Publié le Lundi 18 juillet 2016 à 15h14.

Euro 2016 : stades et fan-zones de non-droit

Plusieurs centaines de millions d’euros d’exonérations fiscales ont généreusement été accordées par le gouvernement à l’UEFA. Mais cela ne suffisait pas. Il a fallu mettre les patrons du foot à l’abri du droit du travail...

Les agents de contrôle de l’inspection du travail sont normalement libres d’entrer sans avertissement préalable dans tous les lieux où sont employés des travailleurs. Leur indépendance est reconnue par la convention 81 de l’OIT. Mais le ministère du Travail, prenant pour prétexte les « forts risques terroristes », a remis à l’UEFA une liste des 244 agents de contrôle susceptibles d’intervenir dans 10 enceintes sportives. Il a imposé aux agents compétents pour ces sites de demander une accréditation avant chaque contrôle. Des situations habituellement qualifiées de délits d’obstacle aux fonctions des inspecteurs et contrôleurs du travail deviennent « normales » : des agents qui poireautent 30 minutes avant de pouvoir faire leur contrôle quand d’autres sont carrément refoulés à l’entrée des stades.

Il n’y a donc plus d’intervention inopinée possible. La surprise est pourtant bien souvent le seul moyen de déceler les fraudes. En revanche, les milliers de sous-traitants, d’intérimaires et de « bénévoles » travaillant dans ces mêmes stades disposent eux d’accréditations permanentes...

« Bénévoles » ? 

Loin des grandes promesses de créations d’emplois massives censées venir compenser les cadeaux fiscaux, l’UEFA a déployé des efforts importants pour recruter 6 500 bénévoles... sur des postes allant des chauffeurs des VIP aux hôtesses dans les hôtels des équipes, sans oublier les services techniques et la lutte anti-dopage. Tout cela en respectant, entre autres, des horaires de travail imposés pouvant aller jusqu’à 10 heures par jour ! Le ministère du Travail a donné son blanc seing à cette utilisation massive de travail bénévole, à contre-courant du droit du travail.

Pourtant, avec des recettes estimées à deux milliards d’euros en un mois, on peut dire que de l’argent il y en a dans les poches de l’UEFA !

Comité inspection du travail Île-de-France