié dans la mosquée Hosari en en faisant un bunkerMinistère de la santé, pour cette nuit, 23 morts et 600 blessésLe Koweit demande à ses ressortissants de quitter l'EgypteDes gens ont remarqué la déclaration de Tariq Ramadan (petit fils du fondateur des Frères Musulmans): "la situation est explosive. Morsi devrait démissionner et négocier une large alliance nationale de transition,et éviter un bain de sang"Un des leaders des Frères Musulmans le Sheikh Mohammed Abdullah vient d'être arrêté par la police. Les avoirs des leaders des Frères Musulmans seraient gelés, eux mêmes assignés à résidenceLes véhicules de l'armée commencent à prendre position ici ou la13 ministres ont démissionné.Le dirigeant de la Jamaa al Islamiya, Tarek Zomor, principal soutien de Morsi, appelle lui aussi a des élections présidentielles anticipées. Après ou avant avoir encore massacré quelques personnes ? Le bateau sombre, les rats quittent le navireCi dessous, es impressions des journalistes du "Progrès égyptien", quotidien égyptien en langue française, assez réac. Un peu  comme des impressions de journalistes du Figaro...A l’heure de toutes les incertitudes Mercredi , Juillet 3, 2013 

La nuit tomba sur les manifestants dans les rues, qui, à partir d’une grande liesse, sont sorties par millions pour exprimer leur grande joie après le dernier communiqué de l’Armée, qui accorda 48 heures d’ultimatum  à la présidence pour satisfaire les revendications du peuple… A l’heure de toutes les incertitudes, la question reste ouverte, notamment après les points presse diffusés par la présidence et par le Front salafiste et qui laissent entendre que le communiqué de l’Armée «contenait des signes pouvant causer la confusion». Joies, craintes, incertitudes et confusion... toutes sont mêlées. En revenant des places et des différents lieux où se rassemblaient les manifestants anti-Morsi, on sentait un feu flamber de nos yeux. Non.. pas ce feu qui brûle, disons plutôt la lumière. Des lueurs  indescriptibles nous croisaient partout. Nous avons vu tant de visages, tant de sourires, tant de regards et tant de couleurs !! Les «brouhahas» des appels, résonnent encore dans nos oreilles. Quel nom peut-on donner à ce spectacle fort impressionnant et touchant ? Une liesse ? Une explosion de joie... ? En regardant ce peuple, nous nous rendons compte que quelque chose de profondément radical l’a transformé à jamais. En tentant de sonder les réactions après le communiqué des Forces Armées, ces gens n’avaient pas de réserve face à notre curiosité. C’est bizarre comment le peuple s’éveille si vite de sa torpeur et de sa confusion… Images impressionnantes ! Et témoignages de Tahrir, Ittihadiya, Défense et Alexandrie.Par Névine Ahmed, Dalia Hamam et Chaïmaa Abdel-Illah

Egypte, 3 juillet, 7 h 15: La révolution toujoursDes millions de gens ont discuté pendant trois jours de quel monde ils voulaient. Tout le monde veut se faire une idée, c'est quoi le capitalisme, le libéralisme, le socialisme, l'athéisme... ? Qu'est-ce qui se passe en Turquie, au Brésil... ? Qu'on imagine: des conducteurs de bus s'arrêtent pour prendre des gens qui veulent aller aux manifestations et les y emmènent. On ne paye pas. Parfois ils s'arrêtent tout simplement pour prendre un tract à un manifestant. Et tout le bus descend pour prendre les tracts, des journaux, puis remonte... On voit des femmes en niqab, hijab, cheveux libres et tout le monde discute ensemble, tranquillement, libres et heureux. Des femmes en niqab qui crient "à bas les Frères Musulmans", qui brandissent tout à la fois le coran et une croix. Des élèves de la prestigieuse université islamiste Al Ahzar, qui crient "A bas les Frères musulmans, les faux musulmans". Des médecins, avocats, enseignants discutent avec des supporters ultra, des gens des bidonvilles. Des vieux discutent avec des enfants. Nous sommes tous des hommes.  Déjà en 2011, place Tahrir, c'était ça, mais là, c'est à la puissance dix. Ce n'est pas une forte minorité agissante qu'on regarde à la télé, c'est le peuple entier qui agit, qui porte en lui la place Tahrir, dans sa tête et son cœur. On ne la regarde pas, on la vit. Une révolution mentale. Ce sera indéracinable pour longtemps. Les gens ne défendent pas la démocratie, ils l'exercent.Il y a sûrement des partisans de Moubarak mais on ne voit aucun portrait. On voit parfois des portraits de Nasser. Tous les journaux qui soutiennent le mouvement, ceux des Socialistes Révolutionnaires..., se vendent comme des petits pains. Plus personne n'a d'argent, mais pour ça, oui. L'homme ne vit pas que de pain. C'est une révolution.Ils ont été quelques-uns à croire à la campagne de signatures anti Morsi Tamarod (Rébellion), ils sont devenus 30 000 à aller partout, dans les cités et les villages, ne restant pas confinés dans leurs milieux. Ils ont eu 22 millions de signatures enlevant toute légitimité à Morsi, faisant que la démocratie de la rue est plus forte que la démocratie des bulletins de vote.Il n'y a pas une,mais de multiples manifestations convergentes dans chaque ville. Dans les quartiers populaires les gens crient et chantent pour la justice sociale, un salaire minimum convenable et aussi un salaire maximum pour les riches. Il y a des gens qui crient pour l'armée, mais ça arrive souvent qu'on leur demande de se taire en disant "on ne chante pour personne sauf pour le peuple". Au Caire, une des manifestations des anti Morsi mais aussi anti militaires, passe dans les rues d'un quartier populaire: elle scande des slogans sur le pain et la justice sociale. Aussitôt les gens applaudissent des balcons, descendent dans la rue et viennent grossir leur cortège. On choisit sa manif.Pendant ce temps, hier soir, Morsi a fait un discours télévisé où il n'a rien cédé et refusé de partir, avec le même baratin: il a été élu, légitimité de la démocratie électorale, supériorité des bulletins de vote sur le chaos de la rue et le coup d'Etat militaire. Les télés islamistes  sèment la peur et la haine chez ceux qui les suivent. Ils font croire par exemple, en boucle, que se prépare un immense massacre d'islamistes par des voyous payés par la police.Il y a eu des affrontements toute l a nuit entre pro et anti Morsi en marge des grandes manifs. Il y aurait eu une vingtaine de morts dans ceux près de l'Université du Caire, d'autres à Giza, sur la place Kit Kat, 6 Octobre, Bein Al Sarayat... A Hurghasa.  A l'Université du Caire, des snipers islamistes tirent sur la foule depuis les toits.   Ça ressemble à un suicide politique. Quasi aucune présence de la police et de l'armée. Ils sont arrivé à l'Université du Caire vers 5 h du matin. Le ministère de l'intérieur a ordonné l'arrestation d'un certain nombre de leaders islamistes parmi les plus  violentsYoury Nasrallah écrit :Nous ne sommes pas une opposition contre un gouvernement, nous sommes un peuple contre des terroristes et leur porte-parole . Les grands manifs sont en train de faire leurs services d'ordre pour se protéger.  Tamarod a demandé à la Garde Présidentielle d'arrêter Morsi , pas au  peuple...Tahrir laser show toute la nuit. En live http://moftasa.net/node/2823

