Publié le Mardi 26 mars 2013 à 23h34.

Résolution politique adoptée au CPN du 23 et 24 mars 2013

Voici la résolution adopté par le Comité Politique National des 23 et 24 mars 2013.

Nos taches dans la situation politique et sociale

1 - Depuis notre congrès, les traits dominants de la situation sociale et politique en France et en Europe se sont renforcés. Les réponses apportées par le patronat, les financiers et les gouvernements à la crise économique qu’engendre leur propre système ne font qu’accentuer cette dernière ainsi que les éléments de crise politique et sociale. Les dernières élections italiennes sont une expression de l’échec d’une politique dont Monti, mandaté par la troïka, était le maître d’œuvre et de son rejet par la majorité de la population. La grève générale du 20 février en Grèce puis au Portugal et les « mareas » espagnoles sont elles aussi autant d’expressions du rejet des politiques d’austérité et de leurs conséquences dramatiques pour les salariéEs, la jeunesse et l’ensemble des classes populaires. Le recul du gouvernement chypriote face à la révolte des classes populaires, la crise sociale et politique qui s’ensuit viennent accentuer l’instabilité de l’Europe de la BCE.

En France, le gouvernement Hollande/Ayrault, avec le Medef, poursuit, avec la complicité de la CFDT, de la CGC et de la CFTC, le travail de démantèlement du code du travail engagé par Sarkozy avec le projet de loi nommé cyniquement « sécurisation de l’emploi » qui vise à aggraver la flexibilité et la précarité, à faciliter les licenciements. Les affirmations de Hollande qui prétendait inverser la courbe du chômage d’ici la fin 2013 sont démenties par la réalité : montée constante de ce dernier alors que les plans sociaux se multiplient. Et, comme dans tous les pays d’Europe, les politiques d’austérité sont pour les classes populaires tandis que l’Etat distribue aux plus riches des milliards sous forme de cadeaux fiscaux. Loin de résorber les déficits et la dette, ces politiques les aggravent. Poursuivant cette logique, le gouvernement annonce de nouvelles mesures d’austérité contre les retraites, contre les services publics, une remise en cause des allocations familiales, une augmentation de l’impôt qui touchent un plus grand nombre de petits revenus. Cette politique hypocrite prétend sécuriser l’emploi alors qu’elle organise toujours plus de flexibilité, de précarité et facilite les licenciements ou prend prétexte de la dette pour imposer l'austérité tout en subventionnant le patronat.

2 - Confronté à l’ampleur de la crise et au caractère coordonné et simultané des attaques, le mouvement ouvrier est d’autant plus désarmé que les grandes confédérations syndicales engluées dans le dialogue social ne préparent absolument pas une riposte à la hauteur de la guerre déclarée par le patronat. Elles refusent l’indispensable affrontement. La CGT, FO, la FSU qui ont refusé de signer l’ANI n’ont cependant pas voulu faire du 5 mars une étape vers une mobilisation d’ensemble ni un moment qui puisse construire la convergence des luttes. Pire, au lendemain du 5 mars, FO signait l’accord compétitivité Renault, application locale de l’ANI. De même dans l’éducation nationale alors que la discussion sur les rythmes scolaires prépare une offensive contre les personnels de l’enseignement, la direction de la FSU qui a négocié la loi Peillon refuse de s’engager résolument sur le terrain des mobilisations.

Dans une situation politique où les mobilisations rencontrent des difficultés, le monde du travail n’est pas passif. Les grèves et les mobilisations existantes sont autant de points d'appui dont nous pouvons nous saisir. Le secteur de l’automobile est aujourd’hui le premier et le plus lourdement touché par les restructurations. PSA Aulnay en est à plus de 50 jours de grève, même minoritaire. A Renault, les débrayages se sont succédé depuis plusieurs semaines et à Cléon, la section FO a exprimé publiquement son désaccord quant à la signature de son syndicat sur l’accord compétitivité. Les Goodyear, jeudi 7 mars, étaient venus à 11 cars, pour la deuxième fois à Rueil pour exprimer leur colère. Il faut ajouter à cela les jeudis de la colère des Sanofi, la mobilisation des Candia...De plus, les 24 et 29 janvier, le meeting de Sciences Po et le rassemblement à l’appel du collectif Licenci’Elles attestent d’une aspiration à la coordination des secteurs en lutte dans laquelle le NPA peut jouer un rôle. Toutefois cette aspiration reste fragile. Les Sanofi ont organisé un concert regroupant 1500 personnes à Toulouse le 10 mars dernier avec la participation de salariés de Fralib, de Pilpa, de Thalés et d’autres entreprises en lutte. Les PSA recueille un large soutien, y compris financier. Cela montre aussi qu’autour des salariés des entreprises touchées par des plans de licenciement, il est possible de construire un mouvement de solidarité. Dans ces cas là, nous cherchons à construire des comités de soutien aux salariés en lutte.

