Publié le Mercredi 5 février 2014 à 18h00.

Assez de reculs, mobilisation !

Ce gouvernement s’engage toujours plus avant dans la gestion zélée d’un système capitaliste contraint à de nouvelles offensives contre le monde du travail pour sauvegarder profits et dividendes. Du coup, un « débat de fond » parcoure les médias en ce début d’année : après son « tournant » (et/ou son accélération), Hollande est–il encore social-démocrate ?

Si on remonte le temps de tout juste un siècle, dès août 1914, la social-démocratie s’est mise au service du système capitaliste en accordant son soutien, à la quasi-unanimité, à la boucherie de la guerre de 14-18. La suite de l’histoire n’a pas démenti ce tournant ; en 1936, où la SFIO a largement contribué à empêcher une évolution plus radicale du mouvement gréviste en France, tout en abandonnant la révolution espagnole ; 1945, remise en route d’un État en grande difficulté... Tout en ayant entre-temps assuré une transition honteuse vers le régime pétainiste (36 parlementaires de la SFIO ont voté contre Pétain, mais 90 pour !). Et que dire du rôle décisif joué par la même SFIO dans les guerres coloniales d’Indochine et d’Algérie, le soutien à De Gaulle et la mise en place de la Ve République ? Un système politique qui va permettre à un Parti socialiste relooké par Mitterrand de se refaire une vitrine de gauche. Mais, en 1981, le retour aux affaires (toutes les affaires !) fait rapidement tomber les masques, avec une scrupuleuse gestion d’un système revenu à son état de crise permanente. La finance échappe à tout contrôle, les salaires sont désindexés de l’inflation... Une vraie politique libérale !

Schröder l’a fait, Hollande en rêve...L’approfondissement, dans la durée, de la crise économique impose aux gouvernements de mettre en œuvre des politiques d’austérité. Les institutions de la Ve République ne permettent guère en France la constitution de gouvernements d’union nationale regroupant gauche, centre et droite. Ceci conduit les partis de « gauche » à assumer complètement cette politique.La recherche de solutions du côté de Peter Hartz, conseiller du « social-démocrate » et ex-chancellier Schröder dont Hollande vante la « courageuse » politique, n’en est que l’actualisation nécessaire. Cette politique a contraint les salariés allemands, à commencer par les femmes, à accepter petits boulots et temps partiels imposés sous peine de perdre tout droit aux allocations chômage ou aux aides sociales. En prime, les entreprises sont exonérées de toute cotisation sociale pour les emplois inférieurs à 400 euros. Résultat : une baisse sans précédent des salaires, une explosion de la précarité et de la pauvreté. La vraie « contrepartie » pour que les patrons acceptent d’embaucher et que le nombre officiel de chômeurs baisse...

Le dialogue social au cœur de cette politiqueCette accélération des attaques est au cœur d’une politique d’austérité qui vise à sauvegarder un système en crise depuis de longues années, mais son ampleur est telle que le gouvernement doit tenter de s’assurer la paix sociale indispensable à sa réussite. Ceci s’inscrit dans le cadre du rapport Gallois sur la compétitivité, marchant dans les pas de Denis Kessler qui était vice-président du Medef : « Les circonstances de la Seconde Guerre mondiale et de la Libération avaient permis d’élaborer, en 1946, un Pacte qui a permis les "Trente glorieuses" ; chacun sent aujourd’hui que ce Pacte négocié il y a 60 ans est à bout de souffle, qu’il ne fonctionne plus et qu’il "fossilise" le dialogue social. Il faut en bâtir un nouveau ». Ce mortifère dialogue social a déjà facilité la mise en place de la contre-réforme des retraites et l’adoption de la loi sur la compétitivité des entreprises. De son côté, le patronat affiche clairement son projet : aucun engagement sur l’emploi.

Construire la riposte sociale et politiqueNous exigeons le retrait immédiat du projet de pacte de responsabilité. Il n’est ni négociable ni amendable. Aucune organisation syndicale ne doit s’y associer que ce soit pour partager un diagnostic ou négocier de prétendues « contreparties ». À l’appel de la CGT, accompagnée quelquefois d’autres syndicats, la journée de mobilisation du 6 février ne doit être qu’une première étape. Dès maintenant, il faut construire la mobilisation par des manifestations, des grèves, les regrouper, les centraliser, pour construire le rapport de forces nécessaire pour faire reculer le gouvernement. Il y a urgence à organiser la révolte sociale et politique contre ce gouvernement. C’est le sens de la proposition d’Olivier Besancenot de préparer un week-end de révolte à gauche avant la fin février.

Robert Pelletier