Publié le Jeudi 30 mai 2013 à 14h53.

Édito : Météo au beau fixe pour les grands patrons

Et encore une promesse électorale enterrée ! La loi sur l’organisation des entreprises privées contre les rémunérations abusives des patrons et pour la représentation salariale ne verra donc jamais le jour. Parce qu’il a « choisi d’agir dans le dialogue » avec les présidents du Medef et de l’Afep (association qui regroupe les sociétés du CAC 40), Moscovici a proposé de miser sur « l’autorégulation exigeante ». De promesses trahies en promesses trahies, ce gouvernement choisit son camp : celui des patrons !

Mais qui peut croire que les patrons du CAC 40 vont s'autolimiter, alors que, selon le journal les Échos, le total de leurs salaires s’élève pour 2012 à 92,7 millions d’euros, soit une moyenne de 2,319 millions pour chacun ? Au contraire, en reculant sur ce projet de loi, Hollande encourage de fait la poursuite de l’enrichissement de quelques-uns au détriment de tous les autres.

Il n’y a pas d’autorégulation de la cupidité des barons du capitalisme, et d’ailleurs, le cabinet qui conseille les grands fonds de pension et d’investissements estime qu’une limite des rémunérations patronales à 240 fois le Smic est acceptable. Ce qui fait un revenu annuel de 4,6 millions d’euros. Déjà 11 patrons dépassent cette limite… Parmi ces patrons, certains n’hésitent pas à menacer l’emploi de leurs salariés, comme par exemple Christopher Viehbacher de Sanofi (7,4 millions d'euros d’après le Parisien), qui prévoit 900 suppressions d’emplois avant 2015.

Certes, à elle seule, la loi ne renversera pas le système capitaliste, mais en s’immisçant dans le droit des plus riches à s’enrichir sur le travail des autres, elle aurait remis un peu en cause l’arrogance patronale, elle aurait permis d’enfoncer un coin dans la toute-puissance de la propriété privée des moyens de production. Accompagnée d’une réelle réforme fiscale, avec un taux d’imposition fortement progressif, en taxant par exemple à 100 % toute la partie dépassant les 20 fois le Smic, elle aurait permis au moins de récupérer un peu de la richesse produite pour la mettre au service des besoins de l’ensemble de la population.

Roseline Vachetta