Publié le Dimanche 13 avril 2014 à 09h59.

Congrès du SNES : la direction critiquée ne rompt pas avec le gouvernement

Le congrès du SNES-FSU, syndicat majoritaire dans l’enseignement secondaire, s’est tenu à Marseille du 31 mars au 4 avril. Depuis 2012, l’éducation n’a pas été épargnée par les politiques d’austérité : gel des salaires, recrutements insuffisants, précarisation des conditions de travail...

La réforme de l’éducation prioritaire poursuit le laboratoire de déréglementation que la droite en a fait, et renforce le tri social à l’école. La réforme des statuts des enseignants est une attaque très grave : elle alourdit la charge de travail, permet un allongement du temps de travail annuel, une définition en partie locale des services et renforce les hiérarchies.

Contre l’accompagnement, s’opposerDepuis 2012, la direction nationale du SNES a accompagné ces politiques : elle a participé à l’écriture des réformes tout en refusant de construire le rapport de forces, dans la rue et par la grève, pour porter les intérêts des personnels et des élèves. Pourtant cet hiver, les grèves en Île-de-France, à Aix-Marseille, ont illustré le ras-le-bol du secteur et le potentiel de lutte.Au congrès, une opposition s’est exprimée montrant à des degrés divers une volonté de s’opposer au gouvernement : celle des tendances de gauche mais aussi de militantEs de la tendance majoritaire. Les dirigeantEs du SNES ont dû nuancer leur approbation des réformes du statut et de l’EP, accepter de préparer le syndicat à réagir aux dégradations des conditions de travail et d’étude qui « pourraient » en découler.Mais les militantEs critiques de la tendance majoritaire se sont satisfaits de ces concessions, pris dans la contradiction entre leur volonté d’orienter le SNES sur des bases plus combatives et leur souci de préserver l’appareil du syndicat. Ces hésitations les empêchent à ce stade de mener le combat de façon organisée sur la durée. Et au final les textes votés laissent les mains libres à la direction nationale pour poursuivre poliment ses négociations avec le gouvernement.

Pour une rentrée de lutteL’opposition s’est aussi manifestée concernant la « recomposition syndicale ». Alors que la direction nationale préparait une intégration bureaucratique dans la CGT, le congrès a voté l’inclusion de Solidaires dans les discussions. Cela peut être un point d’appui pour le refus d’une fusion par le haut dictée par les intérêts d’appareil liés à la représentativité et la recherche d’une place de choix à la table du « dialogue social », et pour une unification sur la base d’un militantisme commun sur le terrain et sur une ligne combative.Il est d’autant plus nécessaire et utile de renforcer l’opposition dans le SNES, continuer à militer à tous les niveaux, dans les établissements et les sections syndicales, pour qu’une opposition s’exprime contre le gouvernement. Cela commence par pousser les sections syndicales à œuvrer pour la réussite des manifestations du 12 avril contre la politique du gouvernement et l’extrême droite. Dans l’éducation, il faut continuer à combattre le décret Peillon sur les statuts et la réforme de l’éducation prioritaire, pour préparer une rentrée 2014 de lutte. Cette rentrée, prévue le 29 août, illustre la volonté du gouvernement d’augmenter le temps de travail. Cette provocation, liée aux conditions de rentrée difficiles, pourrait créer des conditions favorables pour construire la mobilisation et entraîner les collègues et le syndicat majoritaire dans la lutte.

CorrespondantEs