Egypte, 2 juillet, 23 h: Good morning RevolutionFoules anti Morsi immenses partout. Les trois places où étaient appelé les égyptiens par Tamarod sont archi pleines. C'est toujours la fête. Feux d'artifice et immenses lettres lumineuses sur des immeubles place Tahrir avec écrit "Dégage" ou d'autres choses comme l'alliance de la croix et du croissant. Musique, chants, danses,  les égyptiens sont heureux. Le pouvoir, pour le moment, c'est eux, ni l'armée ni les Frères Musulmans. Et c'est un monde heureux, de respect des autres, de fraternité et de solidarité où la ségrégation entre les sexes et les religions, les âges et les milieux, n'existe plus. Je me demande s'il n'y a pas encore plus de monde dans les rues que les jours précédents, surtout en province et en particulier dans les petites villes . Les choses ont beaucoup changé en deux ans à la campagne, en particulier en Haute Egypte, la plus attardée politiquement, et là où il y a eu certainement le plus de transformations. Beaucoup ont été souvent aux manifestations à Tahrir et sont revenus avec cette expérience. Aujourd'hui, ils animent celles des provinces jusque dans les villages.Ces manifestations ne sont pas indépendantes de la contestation économique. A la grande usine textile de Mahalla, il y aurait eu la semaine dernière plus de 200 débrayages. Et regardez  ci-dessous la manif à Mahalla ce soir, la plus grande ville industrielle d'Egypte, 500 000 mille habitants, une véritable marée humaine, une immense manifestation ouvrière.Il y a plus d'affrontements violents que hier mais toujours en marge des grandes manifestations.

Il y en a eu dans les quartiers du Caire, à Imbaba , Dokki, Kit et Kat, Ben El Sarayat,  université du Caire, 6 octobre, à Giza, à Minya où les affrontements auraient été les plus violents...Il faut dire que les télés islamistes multiplient par cent ou plus les chiffres de participation à leurs manifs, ainsi à Rabbaa, où il y a eu une manif de 10 à 40 000 personnes, cela donne à la télé une manif de 4 millions. Ils donnent les noms et les adresses de leurs ennemis comme s'ils les désignaient à la mort. Les Frères Musulmans tiennent un langage de haine et de guerre civile,  tout le contraire de ce qu'on voit dans les manifs anti Morsi. Ils ont déclaré la guerre. Les manifestants islamistes sont armés de pistolets mitrailleurs, revolvers, sabres et couteaux et n'hésitent pas à tirer dans le tas. Quand ils sont attaqués, les anti Morsi ripostent comme près de l'université du Caire, où ils ripostent à l'arme automatique 