Dans l’Education nationale, dans le primaire, les chiffres de grévistes étaient extrêmement élevés le 12 février contre une politique en continuité avec celle du gouvernement précédent. En revanche dans le secondaire, l’attentisme prédomine. Dans le supérieur, de premières AG montrent qu’il existe une tentative pour regrouper ceux qui veulent s’opposer au projet de réforme Fioraso et à l’austérité dans les facs. C’est le rejet de l’ensemble de la politique du Ministère de l’Education Nationale à laquelle il faut œuvrer.

La lutte de Notre-Dame-des-Landes est à un moment charnière. D'un côté, la fin de la trêve hivernale des expulsions et la tentative de commencer les travaux, de l'autre le rapport de la commission invalident partiellement le projet en pointant le changement du contexte depuis son lancement. C'est surtout la réponse aux différents recours devant les instances européennes qui offre une porte de sortie au gouvernement pour abandonner le projet. L'autre voie qui s'offre à lui est celle de l'affrontement, de l'expulsion violente, qui devient de plus en plus problématique à l'approche des échéances électorales. Il s'exposerait à un coup politique très élevé. Il y a dans les semaines qui viennent la possibilité de faire reculer Vinci et le gouvernement. Une victoire dépasserait largement la ZAD, Notre-Dame-des-Landes et la région, ce serait une victoire pour toutes celles et tous ceux qui s'opposent à la politique du gouvernement et des groupes capitalistes. Elle ferait la démonstration que la mobilisation peut payer, que nous ne sommes pas condamnés à perdre. Elle constituerait plus largement une victoire pour l'ensemble du mouvement social.

Cela est d’autant plus important que l’étape actuelle de la lutte des classes a acquis un niveau de violences extrêmement fort : en effet la concurrence mondialisée a tellement rétréci les marges de manœuvre des classes dirigeantes et de leurs États que la défense des exigences les plus immédiates des salariés implique une lutte d’ensemble. La question de la dette et des déficits donne aux revendications, même élémentaires comme le maintien de l’emploi ou un salaire décent, un caractère d’affrontement immédiatement politique.

Le gouvernement socialiste ne s’y trompe d’ailleurs pas puisqu’il réprime quasi systématiquement les résistances organisées dans le monde du travail, la défense des sans droits, ou bien contre ses grands projets coûteux et inutiles.

3 - Cette politique en continuité avec celle de Sarkozy, suscite le dégoût au sein des classes populaires. L’affaire Cahuzac à gauche, Sarkozy et Lagarde à droite accentuent le discrédit des partis institutionnels. Tout cela fait le lit de l’extrême droite comme en témoignent les dernières élections législatives dans l’Oise.

Cette situation plaide pour que le NPA œuvre à la construction d’une opposition de gauche au gouvernement Hollande-Ayrault, une opposition qui donne aux revendications et aux mobilisations une perspective d’ensemble, capable d’unifier toutes celles et ceux qui résistent à la politique de ce gouvernement, au MEDEF, à la droite et à l’extrême droite. C’est au travers de confrontations politiques et par des expériences dans la lutte de classes que pourra émerger une telle opposition. Elle ne prendra vie qu’avec l’implication active de toutes celles et ceux qui refusent de céder devant l’offensive du gouvernement et du patronat, de se plier à l’hypocrisie du dialogue social.

Dans cette perspective nous devons agir vers les forces politiques de gauche, qui ne participent pas au gouvernement, LO, AL, le FDG et ses différentes composantes, par des discussions, des débats stratégiques et actions communes contre l’austérité et tous les thèmes qui font résistance afin de s’opposer à la majorité présidentielle.

