Publié le Jeudi 14 mars 2013 à 16h14.

Hugo Chávez : l'espoir rallumé

En 1999, Hugo Chávez arrive au pouvoir au Venezuela en pleine nuit néolibérale sur le continent américain. Il est alors le seul Président de la région (hormis Fidel Castro à Cuba) à appeler à une rupture avec la pensée unique. « Je jure sur cette Constitution moribonde que j'impulserai les transformations démocratiques nécessaires… », déclare-t-il lors de sa prestation de serment le 2 février de la même année.Le 15 décembre 1999, une nouvelle constitution est approuvée par référendum. Elle prévoit notamment l'organisation d'un référendum révocatoire pour tout mandat d'élection populaire, à mi-mandat et à la demande d'au moins 20 % des électeurs. Hugo Chávez s'y pliera d'ailleurs en 2004, après avoir déjoué le coup d’État mené contre lui en avril 2002.En 2005 à Mar del Plata (Argentine) les pays progressistes de la région, Venezuela en tête, font capoter le projet de Washington de créer une grande zone de libre échange des Amériques (ALCA). La même année, l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) voit le jour, basée sur la coopération solidaire entre les pays membres.Au-delà du continent américain, la diplomatie bolivarienne s'est caractérisée par un pragmatisme très peu internationaliste. Si il soutient la lutte des Palestiniens, Hugo Chávez n'hésite pas à qualifier d'« amis » Mahmoud Ahmadinejad, Khadafi, Loukachenko ou encore Bachar al-Assad. Sa vision campiste lui empêchera notamment de percevoir la nature sociale des printemps arabes.Sur la question de la dette, le président bolivarien n'a jamais convoqué d'audit en vue d'une annulation des dettes illégitimes, comme l'a fait son homologue équatorien. Par contre en 2012, le Venezuela est officiellement sorti du Centre international de règlement des différends relatifs aux investissements (un organe d’arbitrage du groupe de la Banque mondiale).La pauvreté en recul mais un bilan mitigéHugo Chávez utilise l'argent du pétrole pour développer des politiques sociales en faveur des plus démunis. Ainsi, entre 1999 et 2011, la pauvreté au Venezuela est passée de 49,4 % à 29,5 % et l'extrême pauvreté de 21,7 à 11,7 %. En échange de pétrole bon marché, Cuba envoie de manière permanente 30 000 médecins qui s'installent dans les quartiers défavorisés.Outre l'approbation de la nouvelle constitution, la participation citoyenne est favorisée par la création des conseils communaux, organes locaux de démocratie participative créés en 2006. Avec plus ou moins de réussite selon les endroits, ils ne disposent pas d'une souveraineté absolue qui leur permettrait de décider à 100 % du budget local, et sont souvent réduits à pallier l'inefficience des municipalités.Sur le terrain économique, les tentatives de diversifier l'économie sont toujours en cours, avec des résultats mitigés. Le pays reste toujours largement dépendant du pétrole et l'inflation (autour de 20 % par an) réduit à néant les augmentations répétées du salaire minimum. Par ailleurs, la corruption au sein des institutions reste un problème de premier plan et l'insécurité affecte fortement le quotidien de la population : 101 141 homicides en dix ans (pour 28 millions d'habitants).Avec Chávez, les plus démunis ont fait leur apparition dans l'espace public. À une époque où on nous prédisait la « fin de l'histoire », les Vénézuéliens ont été les premiers à rallumer l'espoir en Amérique latine en portant leur Comandante au pouvoir. Et avec eux c'est tout un continent qui s'est remis à rêver.Sébastien Brulez