Egypte, 2 juillet, 21 h: ce n'est qu'un début...La foule des anti Morsi continue à croitre partout. Ambiance toujours festive et familiale. La moitié de la foule, au moins, est composée de femmes et d'enfants. Grande fierté des femmes présentes.A 21 h, on notait un certain nombre d'affrontements au Caire en dehors des trois lieux principaux des rassemblements anti Morsi, mais près des rassemblements pro Morsi. Toutefois pas grand chose par rapport à la foule dans les rues, et pas assez pour justifier une intervention immédiate de l'armée pour éviter le bain de sang. Le général Sissi, a en effet demandé à Morsi de démissionner pour sauver des vies. On voit sous quel axe politique l'armée veut intervenir. Le personnel de l'ambassade américaine commence à être évacué.Channel 1, télé d'Etat, vient de changer de camp. Ils ne passent plus que des vidéo, photos, témoignages anti Morsi, hier c'était le contraire. C'est fait comment le cerveau d'un journaliste ? Ceci dit, il y a des bons journalistes. Un des meilleurs et plus courageux journaliste égyptien, Hani Shukrallah, démocrate révolutionnaire mais sincère et honnête, vient probablement d'être réintégré dans le journal qu'il dirigeait et dont il avait été viré par les Frères Musulmans en février 2013 en signant un article dans ce journal, Al Ahram online ( pour ceux qui veulent lire ce qu'il écrit, en anglais http://english.ahram.org.eg/NewsContentP/4/75509/Opinion/Something-in-the-soul.aspx) . Al Ahram online qui était donc dirigé depuis février 2013 par un sympathisant des Frères Musulmans sent-il le vent tourner ? Des dirigeants des Frères Musulmans appellent toujours à résister jusqu'à sacrifier sa vie. Non pas qu'ils croient qu'ils peuvent enrayer le mouvement actuel, mais préparent certainement à travers leurs prises de position, la suite pour l'organisation des Frères Musulmans lorsqu'ils seront dans l'opposition. Il y a un peu plus de monde dans les manifs pro Morsi toutefois elles sont insignifiantes par rapport aux anti Morsi.

Egypte, 2 juillet, 19 h 00: révolution acte IIFoule énorme dans les rues du Caire et des villes d'Egypte. Ce qui montre que les égyptiens n'attendent pas que l'armée fasse le boulot à sa place, ou passe un compromis avec Morsi, contrairement à ce que dit la correspondante de France Info au Caire qui prend ses souhaits pour la réalité. Ambiance toujours très festive. Le slogan dominant aujourd'hui "il partira, nous resterons". Des chants contre la mère de Morsi. Ah si elle avait connu l'avortement My god ! Bref la foule se libère. Absence de manifs importantes des Frères Musulmans sauf place Rabea al-Adaweya ( le Caire) mais iln'y a aucune commune mesure avec les anti Morsi. Ils semblent avoir disparu. Le navire coule.Le mouvement du 6 avril (démocrate révolutionnaire) demande des élections avant trois mois. Il semble y avoir du flou à la tête de Tamarod et du Front du 30 juin qui avaient appelé à la désobéissance civile et qui viennent il y a quelques instants de rejeter l'idée d'un projet de référendum de Morsi, par contre  certains à leurs têtes parlent maintenant d'élections. Et d'autres ont dit qu'ils iraient à la réunion de préparation de la feuille de route de l'après Morsi organisée par l'armée et notamment la suite électorale avec les autres partis d'opposition, gouvernement technocratique de transition, présidence du chef de la Haute Cour Constitutionnelle et tutti quanti...ils se font même représenter par Baradei, le type du politicard, bien qu'ils aient dit qu'ils n'iraient pas hier. Ah le crétinisme électoral ! Le mouvement continuera sans eux.Pur voir les images en direct sur les chaines TV satellitaireshttp://www.acus.org/egyptsource/live-stream-egypts-satellite-channels?utm_source=buffer&utm_campaign=Buffer&utm_content=buffer555c6&utm_medium=twitter

Egypte, 2 juillet, 15 h 30 : le peuple accepte le soutien de l'armée mais ne veut pas d'un gouvernement militaireUne heure trente avant la fin de l'ultimatum populaire, les gens continuent à s'amasser place Tahrir et devant le palais Qubbal. Première tente érigée devant le palais. Quatre portes du palais sont bloquées (sauf que Morsi serait ailleurs. Quand on dit deux jours à l'avance qu'on va traquer la bête dans sa tanière, c'est sûr qu'elle cherche une autre cachette. Qubal, dérivatif ? ).C'est la débandade chez les Frères Musulmans. Le procureur général d'Egypte vient de déclarer qu'il a démissionné il y a quatre jours, mais que Morsi n'a pas voulu. Le pauvre ! Trois nouveaux ministres viennent de démissionner, pétrole, finance et du plan. Les bus pour aller à l'aéroport sont archi bondés. Le cabinet du premier ministre Qandil vient une troisième fois d'annoncer sa démission globale. Le ministre de la Justice dément. Ce doit être le seul qui reste. Même chez les rois, ça ne va plus, la princesse Fawzia est morte ce matin. A ces démissions, s’ajoute aussi la désobéissance civile qui semble se répendre un peu partout dans des provinces, et au Caire. Presque tous les bureaux des gouverneurs des Frères musulmans ont été bouclés par les manifestants ou cadenassés. Ils ne peuvent plus y accéder. A Louxor, la province a décrété officiellement son indépendance en disant qu’elle ne dépendait plus du pouvoir central. D’autres provinces pourraient suivre. A Fayoum, ville où il y avait hier des affrontements entre pro et anti Morsi, le QG des Frères Musulmans brûle. Le sièges des Frères à la cité du "6 octobre" (Le Caire), brûle. 48 Frères qui fuyaient ont été arrêté ce matin à l'aéroport. Un des chefs les plus violents des islamistes, qui a appelé les croyants à mourir pour leur foi, le Salafiste Hazem Abu- Ismail a fui en Allemagne. Affrontements entre policiers et Frères au Caire. Les jets privés sont interdits de vol. Les deux ministres de la Défense vient de rencontrer Morsi et son premier ministre, pour qu'ils se dépêchent de se rendre à l'armée avant que le peuple ne se saisisse d'eux ... et de l'Egypte par la même occasion ? L'armée prête à être déployée dans les villes "pour éviter les heurts" dit-elle. Quels heurts ? Morsi serait toujours dans l'immeuble de la garde républicaine, protégé, prisonnier, otage ?Sur "I télé" hier "l'armée a toujours été garante de la stabilité" : comme Pinochet ?Quand les gens apprennent qu'Obama a demandé à Morsi de tenir compte des exigences du peuple égyptien, les gens répondent "Trop tard. On veut qu'il parte". Fiasco sur toute la ligne de la politique américaine et des politiques occidentales de soutien à Morsi, légitimement élu. Où sont les politiques et les journalistes qui parlaient d'hiver islamiste ?