Dans le cadre de cette bataille politique, nous avançons la nécessité d’un gouvernement qui interdise les licenciements, répartisse le travail entre toutes et tous, garantisse salaires et pensions décents, annule la dette et mette en place un monopole public bancaire, un gouvernement qui s’appuie sur des luttes d’ampleur et l’auto-organisation des travailleurs et de la population.

Dans le même temps, nous sommes avant tout des organisateurs des résistance et des luttes, à la base et dans le cadre des organisations du mouvement ouvrier en faisant vivre une démocratie directe et dynamique dans la perspective d'un mouvement d'ensemble.

Nos tâches s’organisent autour de la nécessité de tisser des liens entre tous et toutes celles qui, dans les syndicats et associations ou en dehors d’eux, veulent se battre contre les conséquences des politiques d’austérité sans craindre d’affronter ce gouvernement.

L’enjeu central aujourd’hui est le développement et la coordination des luttes. Malgré les difficultés à organiser des échéances communes, des contacts ont été pris entre un certain nombre d’équipes militantes. Ces contacts sont un acquis important pour la suite.

Nous devons voir comment, par quelles initiatives et propositions le NPA peut contribuer à l’avancement de cet enjeu central qu'est la coordination, la convergence, la constitution d’une alternative à la politique des directions syndicales pour organiser la riposte face aux attaques du patronat.

Dans l’immédiat, nous devons continuer à informer sur l’ANI et ses méfaits. Expliquer cette attaque, provoquer si c’est possible des réunions au niveau du NPA et avec d’autres équipes militantes, se battre dans nos organisations syndicales pour le retrait du projet de loi. Dans la perspective de la nouvelle journée d’action à l’appel de la CGT début avril, nous cherchons à favoriser la formation d’un cortège des entreprises en lutte, y défendant d’autres perspectives qu’une manif symbolique et sans lendemain.

Dans l’Education, nous défendons le retrait des décrets sur les rythmes comme du projet de loi d’orientation pour l’école. Nous cherchons à favoriser une auto-organisation des enseignants en AG, voire en coordinations. Dans le même temps, nous continuons le combat dans nos organisations syndicales pour le

retrait et construire la mobilisation. Nous défendons des dates qui rythment la mobilisation. Sans nier les difficultés à mobiliser le 28 mars, les militants de l’EN du NPA œuvrent à la grève. Nous organisons des AG de secteur EN NPA dans les villes/départements.

Dans les universités, de premières tentatives existent pour regrouper ceux qui veulent s'opposer au projet de réforme Fioraso et à l'austérité dans les facs. Nous tentons de construire une mobilisation pour le retrait de la loi, en prenant appui sur la date du 28 mars.

A Notre Dame des Landes, la chaîne humaine doit encercler la ZAD le 11 mai. Il s'agit d'une mobilisation nationale qui se prépare d'ores et déjà dans les différentes régions où les comités de soutien se sont multipliés. Pour le NPA c'est une mobilisation nationale de notre parti. Une liste de discussion est mise en place par les camarades de la région afin de mettre en commun les informations. C’est une priorité du NPA dans les semaines qui viennent.

D’autre part, malgré les difficultés rencontrées, nous poursuivons notre politique de dénonciation de l’intervention française au Mali. A ce stade, le cadre unitaire que nous avons cherché à mettre en place regroupe au niveau national l’AL et LO, plusieurs autres forces localement, et nous a permis de prendre quelques initiatives publiques, très modestes. C’est que nous ramons à contre-courant, notamment de la communauté malienne immigrée en France, où nous n’avons que peu de contacts. Dans notre intervention nous devons faire le lien entre notre opposition à notre propre impérialisme et la solidarité concrète avec le peuple malien qui passe entre autre par la contestation de la fermeture des frontières et de la politique anti- immigrés du gouvernement.

Nous voulons initier la discussion sur les moyens d’inverser le cours des choses. Ce travail est un travail de longue haleine. Souvent, devant la brutalité des politiques patronales, des salarié€s, des équipes militantes tentent de développer, consolider la mobilisation chacun dans sa boite. L’élargissement, la coordination sont souvent perçus comme des plus, et non comme des éléments structurants de construction sur l’entreprise.

