Publié le Dimanche 24 novembre 2013 à 20h16.

Pologne : liberté immédiate pour Piotr Ikonowicz !

Emprisonné le 30 octobre pour 3 mois, Piotr Ikonowicz a été condamné parce qu’il organise un mouvement contre les expulsions des locataires. Précisons qu’en Pologne, on estime le nombre de SDF entre 43 000 et 300 000. L’hiver dernier, au moins 178 d’entre eux sont morts de froid...Piotr Ikonowicz anime l’Association pour la justice sociale (KSS). Il a connu la prison sous la dictature du général Jaruzelski. En 2000, alors qu’il était député, avec 70 autres militantEs il avait bloqué l’expulsion d’un couple de retraités, dont un invalide de 80 ans. La loi, adopté à l’initiative de l’Alliance de la gauche démocratique (SLD, successeur de l’ancien parti stalinien et membre de l’Internationale socialiste), autorisait les expulsions sans relogement.Le propriétaire de l’immeuble a porté plainte pour « coups et blessures ». L’affaire n’a été jugée qu’en 2006, et de manière controversée : le juge responsable s’est désisté et c’est un assesseur qui, sans qu’un seul témoignage ne confirme l’accusation, a condamné Ikonowicz en son absence. Ce dernier ne l’a appris qu’après le dépassement du délai d’appel ! De plus, le Tribunal constitutionnel venait d’annuler partiellement cette loi…Le président Komorowski refuse de gracier Ikonowicz, alors qu’il a déjà gracié 219 personnes condamnées pour maltraitance, recel et escroquerie. Le choix d’emprisonner Piotr Ikonowicz est un choix politique de la Plateforme civique actuellement au pouvoir : il s’agit de criminaliser les mouvements sociaux.« C’est un scandale qu’on ne lutte pas contre la pauvreté, mais contre ceux qui la combattent », a réagit Elzbieta Fornalczyk, vice-présidente du syndicat Août 80. La vice-présidente du Parlement et militante féministe de gauche, Wanda Nowicka, le député Janusz Paliko, des dirigeants historiques de l’opposition de gauche antistalinienne — entre autres Karol Modzelewski et Jozef Pinior — ont eux aussi exigé la libération d’Ikonowicz. Ce dernier a commencé une grève de la faim en prison, soutenu par les grèves de la faim de son épouse, Agata Nosal-Ikonowicz et du député Jacek Kwiatkowski. Pour la première fois depuis 1989, le vent se lève contre la répression politique. Solidarité !

Jan MalewskiPour plus d’informations, article de Stefan Bekier : http ://www.inprecor.fr/article-inprecor ?id=1538