Publié le Jeudi 28 novembre 2013 à 16h14.

Maires : en première ligne

Le congrès des maires qui s’est déroulé la semaine dernière s’est fait l’écho de la grogne des élus locaux. Rien d’étonnant...

Ceux et celles qui sont allés chercher des signatures pour une campagne présidentielle ont bien vu que l’immense majorité des maires le sont de toutes petites communes aux moyens très limités.Cette situation difficile se marque aussi lorsqu’un nombre grandissant de maires sont en réalité des mairesses, une féminisation qui, comme pour d’autres fonctions, témoignerait de l’abandon des communes par ceux qui cherchent des positions de notabilité. Il a bon dos, le « dévouement » qui continue d’être associé à la participation politique des femmes. Or le gouvernement ne cesse de réduire les marges de manœuvre des municipalités. La chose peut surprendre ceux qui confondent le PS avec le vieux Parti radical, mais le PS a beau être ultra dominant dans les collectivités locales, des communes aux régions, sa logique est désormais la rationalisation financière et budgétaire. Ça casse ou ça passe. Et là, c’est en train de casser, d’autant que la multiplication des normes européennes dans tous les domaines entraîne une inflation de mises aux normes des bâtiments et installations, parfois très récentes.

Des solutions sans moyens ?Dans ce contexte, deux dossiers suscitent la colère des maires. La réforme des rythmes scolaires, d’abord, représente pour les maires de zones rurales ou industrielles appauvries un véritable casse-tête. Elle a été pensée pour un électorat urbain et bobo, pour débloquer le sacro-saint week-end aux dépends du repos nécessaire aux enfants à mi-semaine. Elle entraîne des municipalités — qui n’avaient rien demandé — dans une recherche éperdue de solutions locales pour lesquelles elles n’ont pas de moyens durables.Ces dépenses imprévues viennent s’ajouter à l’application scrupuleuse des réformes budgétaires sarkozystes, en particulier le basculement des prélèvements nationaux vers une base locale. Celle-ci est beaucoup plus injuste puisque basée non pas sur le revenu mais sur une définition assez élastique du logement possédé ou occupé. De plus, les postes de dépense renvoyés ces dernières années aux collectivités locales ne sont pas, loin de là, compensés par les ressources nouvelles. Et le déséquilibre a tendance à s’accroître avec les cadeaux fiscaux et l’appauvrissement des populations.En bref, sollicités de toutes parts par ceux de leurs administrés qui souffrent, tout simplement, les maires se retrouvent en première ligne, parce que jugés localement responsables. Y a de quoi devenir nerveux.

Céline Leborgne