Publié le Mercredi 18 décembre 2013 à 20h00.

Chantier Iter : 3000 travailleurs détachés !

Le recours à des travailleurs étrangers exploités n’est pas nouveau dans le nucléaire. En 2010 déjà, on tombait sur 9 Portugais, d’origine africaine, exploités dans des conditions indignes, tout en travaillant sur le ferraillage d’un réacteur nucléaire du CEA, à Manosque.

Quand la direction du gigantesque chantier international Iter s’est mise à rechercher 3000 « hébergements » pour des travailleurs détachés, la réaction a été immédiate. Iter (en anglais : International Thermonuclear Experimental Reactor ou en français : « réacteur thermonucléaire expérimental international ») est un projet de machine expérimentale visant à démontrer la faisabilité d'un réacteur nucléaire utilisant le principe de la fusion. Il sera construit près de Cadarache.

Cette annonce a provoqué un tel choc que militants du collectif anti-nucléaire et syndicalistes anti ou pro nucléaires se sont rassemblés. Tractage, affichage, du Collectif de résistance et d’initiative populaire de Forcalquier, presse et radio alternatives emboîtant le pas, les deux réunions publiques sur ce sujet ont fait salle comble. « Travailleurs de tous les pays mêmes patrons même combat » était traduit en 10 langues sur le tract.

Toujours les mêmes... les capitalistes !

Il fallait d’abord répondre au réflexe primaire, « les Français d’abord », en expliquant que ce sont les mêmes mécanismes de recherche de profits capitalistes qui jettent dans la misère des travailleurs de Pologne ou d’ailleurs, ruinent les sous traitants écrasés par les grandes firmes et imposent en France une armée de réserve de chômeurs. Cette arrivée de 3000 travailleurs détachés contredisait aussi les promesses de « développement » et d’emplois locaux, justifiant un siphonnage massif d’argent public.

Le budget d’hébergement (nourriture et logement) qui ne devait pas dépasser 300 euros mensuel, a provoqué l’émoi des éluEs concernéEs. Le « guide du logement » d’Iter indiquait par commune, les quotas à remplir. La vacance des locaux due à la désertification industrielle allait-elle permettre l’installation des nouveaux immigrés ?

La deuxième réunion à Manosque, bastion de la nucléocratie, a vu débarquer une dizaine de patrons du BTP. Trop petites et inadaptées aux adjudications complexes d’Iter, confrontées à la baisse des commandes publiques, concurrencées par leurs concurrentes d’Europe de l’Est, ils affirmaient que leurs entreprises étaient au bord de la faillite. Un responsable du BTP04 affirmait être, lui aussi, conscient que « le capitalisme avait atteint ses limites ! »

Trois semaines plus tard, un jeune ouvrier polonais se tuait en tombant d’un toit… La Provence titrait enfin sur les travailleurs détachés d’Iter !

Correspondant 04