Publié le Jeudi 17 novembre 2016 à 08h28.

Grèce : Une seule résolution, remobilisations !

Tsipras vient de publier dans Ef. Syn, le « journal des rédacteurs » (journal soutenant Syriza de manière pas toujours critique...), un texte dont les accents rappellent de plus en plus… Hollande ! 

 

«Notre engagement, c’est que le pays et l’économie reviennent à la stabilité et au développement »... Même si Tsipras a encore des accents de compassion pour « protéger les plus démunis, défendre la solidarité sociale, soutenir les jeunes créateurs », la réalité quotidienne est à l’inverse de ces préoccupations, et on cherche en vain dans l’article une référence à la moindre mesure contre le libéralisme. En fait, alors que la troïka relookée veut poursuivre la casse du droit du travail, de la sécurité sociale, le seul objectif du gouvernement Syriza est de donner des gages, cela pour arriver même pas à un allègement de la dette, mais à un étalement !

Le danger naziDans cette optique, Tsipras vient de remanier son gouvernement, pourtant constitué de ministres qui avaient accepté la trahison du référendum en juillet 2015 ! Mais certains étaient encore trop tièdes devant la fuite en avant dans la logique libérale : ainsi le droitier ministre du Travail, qui n’assumait pas la casse totale de la sécurité sociale, le ministre de l’Éducation, qui refusait que l’église orthodoxe impose toujours sa loi à l’école, ou celui de la Mer, bien tiède devant les privatisations des ports… Alors restent ou entrent au gouvernement des ministres sans états d’âme, tel l’ancien directeur de l’office de privatisation.La couleur est annoncée, ne reste donc aux travailleurEs qu’à se battre ! Cette bataille est d’autant plus urgente que la démoralisation, après deux ans de gouvernement Syriza, risque non seulement de faire revenir la droite en tête dans les sondages, mais intensifie le danger des nazis d’Aube dorée. Ceux-ci essaient de regagner la rue. Ainsi ils ont occupé récemment un immeuble abandonné, prétendument pour accueillir les SDF… mais seulement les SDF grecs ! Or, on sait que ce genre d’opération (ils ont depuis été expulsés par la police) peut leur assurer une crédibilité dans la période. L’élection de Trump a aussi été saluée par les nazis comme une victoire…

Trois rendez-vous de mobilisationAussi, le mouvement ouvrier et les jeunes doivent retrouver le chemin des immenses mobilisations. S’il y a bien chaque semaine des manifestations sur tout le territoire, celles-ci ont perdu en force de frappe. Or, la semaine qui s’ouvre pourrait aider à un retour en masse sur le pavé : au moins trois grosses échéances s’offrent au mouvement social pour retrouver sa confiance, contagieuse !D’abord des manifestations anti-impérialistes, anticapitalistes, contre la venue d’Obama : déjà de nombreuses organisations, d’Antarsya au KKE en passant par LAE-Unité Populaire, les syndicats de base, de nombreuses structures étudiantes, appellent à de dynamiques cortèges mardi 15 novembre. Deux jours plus tard a lieu la journée de manifestation commémorant chaque année la répression meurtrière de la Junte des colonels (1967-74) contre les étudiants de l’École Polytechnique en 1973. Cette année, les lycéenEs pourraient s’emparer de cette journée (toujours basée sur le mot d’ordre « Pain, éducation, liberté ») pour prolonger une belle mobilisation qui a eu lieu la semaine passée, avec occupation d’écoles, mais restée sans suite nationale ! Enfin, le 24 novembre a lieu une grève nationale de la fonction publique, contre la casse programmée du secteur (EDF grecque, société de l’eau…).Une grève qui s’annonce comme un moment fort pour affirmer que tout est à nous, rien n’est à eux !

D’Athènes, Andreas Sartzekis