Publié le Dimanche 26 janvier 2014 à 15h29.

Roms : l’infâme politique raciste

Pas de grands médias pour la conférence de presse organisée par l’European Roma Rights Centre (ERRC) et la Ligue des droits de l’homme ce mardi 12 janvier. Et pourtant c’est un  vrai record qui était décrypté, avec 21 537 « évacuations » de Roms étrangers pour l’année 2013 sous le gouvernement Valls-Hollande.

En déclarant qu’il n’y a « pas d’autre solution que de démanteler ces campements progressivement et de reconduire [ces populations] à la frontière… les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie », Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, a fixé le cadre de cette politique de « gauche ». Elle est pourtant en contradiction avec la circulaire d’août 2012, résultat de difficiles tractations au sein du gouvernement.La réalité des chiffresCette circulaire préconisait d’anticiper les évacuations, sauf urgence en matière de sécurité des personnes, en proposant un autre logement, même provisoire, sauf pour les cas où cela impliquerait l’impossibilité pour les enfants de poursuivre leur scolarité. Dans le même temps, Pôle emploi devait procéder à une analyse de la situation des habitants de camps afin de « déterminer leur distance à l’emploi et au marché du travail et d’avoir accès à des formations, des chantiers d’insertion ». Dominique Baudis, Défenseur des droits, accusait en septembre dernier le gouvernement de ne pas respecter les règles qu’il a lui-même édictées dans cette circulaire.On est ainsi passé de 3 034 évacuations en 2010, 8 572 en 2011, 10 469 en 2012 et 21 537 en 2013 sous le gouvernement de « gauche »…Avec une population évaluée à un peu moins de 17 000 personnes, cela veut dire que chaque membre de cette population a été évacué au moins une fois.Ces chiffres ne sont évidemment pas issus d’une opération de transparence du gouvernement mais d’un travail minutieux organisé et centralisé par les comités de la LDH, les associations d’aide et de soutien aux Roms et par une scrutation rigoureuse de la presse régionale.Violence contre les plus démunisMais la sinistre présentation des chiffres ne dit rien de la brutalité des violences exercées, avec en amont le harcèlement policier et la multiplication des obligations de quitter le territoire français (OQTF). Dans le même temps, la réelle montée d’un climat xénophobe attisé par les déclarations des responsables politiques se manifeste par le développement des pétitions, attaques de lieux de vie, jusqu’à l’utilisation de cocktails Molotov…Les terrains d’installation des Roms sont au 2/3 des terrains publics et non privés, et les demandes d’évacuation sont donc pour l’essentiel faites par des représentants de l’administration locale (maires, préfets de droite comme de gauche). Les évacuations se font dans les conditions les plus brutales avec parfois l’intervention du GIGN et de gaz lacrymogènes, y compris contre des enfants. L’intervention des forces de « l’ordre » consiste en la destruction de toutes formes d’habitation et de tous les biens, sans le moindre discernement, et font l’objet de dérapages systématiques.Si elles sont exceptionnellement liées à de rares propositions de relogement, le plus souvent les évacuéEs sont pistés, poursuivis, afin d’empêcher toute nouvelle installation à proximité du lieu rayé de la carte par les bulldozers.La pire des politiquesAu total, pour ERRC et la LDH, les méthodes pour la mise en œuvre de la politique de l’actuel gouvernement sont plutôt pires que celles mise en œuvre par les précédents. Et avec des « résultats » bien « meilleurs »... La gauche efficace, même dans le pire ! La justification politique qui consiste à montrer que la gauche en matière d’immigration comme en matière de sécurité n’est pas laxiste conduit sur la chemin pourri du racisme d’État qui engendre et conforte le racisme ordinaire, et contribue, entre autres, à la validation des idées les plus réactionnaires.C’est aussi pourquoi les mobilisations contre les évacuations des Roms, les expulsions des sans-papiers, contre toutes les formes de racisme, sont au cœur de notre politique.Robert Pelletier