Egypte, 2 juillet, 8 h 45: Une immense fête toute la nuit, les Frères Musulmans résistent

Toute la nuit, ça a été une immense fête pacifique place Tahrir et devant le palais présidentiel Ittahidiya à Héliopolis lointaine banlieue du Caire. Parmi les chants et les slogans, un qui peut être significatif, après les "A bas Morsi" c'est "A bas les moutons" visant les Frères Musulmans mais aussi, à travers ça, les manifestants affirment qu'ils ne seront plus jamais les moutons de qui que ce soit, religieux ou militaires. Une fille est née cette nuit place Tahrir, baptisée Tamarod. A Luxor, Kafr el Sheikh et Mahalla, les manifestants ont anticipé l'appel à la désobéissance civile pour aujourd'hui 17 H, en assiègeant les gouvernorats. A Kafr el Sheikh, ils auraient pris le bâtiment du gouvernorat. A Sharqiya, les habitants d'un immeuble ont chassé du bâtiment les Frères Musulmans.Ce matin, une déclaration de la présidence égyptienne a rejeté l'ultimatum de l'armée et celui du peuple au nom de la légitimité électorale. Une autre déclaration de la présidence a appuyé ce rejet par le fait qu'Obama aurait téléphoné cette nuit à Morsi pour lui dire son soutien. La Maison Blanche dit qu'Obama a affectivement téléphoné à Morsi mais pour seulement dire son "inquiétude". Pour les égyptiens Obama a choisi son camp, il soutient Alqaida, le Jihad islamique , le Hamas et la Jamaa Islamya... Les islamistes et les Frères Musulmans ont décidé de se battre car ils craignent qu'ils soient les boucs émissaires de la prochaine période; les anciens moubarakistes voulant se venger, les anciens de la police et l'armée aussi, et surtout la population les hait comme jamais aucun régime n'a été haï. Les commerçants islamistes craignent pour leurs magasins, déjà quelques-uns ont été pillés, d'autres pour leurs maisons ou voitures, leur vie tout simplement. Certains dirigeants des Frères Musulmans ont fui le pays.Le parti salafiste Al Nour a déclaré qu'il se prononçait pour un gouvernement technique préparant des élections présidentielles anticipées. Sûrement en 1356 ! Les chefs de la police soutiennent l'ultimatum des militaires. 6 ministres ont démissionné du gouvernement( d'autres infos selon la Middle East News Agency disent 12 ministres et 3 gouverneurs).Affrontements cette nuit à Giza entre la police et les Frères Musulmans. Quatre militants du Hamas qui tiraient sur la foule et lançaient des grenades depuis le siège national des Frères Musulmans à Moqattam ( Le Caire), auraient été lynché par la foule, qui, après avoir brûlé le bâtiment, l'occupent.La situation à Assiut est peut-être emblématique de ce qui va se passer. C'est une ville de la Haute Egypte où il y a beaucoup de coptes, jusque là sous contrôle de la Jamaa al-Islamiya, une organisation terroriste islamiste qui soutient le gouvernement de Morsi. La ville vivait sous la terreur. Or dimanche 30 juin, il y a eu plus de 50 000 manifestants ( 5 fois plus que pour la chute de Moubarak) montrant un courage incroyable pas atteint au moment de la chute de Moubarak car la Jamaa al-Islamiya et les Frères Musulmans n'hésitent pas à tuer, ayant déjà fait plus de 1 000 morts sur les dernières années. Et lundi 1er juillet les manifestants étaient à nouveau des dizaines de milliers cette fois-ci à assiéger le siège des Frères Musulmans, d'où les Frères et les terroristes de la jamaa al-Islamiya tiraient sur la foule et la police qui avait pris position pour les manifestants qui criaient "Assiut dit aux terroristes que les chrétiens et les musulmans sont unis". En fin de journée, le siège des Frères Musulmans était brûlé et détruit par les manifestants qui criaient "Victoire". Bref ce n'est pas la police ou l'armée qui a vaincu c'est le courage populaire. Ce qui pourrait se passer sur tout le pays dès cet après midi.En fait peu à peu émerge de tout cela une conscience, qui se dit, que la démocratie de la rue est plus importante, plus juste que la démocratie des bulletins de vote. Que c'est ça la révolution.Par ailleurs on voit que les soutiens politiques de l'armée, en Egypte comme ailleurs, prennent prétexte d'un risque de chaos, guerre civile ou bain de sang, déjà avant le 30 juin, encore plus maintenant où les Frères Musulmans ont décidé de résister, pour demander , justifier une intervention de l'armée. A ce moment ils pourraient faire passer ça, non pas comme une interruption du processus démocratique électoral, mais comme une nécessité de force majeure, pour éviter le chaos né de l'opposition entre deux camps. Et Obama pourrait alors soutenir l'armée. Plus il y a de sang, plus ça les arrange. En même temps, ils craignent aussi en ce cas une deuxième insurrection populaire qui les renverserait eux-aussi, l'armée se dissolvant dans l'insurrection.

