Publié le Samedi 2 mars 2024 à 13h00.

Autour de l’A69, une répression brutale pour un projet mortifère

Désastreux pour les terres agricoles, les zones humides, la biodiversité, le projet d’autoroute entre Castres et Toulouse, mené par l’entreprise NGE-ATOSCA, est un non-sens écologique, socialement injuste. L’A69 imposera un péage important et isolera de nombreux territoires.

Le long du tracé, la lutte s’organise autour d’arbres centenaires menacés de coupes illégales. Les écureuilEs ont planté leurs tentes dans les branches, harceléEs jour et nuit par les forces de l’ordre.

Le rapporteur de l’ONU alarmé par les méthodes répressives 

Orchestrée par le préfet du Tarn, Michel Vilbois, la répression est massive, disproportionnée, illégale. De jour comme de nuit, les forces de l’ordre exercent un harcèlement permanent, tirs de grenades, enfumage par combustion de matériaux divers (bois, plastiques, pneus), privation de sommeil, de ravitaillements en eau et nourriture… Plusieurs collectifs et associations ont déposé plainte contre X le 16 février pour « mise en danger volontaire de la vie d’autrui ».

Deux « centaures », blindés ultramodernes de maintien de l’ordre, et une quinzaine de camions de la gendarmerie mobile empêchent ceux d’en bas de s’approcher des arbres et font peser une menace permanente sur la ZAD de la Crém’Arbre.

Des interpellations brutales, des procédures judiciaires abusives cherchent à affaiblir la détermination des écureuilEs et de leurs soutiens.

Alerté sur « les méthodes de maintien de l’ordre employées contre les militants pacifiques sur le chantier de l’A69 », qu’il jugeait « alarmantes », le rapporteur de l’ONU, Michel Forst, s’est rendu sur place. Il a assisté en direct à l’interpellation musclée d’un écureuil par les gendarmes de la CNAMO (Cellule nationale d’appui à la mobilité). Son rapport est attendu.

Nouvelle occupation et recours juridiques

L’occupation sur le terrain va se poursuivre, un nouveau site, la Cal’Arbre, encore préservé, est occupé depuis vendredi.

À l’Assemblée nationale, une commission d’enquête parlementaire va examiner les aspects juridiques et financiers du dossier d’autoroute A69, dans lequel d’importantes zones d’ombres ont été identifiées. Les macronistes, majoritaires, ont imposé Jean Terlier, député du Tarn et farouche partisan de l’A69, comme président de la commission. Une nouvelle marque d’arrogance et de mépris !

Plusieurs démarches juridiques sont en cours. La Voie est Libre a attaqué les autorisations environnementales accordées au projet d’A69. Elle conteste la raison impérative d’intérêt public majeur et l’absence de recherche sincère et sérieuse d’une alternative (routière et ferroviaire) à ce projet autoroutier.

La destruction de 260 arbres d’alignement routier multicentenaires sans autorisation et l’absence d’état des lieux d’une zone humide par Atosca avant le démarrage des travaux ont fait l’objet de plaintes aux pénal.

Malgré l’appel des scientifiques toulousains de l’Atecopo, celui des 2 000 chercheurs, dont les auteurs du Giec, Valérie Masson-Delmotte et Christophe Cassou, face à l’urgence climatique, le gouvernement Macron a choisi son camp. Artificialisation des sols, encouragement à la voiture individuelle, soutien aux bétonneurs, en utilisant une répression brutale. Mais les majorités de gauche, Carole Delga présidente de la région Occitanie, Christophe Ramond président du conseil départemental du Tarn, portent aussi une lourde responsabilité.

Suspendre le chantier, c’est l’urgence !

Depuis plus d’un an, la lutte contre l’A69 a pris une ampleur nationale. Pétitions, prises de position d’éluEs et de scientifiques, recours juridiques, manifestations massives, campagnes d’information, déambulations carnavalesques, occupations d’arbres et installations de ZAD sur le tracé nourrissent cette lutte. Collectifs et associations ont un même objectif : l’abandon pur et simple du projet.

Aujourd’hui leur demande est claire : contre le passage en force, il faut un moratoire immédiat du projet avec la suspension du chantier pour laisser le temps à la justice d’examiner les recours, aux parlementaires de la commission d’enquête de mener leurs travaux et aux oppositions d’être entendues. Ne rien lâcher !