Publié le Samedi 12 octobre 2013 à 13h39.

SNCF : lutter contre la réforme

Le 16 octobre, le projet de réforme ferroviaire va être présenté au Conseil des ministres, pour un examen au Parlement au premier semestre 2014 et une application au 1er janvier 2015.Le gouvernement et la direction SNCF veulent accélérer l’ouverture à la concurrence du chemin de fer, c’est-à-dire le processus de privatisation. La direction SNCF a déjà pris de l’avance : aujourd’hui, presque toutes les missions remplies par des cheminots SNCF (conduire un train, réparer une rame, entretenir les voies, vendre des billets, accueil des voyageurs...) sont aussi remplies par des filiales de droit privé de la SNCF, qui font le même travail pour moins cher (avec du personnel sans le statut et la réglementation du travail SNCF). La concurrence, c’est en réalité l’auto-concurrence !Cela aboutit à des suppressions de postes (–30 000 en 10 ans), à l’augmentation de la charge de travail, et aussi à rogner sur les investissements et les dépenses d’entretien. Les causes majeures de la catastrophe ferroviaire de Brétigny...

Démantèlement et reculsLa réforme commence par diviser la SNCF en trois entreprises. La « SNCF » (maison mère) : une coquille vide avec quelques milliers de chefs, mais qui encaisserait les bénéfices des 2 autres entreprises filiales. La filiale « SNCF Réseau », propriétaire et gestionnaire du réseau ferré (mission coûteuse en investissement et non privatisable), et qui absorberait les 55 000 agents des postes d’aiguillage et de l’entretien des voies (soit un tiers des cheminots). Enfin, la filiale « SNCF Mobilités », qui devra faire rouler les trains et les commercialiser, et qui regrouperait les 110 000 cheminots restants, en attendant de pouvoir les transférer par lots au privé, au rythme des appels d’offres (à partir de 2019)...

Le deuxième axe de cette réforme consiste à remplacer la réglementation du travail des cheminots (le « RH0077 ») par une convention collective qui alignerait les conditions de travail des cheminots SNCF sur celles du ferroviaire privé. Pépy et les patrons du ferroviaire veulent se libérer de règles jugées trop contraignantes et trop chères : ils veulent pouvoir faire travailler les cheminots plus longtemps, avec des repos plus courts, des amplitudes plus flexibles et plus de journées travaillées dans l’année...C’est donc contre cette réforme que les cheminots se préparent à bagarrer. Le premier épisode a été la grève du 13 juin dernier, unitaire et très réussie : près d’un cheminot sur deux en grève. Mais au lieu de prendre appui sur ce succès pour préparer une grève reconductible et rechercher la convergence avec la lutte sur les retraites, les directions syndicales préfèrent commencer à préparer les élections professionnelles de 2014... Comment comprendre autrement les appels timides et désunis pour les prochaines échéances ? La CGT appelle les cheminots à faire grève le 9 octobre dans le cadre d’un appel européen contre le « 4e paquet ferroviaire » de la Commission européenne, alors que SUD-Rail les appelle à manifester la semaine suivante, le 16 octobre, jour de présentation de la réforme au conseil de ministres. Sans parler de l’UNSA qui appelle le 15 octobre... Bref, une cacophonie qui ne prépare pas sérieusement l’affrontement. Il faudra donc que les cheminots comptent sur leurs propres forces, pour trouver le chemin de la grève reconductible !

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