Publié le Mercredi 7 mai 2014 à 10h48.

Envoyons valser leur Europe de l’austérité !

La campagne pour les élections européennes du 25 mai n’est pas prête de réconcilier les classes populaires avec les professionnels de la politique qui rivalisent de démagogie afin de séduire l’électeur. Entre le PS, une droite qui se dit socialiste, la droite qui se prétend populaire ou la droite nationaliste et extrême, on ne sait à qui revient la palme d’or. Le véritable enjeu de ces élections est d’offrir une perspective politique à celles et ceux qui rejettent ces partis.

Hollande a changé son personnel gouvernemental pour embaucher un jeune et fringant Premier ministre chargé d’aggraver sa politique d’austérité... tout en tentant de nous vendre des mirages. Il vient de découvrir à l’horizon « le retournement économique ». « Cette phase doit se traduire par une croissance plus forte, une compétitivité plus importante, une redistribution du pouvoir d’achat par une baisse des impôts ». Il n’a pas osé ajouter à cette mauvaise blague cynique l’inversion de la courbe du chômage... Déjà à l’occasion du 14 juillet 2013, il avait eu une vision : « la reprise, elle est là », avait-il déclaré. Chacun connaît la suite, et plus personne ne croit à ce discours de cartomancienne destiné à nous bluffer.

Ni la peste ni le choléraAlors, le 25 mai, il nous faut dire avec force que nous ne sommes pas dupes du discours de Hollande, pas dupes non plus de celui de Copé et de ses amis. L’UMP se divise, à la veille des élections : les Wauquiez et Gaino courent derrière le FN pour flatter les mêmes inquiétudes, les mêmes peurs afin de diviser les classes populaires, de dévoyer leur colère dans l’impasse du repli national, de la xénophobie, du racisme. « Ne laissons pas le terrain à l’extrême droite, c’est à nous de porter le rêve européen », répond Valls. Mais, pour l’immense majorité de la population, ce rêve ressemble à un cauchemar. Il serait pour le moins illusoire de croire faire barrage à l’extrême droite en votant pour le PS, c’est-à-dire en approuvant une politique qui fait le lit du FN. Nous n’avons pas à choisir entre ceux qui défendent l’Europe capitaliste et ceux qui défendent la France capitaliste ou ceux qui défendent les deux. Ce qui nous importe, c’est de nous défendre nous-mêmes en alliance, en coopération avec les travailleuses et les travailleurs qui, par delà les frontières et quelles que soient leurs origines, ont les mêmes intérêts que nous.

L’absurdité du nationalismeQuand le PS et l’UMP – qui ont construit l’Europe capitaliste, l’Europe du chômage et de l’austérité –, ou le FN – qui veut en sortir –, nous parlent de la France, c’est aux patrons, aux banques et aux multinationales qu’ils pensent, à leurs intérêts, c’est-à-dire à leurs profits, leurs privilèges. Ces derniers savent parfaitement ignorer les frontières pour mettre les salariés en concurrence, abaisser le « coût du travail », trouver des investissements juteux ou des marchés. Imaginer qu’il soit possible de se replier derrière les frontières est une absurdité, un piège. La moitié des capitaux investis dans les multinationales du CAC 40 sont des investissements internationaux. Près de 70 % de leur chiffre d’affaires est réalisé hors de France ! Alors, ceux qui vantent le repli sur l’hexagone rêvent simplement d’enfermer les travailleurs et les peuples dans la prison des frontières pour mieux les livrer à l’exploitation du capital mondialisé.

Ne pas s’abstenir de faire notre politiqueFace à tous ces boniments, les travailleurs, les classes populaires ont tout intérêt à dire leur mot, à exprimer leur colère, leur révolte. Bien sûr, les grands partis craignent l’abstention qui leur enlève toute légitimité, mais il faudrait qu’ils craignent surtout notre colère, nos luttes et nos mobilisations. C’est le seul langage qu’ils comprennent, celui du rapport de forces. S’abstenir, c’est leur laisser les mains libres. Voter anticapitaliste, c’est leur dire clairement que nous refusons cette Europe de l’austérité et du chômage, l’Europe du PS et de l’UMP comme nous refusons la France capitaliste. C’est leur dire que nous ne comptons que sur nous -mêmes, nos propres organisations pour changer les choses, en finir avec la dictature de la finance et ouvrir la perspective d’une Europe de la coopération et de la solidarité.

Yvan Lemaitre