
Contrairement aux analyses en vogue lors des soulèvements arabes de l’hiver 2010-2011, c’est bien à un processus durable de contestation de l’ordre régional que nous assistons depuis lors. En témoignent les mouvements populaires en cours en Algérie et au Soudan qui, s’ils sont bien évidemment portés par des singularités nationales, s’inscrivent dans le cycle, ouvert il y a maintenant plus de 8 ans, de remise en cause d’un système régional de domination et de ses déclinaisons locales.
À l’échelle de la région, on assistait jusqu’à très récemment, notamment depuis 2013, à une contre-offensive et une polarisation réactionnaires entre, d’une part, anciens régimes et, d’autre part, intégrisme islamique dominé par les Frères musulmans. Cela avait posé une chape de plomb sur les aspirations des soulèvements de 2010-2011, les politiques des puissances régionales et internationales contribuant en outre à alimenter cette polarisation.
Mais cette contre-offensive réactionnaire, incapable d’éteindre l’incendie régional, n’a pas été en mesure de stabiliser la situation et de produire un « nouvel ordre » consolidé et un tant soit peu légitime. Les mobilisations se sont poursuivies, avec plus ou moins d’intensité et de succès, confirmant qu’un nouvel espace s’était ouvert pour des mouvements de contestation politique et sociale d’ampleur, et que la brèche était loin de s’être refermée. Et aujourd’hui, les soulèvements au Soudan et en Algérie témoignent que, sans verser dans un optimisme excessif et en tirant les leçons des récentes défaites, l’espoir est permis.
«Le long printemps arabe» et la place actuelle des soulèvements en Algérie et au Soudan
Entretien avec Gilbert Achcar conduit par Ashley Smith. (Entretien publié le 18 mai 2019 sur le site Jacobin ; traduction A l’Encontr
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