Egypte, 2 juillet, 0 h 15 : après la fête, les affrontements ?Place Tahrir, c'est un festival de chants et de feux d'artifice qui n'arrêtent pas depuis plus de 6 heures, tout comme devant le palais présidentiel où la foule est toujours si immense. De gigantesques manifestations anti-Morsi du même type dans la plupart des villes d'Egypte. C'est la fête mais pas partout.A Mahalla, principale ville ouvrière d'Egypte, les manifestants ont décidé de mettre en pratique immédiatement la grève générale et la désobéissance civile.Morsi semble avoir renoncé ce soir à faire une déclaration. Il aurait été fait prisonnier -sous toute réserve - par la garde républicaine. On parle d'une rencontre entre Morsi et Sissi.Des manifestations pro Morsi se déroulent actuellement. Il n'y a pas de comparaison de taille entre les immenses manifestations anti- Morsi et les moyennes ou petites en sa faveur. Cependant les Frères Musulmans n'ont pas abandonné; on compte des dizaines de milliers de manifestants à Raba'a Adawya au Caire pour Morsi et contre la dictature militaire. Des centaines devant l'université du Caire. Des dizaines de milliers d'autres marchent à Marsa-Matruh en scandant des slogans contre le CSFA. Manifestations moyennes ou petites pour Morsi et contre le CSFA à Giza, Qena, Arish, Sohag, Suez, Assiut et Minya. Des centaines de supporters de Morsi ont pris les rues à Al Tor city dans le Sud-Sinai. Affrontements violents à Fayoum, Beni Suef et surtout à Suez entre pro et anti Morsi. Le quartier général des Frères Musulman brûle à Assiut. L'armée intervient. Une rumeur dit que l'armée pourrait intervenir pour "protéger" les manifestants anti Morsi des Frères Musulmans place Tahrir et devant le palais présidentiel. Protéger des millions contre des milliers ?Une conférence de presse ce soir des Frères Musulmans et alliés islamistes refuse la déclaration du CSFA, dénonce un coup d'Etat et appelle tous les égyptiens à descendre dans la rue pour défendre la légitimité de la loi (!) et des élections (!), bref la guerre sainte pour la démocratie représentative. Obama va apprécier.De cette confusion, on peut être sûrs que les égyptiens sauront approfondir non pas de savoir auprès de qui on peut espérer un salut, mais ce qu'ils veulent eux, quels sont leurs objectifs à eux. Ceux définis il y a déjà deux ans, pain, justice sociale, liberté.

Egypte, 1er juillet, 22 h: Explications et récitExplicationsAvec l'affaiblissement progressif du pouvoir des frères Musulmans sur fond de records historiques de grèves et protestations depuis des mois, puis les manifestations massives du 30 juin contre Morsi et enfin l'ultimatum de ses organisateurs pour que Morsi dégage qui arrivait à échéance mardi 2 juillet à 17 h , faute de quoi, ils appeleraient à une grève générale illimitée et un mouvement de désobéissance civile jusqu'à la chute du régime, l'armée, pour voler au peuple la deuxième révolution qui venait, a décidé de réitérer son coup de janvier 2011, lorsque devant la menace d'une grève générale, elle avait décidé de laisser tomber Moubarak. Mais il y a plusieurs différences importantes entre aujourd'hui et il y a deux ans. D'une part Morsi avait été élu et la rue vient de démettre un président élu. Ce qui est quelque chose qui ne s'oublie pas. Moubarak était un dictateur classique avec des élections bidons. Morsi était aussi un dictateur, les élections qui l'ont mené au pouvoir étaient truquées mais beaucoup de gens avaient eu le sentiment de participer à une véritable élection démocratique, en tous cas en comparaison avec ce qui se faisait auparavant. Renverser un président élu par la rue, car même si c'est l'armée qui met la dernière main, c'est le mouvement populaire qui a fait l'essentiel, c'est légitimer la révolution conte les élections. C'est dire : si vos élus ne tiennent pas leurs promesses, vous n'êtes pas obligés d'attendre les prochaines élections, vous pouvez les renverser avant. C'est vous le vrai pouvoir, le peuple, la rue, la révolution. C'est pour ça que les USA sont gênés d'abandonner un président élu. Ils légitimeraient ainsi tout ça. Donc aussi pour ailleurs: partout dans le monde vous pouvez renverser ceux que vous avez élu et qui vous trompent. Ca fait du monde. Et si on pense à la Turquie, le Brésil, la Tunisie, la Bulgarie, le Chili, la Bosnie, la Grèce, l'Espagne, l'Italie et tellement d'autres, ça risque de ne pas tomber dans les oreilles de sourds.Mais il y autre chose. Contrairement à il y a deux ans, s'il est possible qu'encore bien des égyptiens se fassent des illusions sur l'armée, notamment tous les primo- manifestants qu'on a vu hier, il y en a bien d'autres, des centaines de milliers, qui ont souffert dans leur chair et fait consciemment l'expérience répressive du régime militaire en se battant contre le gouvernement du CSFA au moins d'octobre 2011 à juin 2012. Ils sont férocement hostiles à l'armée et s'en méfient comme de la peste. La marge de manœuvre de l'armée est donc infiniment rétrécie, mise sous la surveillance des meilleurs militants de la révolution. Si l'armée prend le pouvoir, à chaque faux pas, elle sera la cible de leurs critiques et attaques. Et les soldats tous comme les policiers sont beaucoup moins sûrs pour les généraux qu'il y a deux ans. Il est fort probable que s'il leur faut à nouveau réprimer un peuple qui lutte, ils pourraient ne plus l'accepter. Et il n'y aura plus la religion pour aider le sabre. En tous cas, beaucoup moins.Or le prochain gouvernement, provisoire ou pas, militaire ou pas, devra faire face aux multiples luttes économiques, qui ont parsemé les premiers mois de 2013 et qui continueront, voire probablement s'amplifieront. Car si on renverse un gouvernement, beaucoup se diront probablement c'est pour qu'il change quelque chose; la faim n'a pas de patience et la situation économique se détériore très rapidement. S'il y a un pouvoir militaire, ce risque bien d'être un colosse aux pieds d'argile et si l'armée s'écroule après le "goupillon", il n'y a plus rien pour protéger les possédants et leurs propriétés.C'est pourquoi, indépendamment de leurs calculs, ce serait important que dès aujourd'hui, les gens se saisissent de la rue, des places et demain dès 17 H des palais présidentiels, des gouvernorats, des municipalités... chassent les frères mais aussi les Felloul, avant l'armée, avant la fin de l'ultimatum de l'armée, pour le "pain, la justice sociale et la liberté".

