Publié le Vendredi 4 avril 2014 à 17h45.

Justice : est-il fini, le temps des colonies ?

On se souvient de l’assassinat du syndicaliste Jacques Bino lors de la grande grève générale menée en 2009 par le LKP en Guadeloupe. Devant l’émotion de la population, les autorités se devaient de trouver un coupable et ce fut l’inculpation d’un innocent : Ruddy Alexis...

Enfermé pendant 45 mois dont 24 en isolement, il fut finalement acquitté à l’unanimité par la cour d’assises de Basse-Terre. Mais c’était sans compter sur la décision du parquet de faire appel 3 heures à peine après le verdict. Et en prime il « dépayse » le nouveau procès à Paris. Une décision exceptionnelle... et scandaleuse, alors même qu’une cour d’appel a été crée à Basse-Terre pour répondre à l’éloignement.

Justice de classe, justice colonialeLe procès s’est donc ouvert lundi 31 mars devant les Assises de Paris... Mais sans l’inculpé, ni les témoins, ni les avocats qui, au même moment, tenaient une conférence de presse à Basse-Terre et dénonçaient une procédure qui les empêchait notamment de venir à Paris pour des raisons financières.Le procès devait donc se dérouler en duplex devant une cour d’assises ignorant tout de la situation en Guadeloupe. Nouveau scandale : lundi, la cour a décidé de faire arrêter Ruddy Alexis et de l’amener de force à Paris, pour comparaître mercredi 2 avril. Les centres de rétention refusant de l'accueillir, les gendarmes l'ont laissé seul dans Paris...En Guadeloupe tout comme en France, de nombreux démocrates s’indignent devant un tel scandale initié sous la droite et confirmé sous la gauche, avec une ministre de la Justice, Taubira, qui laisse faire... Le procès devrait durer près de deux semaines et déjà plusieurs personnalités se sont portées garantes de l’inculpé, dont Mgr Gaillot, présent au procès et prêt à l’héberger.

Correspondant