Publié le Jeudi 28 mars 2013 à 12h24.

Edito : Il faut choisir

Plus tribun que jamais lors du congrès du PG à Bordeaux, Mélenchon a multiplié les diatribes. Pense-t-il vraiment, comme il l’a dit dans un entretien à Mediapart il y a quelques jours au sujet de l’Italie, que la période est « prérévolutionnaire et qu’il faut, dans cette période, que quelqu’un assume une fonction tribunitienne » ? Il veut « mettre du conflit partout ». Chiche, mais comment ? Il se veut « la mauvaise conscience » des socialistes et donc le premier opposant de Hollande, « leur surmoi » dit-il. Faire pression sur le gouvernement ? C’est en deçà du ras-le-bol exprimé par la population, et pas une réponse à la hauteur des attaques que subissent aujourd’hui des millions de personnes ni à la hauteur des exigences des salariéEs en lutte à PSA ou ailleurs, ou des résistants contre l’Ayraultport ! Eux parlent d’alternative politique et entrent en conflit pour des revendications incompatibles avec la politique de ce gouvernement. Ce qui est franchement inquiétant dans ce discours de Bordeaux, c’est ce mélange continuel d’appels à la lutte sociale et de propos très républicains, quasiment nationalistes, tels « Moscovici, quelqu’un qui ne pense plus en français mais dans la langue de la finance internationale », ou bien ce refus de sortir de l’euro pour que « l’euro de Merkel ne triomphe pas ». Sans même parler de « l’internationalisme et la solidarité, cela c’est français »… La lutte de classes, l’écosocialisme ne peuvent se limiter aux frontières de l’État et de la République. D’abord parce que cet État n’est pas neutre : ses institutions sont au service de la classe que nous combattons. C’est d’ailleurs pour cela que nous ne voulons pas les gérer. Ensuite parce que la gauche de combat est réellement internationaliste, pour défendre les intérêts communs des oppriméEs par delà d'inutiles frontières. Dans un contexte de mondialisation de la crise économique, écologique, politique, comment tenir un tel discours républicain ? Quel est l’objectif : gouverner le pays, ou bien se mettre au service des mobilisations dans une perspective d’opposition de gauche résolue à ce gouvernement, de rupture avec cette République et de réelle alternative au système ? Il devient urgent de choisir. Roseline Vachetta