Egypte, 1er juillet, 21 H, Immense fête populaire et...Partout dans les rues du Caire, les gens descendent dans la rue, se congratulent, s'embrassent et dansent. Il y a encore plus de monde dans les rues qu'hier. Reste-t-il des gens dans les immeubles ? Pour eux, c'est quasi fait, Morsi est "dégagé". En tous cas, le compte à rebours a commencé. Peut-être a-t-il également commencé pour les autres dictateurs en place de la région mais dans un autre timing ? Même immense joie que lors de la chute de Moubarak, mais cette fois beaucoup sont avertis et ont bien l'intention de ne pas se laisser faire par l'armée. Des chants certes, "l'armée est le peuple sont une seule main" mais aussi "il partira nous resterons"...Avec 40% des égyptiens en dessous de la ligne de pauvreté, les hausses de prix, les coupures de courant et d'eau, la pénurie d'essence, des milliers de grèves en quelques mois sur ces sujets, tout nouveau gouvernement devra commencer par régler ça et toute réelle démocratie ne peut se faire sans démocratie économique. Hui députés viennent de démissionner. Tamarod, qui a initié la pétition de 22 millions de signatures contre Morsi qui a débouché sur la journée d'hier, vient de dire que la déclaration de l'armée couronne le mouvement du peuple, déclare que Morsi n'est plus président et donc que le peuple doit occuper lui-même les deux palais présidentiels à partir de demain mardi 2 juillet à 17 h 00 . En même temps Tamarod demande des élections présidentielles anticipées et un gouvernement technocratique de transition présidé par le président de la Haute Cour Constitutionnelle et le Conseil National de Sécurité (l'armée). Le parti al Nour (salafiste) vient de dire qu'il avait neutre pendant les manifestations d'hier et que la déclaration de l'armée était ambiguë et ne protégeait pas le peuple d'une possibilité de dictature militaire. Des dirigeants des Frères Musulmans seraient en train de demander l'asile politique en Europe? Le siège du gouvernorat de Kafr el-Sheikh vient d'être saccagé par la foule mobilisée, le gouverneur, Frère Musulmans, s'est enfui. Le siège du parti islamiste Wasat, incendié. Manifestations géantes partout en Egypte. L'armée s'est emparé du siège du gouvernorat de Fayoum et a arrêté le gouverneur.

Egypte, 1er juillet, 19 h 00, coup d'Etat militaire et manifestations de masseLes gens dansent sur la place Tahrir, les hélicoptères militaires passent très bas avec d'immenses drapeaux égyptiens et des ballons et les pilotes saluent la foule, les gens hurlent leur joie et crient maintenant "le peuple et l'arme sont une seule main", la place et les rues devant le palais présidentiel sont également pleines de gens dont certains demandent à l'armée d'intervenir tout de suite pas dans 48 H. Mais ce n'est pas parce que la foule applaudit au soutien de l'armée qu'elle souhaite un retour au pouvoir de l'armée et un régime anti-démocratique. De grosses manifestations commencent à Mahalla, Sharqeya, Port Saïd, Monofeya et d'autres villes. Il semblerait que des troupes de l'armée se soient saisies de l'aéroport, où ils ont arrêté des dirigeants des Frères Musulmans qui fuyaient, et de la TV d'Etat. La maison du multi milliardaire et véritable homme fort des Frères Musulmans, Kairat al-Shaker a été brûlée par la population pendant que ses gardes du corps ont été arrêtés par l'armée. Le ministère de l'intérieur déclare qu'il ne prendra aucune mesure contre les policiers qui manifesteront. Un compte à rebours de 48 h commence à s'égrener sur certaines télés privées. 10 ministres ont démissionné, les gouverneurs de Damiette et Ismailiya également. Tamarod annonce qu'il ne participera pas aux négociations entre partis demandées par l'armée pour trouver une solution à la demande du peuple. Les procureurs viennent de demander au procureur général de démissionner. Des annonces de meetings et conférences de presse des partis se multiplient ce soir. Des rumeurs disent que Morsi proposera ce soir un référendum "dois-je rester ou partir ?"

