Publié le Mardi 23 avril 2024 à 18h35.

La Palestine, un combat vital

La situation de tension que nous vivons aujourd’hui se caractérise par une fuite en avant, de la guerre, de l’autoritarisme et de la concurrence entre les puissances impérialistes, anciennes et nouvelles, pour l’accaparement de ressources de plus en plus limitées. 

Le 7 octobre 2023 et les plus de sept mois de bombardements et de massacres perpétrés par l’armée israélienne, tout cela participe grandement à accélérer le démantèlement du dispositif du droit international et, plus largement, des principes sur lesquels reposait la légitimité de la démocratie bourgeoise. 

La Palestine constitue en ce sens un cas d’école. L’issue de sa lutte pour l’existence dépasse les frontières pour devenir un combat mondial contre l’impérialisme, l’autoritarisme et l’oppression des peuples. Conscients de ça, les États occidentaux ont eu besoin de recourir à la machine médiatique et répressive afin d’invisibiliser et criminaliser leurs adversaires et d’étouffer, pour l’instant sans succès, les mouvements internationaux de solidarité envers le peuple palestinien. 

 

Invisibiliser, criminaliser et réprimer pour continuer à régner

La couverture médiatique du 7 octobre a permis de catégoriser l’État d’Israël comme victime, comme une démocratie à nous familière qui lutterait pour se défendre des attaques « terroristes » du Hamas. Cela permet en même temps de normaliser et naturaliser le totalitarisme, l’occupation coloniale et la déshumanisation de l’altérité en Palestine et ailleurs. Si l’air est devenu irrespirable depuis le 7 octobre c’est précisément parce qu’il s’est opéré un dangereux renversement sémantique où la partie opprimée, emprisonnée, affamée, ségréguée, s’est retrouvée dans le rôle du bourreau. Les visages et les voix des Palestiniens et des Palestiniennes ont disparu au profit d’un récit qui les a réduit·es à un objet étranger qui n’est pas digne de compassion. Il s’agit alors souvent de les désigner uniquement en tant que « boucliers humains » dont « les terroristes » à eux seuls portent la culpabilité de l’élimination. 

 

Urbicide et déni de l’histoire 

L’histoire factuelle de la Nakba de 1948, de l’occupation coloniale presque séculaire, de l’instauration d’un régime d’apartheid est devenue invisible et indicible. Le 7 octobre met en marche une machine de guerre et de destruction implacable, il devient le crime suprême qui justifie tout et cela même quand les indicateurs de la dévastation deviennent incommensurables et les actes de barbarie intolérables. L’indifférence face à la mort de dizaines de milliers d’enfants sous les coups des bombes d’Israël ou à cause des maladies et de la famine est un crime contre l’humanité. L’ampleur de l’attaque est telle que la mémoire même de Gaza et du peuple palestinien est fortement menacée. Que restera-t-il de l’histoire et de la souffrance de Gaza maintenant que la plupart de ses édifices historiques, de ses hôpitaux, de ses universités, ont laissé la place aux décombres ? 

Il n’est pas trop tard pour parler, pour faire bouger les consciences, pour dire ce qui est. Nous avons tous et toutes une grande responsabilité face aux générations futures, celle de ne pas renoncer à notre humanité et de ne pas succomber à la lâcheté et au repli sur soi. 

 

« La censure est l’arme de ceux qui ont déjà perdu »

Comme l’a affirmé Rima Hassan lors du rassemblement lillois qui a fait suite à l’interdiction de la conférence sur la Palestine qu’elle aurait dû animer avec Jean-Luc Mélenchon, « la censure est l’arme de ceux qui ont déjà perdu ». Au cours de la dernière période, la violence étatique a atteint son paroxysme : le secrétaire de l’union départementale CGT du Nord a été condamné à un an de prison avec sursis pour un tract de soutien à la Palestine. Il y a quelques jours, des militant·es écologistes ayant participé à des actions de contestation contre l’entreprise du béton Lafarge ont été arrêté·es violemment à leur domicile dans le cadre de dispositifs antiterroristes. La marche contre le racisme a été interdite à Paris – puis l’interdiction a été cassée par la Justice. Ces exemples montrent la radicalisation autoritaire d’un bloc bourgeois qui allie alliance tacite avec l’extrême droite et violente répression des mouvements sociaux, écologistes et décoloniaux. 

 

Uni·es pour l’égalité des droits du peuple palestinien 

L’unité des forces politiques, syndicales et sociales pour la conquête de l’égalité des droits du peuple palestinien est un enjeu crucial dans la période. Si les États impérialistes ont garanti un soutien « inconditionnel » à Israël, leurs peuples ne sont pas indifférents au sort de la Palestine dont le drame ne peut désormais plus être caché. Une fois imposé le cessez-le-feu, il va falloir lutter pour que l’égalité juridique, politique et civile des Palestiniens et des Palestiniennes soit assurée ainsi que le droit au retour des réfugié·es et l’évacuation de tous les territoires occupés. La fin de l’apartheid constitue une étape essentielle pour la construction d’un État plurinational, pour tous et toutes. Tant que l’État ethnique d’Israël sera considéré comme allant de soi, aucun de nos droits ne sera à l’abri dans les autres coins du monde.