Ce sont ces expériences qu’il nous faut soutenir et faire connaître. Il n’y a pas de raccourci, ni mot d’ordre miracle hors du niveau de conscience des premiers intéressés dans la lutte quelle qu’elle soit. Il faut poursuivre le débat, les confrontations pratiques et les initiatives communes. En s’appuyant sur les luttes existantes, les équipes mobilisées mais aussi mandatées qui ne sont pas une simple juxtaposition de militants. Nous pensons que voir au-delà de sa boite est décisif, cela signifie comprendre sa propre lutte d’un point de vue politique : celui de l’affrontement de la classe ouvrière contre la classe dominante et son Etat pour gagner le rapport de forces !

La lutte contre les politiques d’austérité et leurs conséquences est bien une lutte politique, globale. Car la gauche libérale, soumise au patronat et aux banques, assume une politique contraire aux intérêts du plus grand nombre, justifie sa sale guerre au Mali et laisse ainsi le champ libre à la droite extrême et à l’extrême droite.

4 - Pour toutes ces raisons, notre participation dans les luttes, sur les lieux de travail et d’étude, dans les associations avec les sans droits, ou celles qui militent en faveur d’une véritable écologie... est indissociable de notre agitation et propagande politiques pour répondre à l’offensive idéologique globale et réactionnaire des classes dominantes.

C’est pourquoi nous devons nous devons renforcer notre parti, élargir son influence et reprendre l’initiative politique.

Pour redynamiser notre construction, donner un nouvel élan après notre congrès, et tout simplement pour être utile dans la situation actuelle, nous devons développer notre intervention essentiellement sur les axes suivants :

  • -  interdiction des licenciements et des suppressions de postes et partage du travail entre toutes et tous

  • -  Contre l’ANI, retrait du projet de loi de « sécurisation de l’emploi »

  • -  Augmentation générale des salaires, des pensions et des minimas sociaux

  • -  Défense de la protection sociale et lutte pour le droit à la santé

  • -  Pour l’égalité des droits (droit de vote des étrangers, régularisation de tous les sans papiers, droit au mariage pour tous, égalité des salaires hommes-femmes...), contre toutes les oppressions et discriminations

  • -  Arrêt des projets inutiles, coûteux et destructeurs (NDDL, TGV Lyon/Turin, EPR, nucléaire...), planification démocratique et écologique de l’économie.

  • -  Contre notre propre impérialisme et la guerre au Mali, retrait des troupes françaises d’Afrique

    C’est ainsi que nous gagnerons en visibilité, que nous populariserons notre programme, que nous renforcerons notre implantation dans le monde du travail, la jeunesse et les quartiers populaires. Nous voulons

aider au regroupement de nouvelles générations militantes et de toutes celles et ceux qui sont écœurés par la gauche au pouvoir et déçus par la gauche antilibérale. Nous voulons redonner sa dynamique à notre projet de regroupement des anticapitalistes. Il n’y aura pas de solution magique, les tâches de construction sont l’affaire de nous tous et toutes !

Le CPN et le CE ont la responsabilité de coordonner et d’animer les interventions autour de ces axes, de leur donner leur cohérence politique, d'y associer au mieux l'ensemble des camarades. Ils devront : - d’abord faire connaître dans tout le NPA les idées et initiatives prises par les comités, ce qui implique évidemment que les villes et comités fassent remonter leurs infos ;

- veiller à l’édition du matériel nécessaire en premier lieu une brochure d’agitation développant nos orientations de façon simple, courte et populaire ainsi qu’une brochure contre la guerre au Mali et la Françafrique ;

- fournir des argumentaires nécessaires, issues des commissions, sur ces différents axes par le biais de toutes nos publications (TEAN, la Revue, le site et la Newsletter) facilement utilisables pour mener les débats dans nos différents lieux d’intervention ; dans le cadre, des luttes en cours (NDL, licenciements et projet de loi de sécurisation de l’emploi, Education Nationale...) nous éditons du matériel adapté (affiches, autocollants, tracts...).

- Nous engageons une série de réunions publiques et de meetings pour populariser nos perspectives politiques et nos réponses à la crise.