Publié le Vendredi 24 mai 2013 à 11h56.

PSA-Aulnay : reprise dans la dignité

C’est en manifestation que les grévistes d’Aulnay sont rentréEs dans l’usine mardi 21 mai après 4 mois de grève. Vendredi 17 mai, l’assemblée générale a en effet voté la suspension de la grève, après plusieurs discussions tout au long de la semaine avec la direction.A été obtenu la réintégration dans le plan de sauvegarde d’emploi des grévistes licenciéEs, l’annulation des procédures de licenciement contre les déléguéEs et de toutes les poursuites contre les grévistes, en contrepartie du retrait des poursuites contre le PSE par la CGT, ainsi que des garanties écrites pour les mutations dans le cadre du PSE. Pour les grévistes qui accepteraient de quitter l’entreprise avant le 31 mai, la prime de départ du PSE sera augmentée de 20 000 euros. Un des enjeux est maintenant d’étendre ce qui a été obtenu par les grévistes aux autres salariéEs de PSA et au-delà de la date du 31 mai.Certes, le mouvement n'a pas réussi à obtenir la non-fermeture du site, pas plus qu’un CDI pour tous les salariéEs. Mais, ces 18 dernières semaines, les grévistes ont incarné l’opposition à la toute puissance d’un des plus grands groupes de l’automobile et à un gouvernement à son service. C’est d’ailleurs cela qui leur a valu le soutien des salariéEs et des classes populaires partout en France : la solidarité financière a abondé, venant de sections syndicales, de particuliers, de partis politiques… C’est que, dans ce contexte d’attaques généralisées et d’austérité à tout-va, la grève des PSA a su montrer qu’on pouvait et devait résister. C’est ce que les grévistes ont fait, malheureusement en restant isolés.

La question reste poséeC’est donc la tête haute et dans la dignité qu’ils reviennent à l’usine, pas vraiment décidés, tout comme les non-grévistes, à se mettre au boulot pour un patron qui ne lâche que des miettes et espère peut-être rattraper les 14 000 véhicules que la grève lui aurait fait perdre. Du côté des grévistes, ce sentiment de fierté est fort, comme le souligne la CGT-PSA-Aulnay dans son communiqué de presse : « Cette longue grève, est une véritable fierté pour les centaines de salariés qui y ont participé. C'est la fierté d'avoir mené un combat juste et légitime. C'est le combat pour l'emploi et pour protéger les conditions d'existence face à une direction qui licencie dans le seul but d'augmenter les profits. » Les grévistes sont conscients que la grève ne se termine pas par une victoire franche. Une de leur priorité au fil des semaines était devenue l’annulation des sanctions et des poursuites, pour montrer à touTEs les salariéEs que la solidarité protège des sanctions. Ils l’ont arrachée.Les effets de la fermeture d’Aulnay et ses conséquences pour les salariéEs de PSA et du département se feront véritablement sentir dans les mois à venir. Mais pour touTEs les salariéEs de PSA et au-delà de l’automobile, la question reste entière : comment mettre en échec les projets des groupes de l’automobile ?La direction de PSA, elle, ne perd pas de temps. Dès le lendemain de l’arrêt de la grève à Aulnay, elle annonce en CCE la fermeture du centre de recherche de Meudon-la-Forêt, en proposant des mutations plus ou moins improbables aux 650 salariéEs. De plus, les salariéEs du groupe ne découvriront qu'en juin ses projets d’« accords de compétitivité » pour continuer à mettre en œuvre son plan de 11 200 suppressions d’emplois, plan favorisée par le vote de la loi cyniquement baptisée de « sécurisation de l’emploi ».

Correspondantes