Publié le Samedi 11 mai 2024 à 10h00.

Dans les oubliettes de la République. Georges Ibrahim Abdallah, de Pierre Carle et Malo Kerfriden

Éditions Delcourt, 2024, 128 pages, 21,90 euros.

À la suite d’une rencontre avec Isabelle, militante bordelaise du comité pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, Pierre Carle a voulu aider la campagne de soutien en faisant un film documentaire, qui devrait sortir prochainement, et en produisant cette BD avec le dessinateur Malo Kerfriden.

Les conflits au Proche-Orient dans les années 1980

Il ne s’agit pas de raconter seulement l’histoire du plus ancien prisonnier politique de France et d’Europe, de cette injustice, de ce scandale d’État qui revient à enfermer un militant communiste révolutionnaire, sans preuve de son implication dans des attentats des années 1980.

Tout commence il y a un peu plus de 40 ans, au moment de conflits armés avec Israël (déjà ?) qui envahit le Liban : ce sont les massacres de villages et camps de réfugiéEs de Sabra et Chatila, c’est l’Irak de Hussein qui déclare la guerre à l’Iran. Des Libanais mènent alors une lutte de résistance armée pour leur liberté. Et du côté de l’Europe, de la France, ce sont les tractations, les manœuvres diplomatiques, des services secrets, les agissements à distance des pays impérialistes comme la France.

Une vague d’attentats se produit en France, et c’est Georges qui est visé, accusé, emprisonné dans un processus policier et ­judiciaire trouble. Depuis, Georges, pourtant libérable depuis plus de vingt ans, est toujours enfermé à Lannemezan (65). La BD montre l’acharnement de l’État français contre un militant, entre incompétences, malhonnêteté et répression politique à l’égard de celles et ceux qui se battent aux côtés des PalestinienNEs contre le colonialisme israélien.

Injustice, acharnement et oubli

Il y a l’État français qui cherche à satisfaire les exigences des États-Unis, qui font pression pour que le communiste libanais reste en prison à vie, et il y a ces « grands » médias français qui d’abord racontent n’importe quoi en reprenant les thèses policières mensongères (le Monde sous Edwy Plenel, le Figaro…) Ensuite, en négligeant cette sordide affaire, en la laissant dans les oubliettes, même les médias spécialistes des enquêtes ne se penchent pas dessus.

Ce livre, qui rappelle et dénonce cette injustice, vient très bien en relais et en soutien de la bataille menée par de nombreuxEs militantEs impliqués dans plusieurs comités de soutien à Georges depuis des années, notamment dans l’organisation annuelle de la manifestation devant la prison de Lannemezan, pour montrer à Georges qu’une partie de la population ne l’oublie pas.

Philippe Poutou