Publié le Dimanche 6 avril 2014 à 14h09.

Centre de rétention : des prisons qui ne disent pas leur nom

Le samedi 22 mars, 250 manifestantEs ont défilé à Saint-Jacques-de-la-Lande près de Rennes (35), à l’appel de la Coordination Bretagne - Pays de Loire solidaire des personnes immigrées. En ligne de mire, le Centre de rétention administrative (CRA) de Rennes.

Cette coordination regroupe depuis une quinzaine d’années des réseaux luttant contre le sort fait aux étrangerEs à Rennes, Brest,Quimper, Nantes, Saint-Nazaire, Laval, Angers... Le Collectif de soutien aux sans-papiers de Rennes est bien connu des services préfectoraux pour ses actions quasi quotidiennes d’accompagnement des étrangers dans les files d’attente de la préfecture, au tribunal administratif et lors des occupations de lieux d’hébergement avec l’association Droit au logement. Rennes a aussi le privilège d’avoir un CRA où sont enfermés les déboutéEs en attente d’expulsion, regroupés depuis toute la région.

Société d’exclusion et d’enfermementC’est donc un cortège bruyant et déterminé qui a pris la direction du CRA ce 22 mars. Les djembés des militantEs du comité de sans-­papiers de Rennes rythmaient les slogans pour la régularisation de tous les sans-papiers et la fermeture des CRA. Une banderole « Non aux expulsions ! » a été accrochée sur un pont, au-dessus de la quatre-voies. Après avoir dépassé l’aéroport, symbole du retour forcé au pays effectué maintenant par des avions de l’armée, à hauteur de la foire exposition (sur le thème du Brésil !), nous avons tourné en direction du CRA. Barrage de CRS, CRA isolé par des bâches pour empêcher les détenus de nous voir, terrains des gens du voyage situés derrière... nous avons crié notre révolte face à cette accumulation des symboles de l’exclusion par cette société policière.Parmi les prises de parole, une camarade de Rennes déclara : le CRA de Rennes a « le triste privilège d’enfermer des familles » et a en particulier enfermé six pères de famille en quelques jours. Grâce au téléphone portable, un des détenus nous a raconté son histoire : « Je suis en France depuis 11 ans, en provenance du Sénégal. Je travaillais à Emmaüs, toute ma famille est à Paris. »

Contre la politique de Hollande et Valls, on continue le combatContre la banalisation du racisme d’état, contre la politique de droite du PS sur cette question (aussi) et la nouvelle circulaire Valls, le combat continue. Comme à Rennes jeudi 27 mars avec les étudiantEs refusant l’expulsion d’un des leurs d’origines guinéennes, Aly, qui a été libéré ; ou ce samedi 29 mars à la Guerche-de-Bretagne contre les assignations à résidence.Depuis 1999, 300 000 personnes sans papiers ont été enfermées de force dans un des 24 CRA. Les centres de rétention ne sont pas considérés comme des prisons parce que les personnes retenues ont un droit de visite quotidien et ont la possibilité de se promener « librement » dans le centre... En 2012, ce sont 40 000 personnes qui ont été expulsées de force (dont la moitié en outre-mer). Suite au changement de majorité politique, le nombre d’expulsions a augmenté de 12 %... L’enfermement des enfants a continué en France métropolitaine pour atteindre le nombre de 210 enfants enfermés, et la circulaire ne s’applique pas à Mayotte où 5 000 enfants sont enfermés chaque année.Ni rétention ni expulsion ! Des papiers pour tous les sans-papiers ! Fermeture des CRA !

Gérard Gueniffey