Publié le Jeudi 28 mars 2013 à 14h05.

Congrès de la CGT : un syndicat à la peine

C’était le congrès de la succession de Bernard Thibault. Celui-ci devait entériner son remplacement par Thierry Le Paon, ce qui s’est fait en présence des anciens secrétaires généraux de la CGT Georges Séguy et Louis Viannet. Mais si le décorum était au point et les décisions déjà prises, cette succession ne s’est pas faite simplement. Nadine Prigent de la fédération santé, ou Éric Aubin de la fédération de la construction et chargé du dossier des retraites en 2010, pressentis un temps pour succéder à Thibault, ont été écartés au profit du nouveau secrétaire général. On ne peut pas dire que cette discussion ait traversé l’organisation syndicale. Les syndiquéEs ont été les spectateurs lointains de cette lutte d’influence dont les enjeux politiques ont été très largement masqués. Au sein même du congrès s'est reflétée cette bataille de succession : la tension que le bureau du congrès a délibérément provoqué contre la fédération santé pendant les débats (réduction brutale à 2 minutes du temps de parole, non-prise en compte d’amendements…) faisait partie de l’arsenal du règlement de comptes entre diverses factions de la direction. La radicalité s'exprimeAu-delà de cette bataille de direction, finalement peu intéressante si ce n’est qu’elle révèle des désaccords d’orientation, il est nettement apparu un grand décalage entre les syndiquéEs et la direction. L’absence d’un positionnement clair vis-à-vis de la politique du gouvernement socialiste, vis-à-vis des accords de compétitivité, du projet de loi sur l’ANI, ont nourri la confrontation avec la direction, largement partagée, au-delà des secteurs traditionnellement oppositionnels. Quelques événements ont mis en pleine lumière ce décalage : succès de Mélenchon à l’applaudimètre, ovation de l’intervention du délégué CGT de Fralib, rejet par un vote par mandats de la modification des statuts présentée par la direction, bronca lors du vote de la résolution actualité qui ne revendiquait pas formellement le rejet de la loi sur l’ANI… La résolution, repoussée, sur les statuts portait sur un point qui a fait épine : la volonté de la direction de relativiser la place des retraitéEs dans la confédération tout en maintenant la cotisation à 1 %. Ceci a obligé Bernard Thibault à monter à la tribune pour arracher par un vote à mains levées des motions atténuant les conséquences de ce camouflet. La frustration des déléguéEs a été accentuée par l’absence des luttes dans le congrès. Cette fois-ci, pas de sans-papiers, pas de boîtes en grève. Une simple collecte de soutien a été organisée au profit des grévistes de PSA qui, eux, étaient totalement absents. Le paroxysme a été atteint lors de la discussion de la résolution actualité le vendredi matin où la salle exigeait le retrait de la loi sur l’ANI pendant qu’Agnès Naton manœuvrait à la tribune pour éviter d’avoir à l’écrire. Cette opposition entre base et sommet est évidemment renforcée par la fragilisation d'une direction qui a raté sa transition, dans un contexte de mécontentement grandissant contre l’austérité et ceux qui la mettent en place. JMB