Publié le Samedi 11 mai 2024 à 16h00.

Maternités : miracles et malédictions, de Noémie Fachan

Noémie Fachan aka @maedusa_gorgon, Hatier, 2023, 160 pages, 21,90 euros.

Dans le cabinet de « gorgonologie » — quelque part entre la gynécologue, la psy, l’amie… — se succèdent les patientEs et les histoires, chacune venant remettre en question l’image que nos cultures et nos sociétés ont formée de la parentalité. Au travers de ces « Portraits pour questionner les injonctions à la parentalité », l’autrice nous conduit à reconsidérer les choix qu’on croyait nôtres quant au désir d’enfant et le regard qu’on peut porter sur la grossesse, l’éducation, la contraception et bien plus.

Désir et injonctions sociales

Maedusa-gorgon, la quarantaine approchant, sent peser sur elle le poids des attentes de ce monde... et les siennes. Au fond, a-t-elle un vrai désir d’enfant ou n’est-ce que ce que son éducation et notre société patriarcale lui ont appris à penser ? Comment faire le tri entre ses propres besoins, ressentis, et le formatage inconscient auquel nous sommes toutEs confrontéEs ? Pour faire le point, elle nous emmène avec elle traîner discrètement l’oreille lors des consultations de 19 personnes, inspirées de témoignages réels, venues parler charge mentale, discrimination, dangers de la grossesse, épuisement, fausse couche, dépression… 

Non contente de nous imposer, particulièrement à nous les femmes, le désir d’enfanter — « tu ne veux pas d’enfants ? Tu changeras d’avis plus tard », « Tu n’as juste pas rencontré le bon partenaire », etc. — ce monde attend que nous soyons des parents parfaits. 

Contradictions

Spoiler : mission impossible. D’abord, nous n’aurons jamais le bon nombre d’enfants. Celleux qui ont enfanté un ou deux marmots le savent, on nous demande toujours quand est prévu le suivant. Celleux qui ont fait le choix d’en avoir plus le savent aussi, dès le troisième, c’est trop. Quoi qu’on fasse, on n’a jamais bon. Ensuite, il faudrait que les mères arrêtent de travailler dans une société qui pourtant dénigre les femmes au foyer. Il faudrait maîtriser l’éducation positive, mais quand on le fait on devient laxiste. Il faudrait tout gérer, tout le temps, et ne jamais se montrer fatiguéE, parce qu’après tout, la parentalité, ce n’est que du bonheur !

Avec son regard bienveillant, engagé et plein d’humour, Noémie Fachan nous aide à prendre du recul sur nos choix de vie, voire nos défaillances parentales, et nous permet de remettre en question nos propres comportements inconscients. Un livre à faire lire à toutEs, parents ou non, pour avancer un peu vers des maternités joyeusement et sereinement imparfaites ! 

Cyrielle L.A.