Egypte, 1er juillet, 01 h: Et maintenant ?La BBC a confirmé ce que disait CNN, 33 millions de manifestants le 30 juin en Egypte, déclarant que c'est la plus grande manifestation de l'histoire de l'humanité: il y aurait donc eu 3 fois plus de manifestants que d'habitants en Tunisie, presqu'autant que d'espagnols... Le chiffre de 33 millions est contesté ( Reuters dit 14 millions) mais la grande majorité s'accorde pour dire que c'est la plus grande manifestation. Et bien qu'il soit passé minuit, la foule ne cesse de grandir.... même si d'autres repartent chez eux. Le mythe que les vieux veulent la stabilité s'effondre, beaucoup de manifestants âgés. Tout le monde se demande s'il va aller au travail demain (1er juillet). Le Front du 30 juin, appelle à des sit-in non seulement à Tahrir et Itthidiya ( palais présidentiel d'Héliopolis) mais aussi au Sénat et du palais El-Quba ainsi qu'à la désobéissance civile à partir de demain jusqu'à ce que Morsi dégage. Les dirigeants de la campagne Tamarod ( rébellion) ont donné un ultimatum: il s'en va avant mardi 2 juillet 17 H 00 où alors Tamarod appelle à la désobéissance civile générale.

Egypte, 30 juin, 23 h:Des médias égyptiens ainsi que des sources militaires, estiment (selon le journal Shorouk) qu'il y a eu aujourd'hui, à cette heure, 17 millions de manifestants anti Morsi dans les rues des villes et villages d'Egypte. CNN annonce 33 millions d'égyptiens dans les rues. D'autres disent 9 millions, ... Quoi qu'il en soit, c'est probablement la plus grande manifestation que le monde ait connu dans son histoire. C'est l'hiver islamiste, comme disaient les journalistes... !4 sénateurs des Frères Musulmans ont fui l'Egypte pour aller se réfugier à Londres avec leurs familles. 60 000 à 80 000 personnes auraient fui l'Egypte en avion durant les 48 dernières heures. Des hélicoptères militaires jettent des drapeaux égyptiens sur la foule place Tahrir, ce qui est interprété par les manifestants comme un soutien de l'armée. La plupart des manifestants dénonce essentiellement le manque de travail, les coupures d'électricité et d'eau et le rationnement de l'essence. Les applaudissements place Tahrir à l'annonce que le siège central des Frères Musulmans brûle à Moqqatam ressemble à ce qui s'était passé le 28 janvier 2011 quand la foule a appris que le siège du NDP de Moubarak brûlait. Après le Front du 30 juin, le FSN déclare qu'une progression de la protestation serait une grève générale illimitée sans qu'on comprenne s'il y appelle ou pas mais appelle à rester sur les places et dans les rues jusqu'à ce que le régime renonce

Egypte 30 juin, 21 H:Les gens descendent au pied de leur immeuble et manifestent, restent là, discutent, scandent des slogans. Joie immense lorsque place Tahrir, la foule apprend que le siège central des Frères Musulmans est en train de brûler. Le gouverneur Des Frères Musulmans de Gharbiya assiégé dans son immeuble de gouvernorat a fui par une porte de derrière, les manifestants lui donnent une heure pour fuir la région du gouvernorat. Devant le palais présidentiel au Caire (héliopolis) des manifestants quittent la manif et rentrent chez eux, mais de plus nombreux encore continuent à affluer. C'est un immense jour de fête en Egypte, les gens sourient, chantent, s'embrassent, on tire des feux d'artifice...Le Front du 30 juin, appelle les manifestants à rester sur les places et à commencer une grève générale illimitée ( dimanche est un jour travaillé en Egypte, les présents sont donc pour la plupart en grève). 250 bateaux de pèche à Damiette manifestent dans l'eau contre Morsi, pareil à Luxor ou des centaines de bateaux chargés de monde descendent le Nil contre Morsi.

