Publié le Mercredi 2 août 2023 à 08h00.

Voitures électriques : le grand bond en arrière

Le passage à la voiture électrique est maintenant largement engagé en Europe :  leurs ventes ont dépassé au premier semestre 2023 celles des moteurs diesel. Comme il fallait le prévoir c’est l’occasion et le prétexte d’une reconfiguration de toute l’industrie automobile mondialisée.

La firme américaine Tesla, propriété d’Elon Musk, est devenue la marque automobile qui vend le plus de voitures électriques en Europe, et cela à un prix moyen supérieur à 40 000 euros. Et au plan mondial, l’industrie automobile chinoise est au premier plan de ce type de voitures, la firme chinoise BYD y étant numéro 1 mondial, devant Tesla.

Guerre des prix et pression sur la force de travail

Les firmes automobiles leaders en Europe, Volkswagen et Stellantis, voient dans le domaine des voitures électriques leurs positions disputées en Chine et sur leurs marchés historiques. Le filon « gagner plus en produisant moins » est en passe de s’épuiser car tant Tesla que les firmes chinoises commencent une guerre des prix à la baisse. Dans un contexte où il n’est pas question de rogner sur leurs profits, les firmes automobiles cherchent évidemment à s’en prendre à la force de travail. Et Tavares fait un bras d’honneur au gouvernement français en refusant d’implanter en France une usine pour y fabriquer des petites voitures électriques.

Quant à Renault l’heure est à son démantèlement. Toute l’activité « moteurs thermiques », encore fabriqués et vendus dans plus de la moitié du monde, est maintenant transférée à une entité détenue à parité avec la firme chinoise Geely déjà présente en Europe après son rachat de Volvo. Quant à l’activité voiture électrique, Renault continue de multiplier les mécanos industriels, sous-traitant notamment la fabrication de batteries. Au contraire, Tesla et les firmes chinoises comme BYD développent, et à rebours de ce qui s’amplifiait depuis cinquante ans, une intégration verticale de leurs activités.

La semaine de 100 heures

Cette « transition » est une marche arrière toute vers plus de flexibilité, rebaptisée agilité, et plus de travail contraint. Il faut savoir qu’Elon Musk – cette référence de la modernité du 21e siècle – a déclaré qu’il souhaitait une semaine de travail de 100 heures. Pas de faute de frappe, c’est bien cent heures !

Toutes les résistances, non pour défendre une bagnole condamnée, mais pour enrayer ce grand bond en arrière doivent être soutenues. À l’exemple de celle des travailleurs de Fiat venus manifester devant le siège de PSA à Poissy, ou de celles des syndicats de tous les établissements Renault impliqués par la mise en place de la nouvelle entité Ampère qui remettra en cause conventions collectives et avantages acquis.

Il y a seulement cinq ans tous les « experts » rabâchaient l’impossibilité pour les firmes automobiles de produire autre chose que des voitures diesel ou essence. Aujourd’hui, subventionnées par les pouvoirs publics, elles abandonnent en Europe ce type de production tout en réalisant des profits inégalés depuis la grande crise de 2008. Oui, il est possible de produire autrement et pour d’autres fins en respectant l’environnement. C’est une question de rapports de force sociaux et de choix politique.