Publié le Lundi 11 mars 2013 à 14h25.

Agrobusiness : savons-nous ce que nous mangeons ?

Si on nous vendait hier du chat pour du lièvre, aujourd’hui on nous vend du cheval pour de la vache. Savoir ce que nous mangeons est devenu quelque chose de plus en plus difficile. Le récent scandale alimentaire déclenché par la découverte de viande de cheval là où devait se trouver de la viande de bœuf le met clairement en évidence. Cannellonis, hamburgers, raviolis et tortellinis de viande Buitoni, boulettes d’Ikea ne sont que quelques-uns des produits qui ont été retirés du marché. Il est clair que nous n’avons aucune idée de ce que nous portons à nos bouches. L’Irlande et la Grande-Bretagne ont été les premiers à détecter le mois dernier de l’ADN de cheval dans des hamburgers étiquetés, théoriquement, comme contenant de la viande de bovin. Des supermarchés se sont vus obligés de retirer ces produits de leurs établissements. Profits et opacité maximumUne fois de plus, il est démontré comment les intérêts économiques d’une poignée d’entreprises de l’agro-industrie s’imposent au détriment des besoins alimentaires des personnes. Ainsi, si produire de la viande de cheval revient meilleur marché pour eux, alors vous aurez du cheval dans votre assiette. En outre, découvrir où a commencé cette fraude devient une mission impossible dans une chaîne agroalimentaire dans laquelle, selon un rapport des Amis de la Terre, les produits parcourent 5 000 km en moyenne avant d’atterrir dans notre assiette. Un hamburger peut avoir été fait avec de la viande de dix mille vaches et passer par cinq pays différents avant d’arriver au supermarché. Où et quand s’est glissé le cheval ? L’Irlande a tout d’abord accusé l’État espagnol et ensuite la Pologne. Quand le cas a éclaté en France, la coupable était une entreprise du Luxembourg qui a, à son tour, signalé que la viande provenait de Roumanie. Et cette dernière a déclaré que la marchandise lui arrivait de Hollande et Chypre. Impossible de connaître la réponse. L’histoire se répète. À chaque fois que surgit un nouveau scandale, nous assistons au même chassé-croisé d’accusations, d’alerte sociale, d’impossibilité de savoir l’origine, et à des tonnes de nourriture jetée aux ordures. Ce fut le cas avec l’E. Coli et les concombres et bien avant avec les poulets à la dioxine, avec la vache folle, la peste porcine, et un long « etc. ». Pour la souveraineté alimentaire Ces scandales alimentaires sont le résultat d’un modèle productif délocalisé, kilométrique, pétro-dépendant, sans paysans, intensif et accro aux pesticides qui, fondamentalement, cherche à faire du profit avec une chose aussi indispensable que la nourriture. Aujourd’hui, la chaîne alimentaire, qui place à un extrême le paysan/producteur et à l’autre le consommateur, s’est à tel point allongée qu’aucun des deux ne peut influer sur elle. Notre alimentation est dans les mains d’entreprises qui monopolisent chacun des maillons de la production, de la transformation et de la distribution des produits alimentaires, des semences jusqu’aux supermarchés, et qui imposent leurs règles du jeu. Nous n’avons qu’une alternative : nous réapproprier les politiques agricoles et alimentaires. En finir aussi avec la dictature des marchés dans la production alimentaire. Exiger ce que l’on nous nie trop souvent en tant que personnes et en tant que peuple : le droit de décider, la souveraineté, et dans ce cas-ci la souveraineté alimentaire. Et redevenir à nouveau maîtres de notre agriculture et de notre alimentation. Esther Vivas (Izquierda anticapitalista – État espagnol)Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera. Version intégrale : http://esthervivas.com/francais/savons-nous-ce-que-nous-mangeons/