Egypte, 30 juin, 20 H: Les journaux, officieusement, estimaient le nombre de manifestants à 7 millions vers 19 H, soit plus que les 18 jours insurrectionnels cumulés de janvier 2011. Les manifestants sont de tous âges, des enfants aux vieillards, pas seulement des manifestations de jeunes, le palais présidentiel à Héliopolis est complètement encerclé. Jusque là les manifestations étaient bon enfant, mais depuis 19 h environ, des affrontements violents contre les pro Morsi sont signalés à Moqqatam au Caire, Tanta, Beni Suef , Sharqeya... L'armée et la police ont disparu des lieux d'affrontements et ne défendent pas les locaux des Frères Musulmans alors que leurs hélicoptères Apache survolent les villes

Egypte 30 juin, 19 H 00:D'après l'avis de tous, il y a nettement plus de monde dans les rues que les 25 et 28 janvier 2011 au plus fort des premiers jours de la révolution qui a fait tomber Moubarak. Tout le monde dit que c'est "énorme, incroyable, ahurissant"... La pétition "Rébellion" pour que Morsi dégage aurait récolté 22 millions de signatures selon ses organisateurs contre 13 millions d'électeurs pour Morsi aux dernières présidentielles. L'Egypte entière semble dans la rue. Devant le palais présidentiel, plusieurs centaines de milliers de personnes, autant place Tahrir et des manifestations dans toutes les villes d'Egypte et villages : des marches d'habitants de villages entiers se font en direction des villes, Mansoura, Mahalla...Ca marche partout.. Beaucoup de gens qui ne sont pas dans la rue, agitent depuis leurs fenêtres des drapeaux et applaudissent. Le slogan le plus largement repris est "dégage" avec le petit carton rouge où il y a aussi marqué "dégage". D'autres comme "Musulmans et chrétiens ensemble sont la révolution", "les femmes sont la fierté de l'Egypte" et "regarde, regarde, voilà la révolution des moutons" , allusion aux termes péjoratifs dont les Frères Musulmans affublent les manifestants les accusant d'avoir une obéissance aveugle envers leurs dirigeants. Des manifestations d'égyptiens et italiens en... italie contre Morsi à Rome, Milan, Turin, Naples, Palerme, En direct, les images sur On TVhttp://www.youtube.com/watch?v=rbL_q1i7-Pk

28 juin

Protestations ironiques hier soir place Tharir pour accueillir le discours du président Morsi et carrément de la colère à Kafr El-Sheikh et Suez. A Daqahliya, des clashs violents ont suivi le discours entre pro et anti Morsi faisant un mort chez les Frères musulmans et 243 blessés. De plus, 53 autres ont été blessés à Sharqiya et deux à Gharbiya dans des confrontations similaires.

Après un discours, 298 blessés et un mort. Il est souhaitable que Morsi n’en fasse pas un tous les jours!

Bien des policiers chargés de garder les locaux où Morsi faisait son discours hier soir, le 27 juin 2013, étaient pliés de rire. La police est divisée. Elle a déclaré qu’elle ne protégerait pas les locaux des Frères musulmans le 30 juin, jour de la grande manifestation pour le départ de Morsi, quand des policiers de base des Forces spéciales (de répression, les unités antiémeutes) ont déclaré qu’ils manifesteraient avec les gens contre Morsi avec des T-shirts spéciaux pour montrer que la police est du côté du peuple contre le dictateur.

Aujourd’hui, le 28 juin 2013, il y a un rassemblement d’islamistes venus de toute l’Egypte en soutien à Morsi dans la cité de Nasr City au Caire. Ils sont des dizaines de milliers de manifestant·e·s, mais beaucoup moins que le 21 juin et avec beaucoup moins d’entrain. Quelque 90 Frères musulmans ont été arrêtés par des forces de police alors qu’ils venaient à la manifestation avec de bus remplis de gourdins, de cocktails Molotov, de couteaux…

A l’heure où j’écris (18 heures, le 28 juin), il y a également des manifestations anti-Morsi en direction de la place Tahrir au Caire venant des places et rues Mostafa Mahmoud, Sayeda Zeinab, Mosquée Al-Azhar et quartier Shubra, pendant que la place devant le Musée Egyptien est occupée, tout comme celles devant les ministères de la Culture et de la Défense et bien sûr la place Tahrir.

Pareil à Alexandrie où des manifestations anti-Morsi sont parties de la mosquée al-Qaed Ibrahim et du quartier Dawaran Jihan vers Sidi Gaber. Idem à Mansoura, Zagazig, Sharqiya, Gharbiya, Qalioubiya, Tanta, Kafr al-Zayyat, Basyoun et Assiut. ?Ils ont des cartons rouges et crient «dégage» et ont des pancartes dénonçant le soutien de l’ambassadrice américaine aux Frères musulmans…

Ils ont aussi des slogans dénonçant les coupures d’électricité, d’eau, la pénurie d’essence et les hausses des prix. A Alexandrie ont compte déjà 40 blessés et un mort. Un des locaux du parti des Frères musulmans a été saccagé. On compterait au total pour le moment 5 locaux du parti des Frères musulmans – le Parti de la Liberté et de la Justice – dévastés ou incendiés

A Damanhour, 4000 manifestants anti-Morsi sont installés devant le siège du gouvernorat. Ils ont pendu au bâtiment une banderole: «Fermé jusqu’au départ des Frères musulmans». On entend des coups de feu.

A Tanta, Ils sont 30’000 sur la place al-Shohadaa demandant le départ de Morsi. A Kafr al-Zayyat, approximativement 20’000 manifestants place al-Sa’a avec des banderoles demandant que Morsi dégage.

A Basyoun, environ 10’000 manifestants marchent de la rue du 23 juillet vers la place al-Mahatta et tentent de mettre à sac le local du Parti de la Justice et de la Liberté (Frères musulmans). Ils leurs jettent des pierres et cocktails Molotov depuis plus d’une heure.

Les habitants du village al-Qadaba ont rejoint les manifestants de Basyoun. (28 juin 2013)