Publié le Vendredi 11 octobre 2013 à 11h35.

Commerce : nos dimanches et nos nuits ne sont pas à vendre

Sephora, le bricolage et maintenant Monoprix : les médias dominants mettent sous le feu des projecteurs une armée de salariés volontaires pour travailler la nuit comme le dimanche. Cette « mobilisation », largement encouragée par les entreprises en question, doit cependant être ramenée à sa juste proportion.SalariéEs contre syndicats ? Chez Sephora, qui bafouait depuis 1996 dans son magasin des Champs Elysées la loi interdisant le travail de nuit pour ce type d’activité, c’est une centaine de salariés sur 300 (4 000 sur toute l’enseigne) qui ont été jusqu’à assigner en justice les syndicats à l’origine de la décision judiciaire, alors même que selon les chiffres fournis par la société, moins d’une cinquantaine sont réellement concernés par le travail passé 21 h. À Castorama et Leroy-Merlin, condamnés eux à fermer une dizaine de magasins sous peine d’astreinte suite à la plainte d’un de leurs concurrents, c’est seulement 15 % du personnel qui est concerné par le travail dominical. À Monoprix enfin, c’est la CGT, majoritaire, qui a fait usage de son droit d’opposition suite à un accord qui repoussait la fermeture d’une centaine de magasins à 22 h.Un tel volontariat s’explique d’abord par la faiblesse des salaires du secteur : un tiers du personnel de Sephora est à temps partiel (l’enseigne a pourtant doublé son chiffre d’affaires en 5 ans) et la majeure partie des salariéEs de ces enseignes de bricolage gagne moins de 1 300 euros net par mois. Pour beaucoup d’étudiants, il est indispensable de travailler le week-end, le plus souvent au détriment de leurs études. Pour autant, il ne s’agit pas d’opposer ces volontaires aux autres, mais il est clair que la masse des salariéEs du commerce est bien décidée à ne pas brader ses dimanches et ses nuits… au nom de la liberté du travail !

Contre ce marché de dupes, la riposte !Ces employés ne vivent pas sur une île déserte : demain, en banalisant le travail dominical et de nuit, il deviendra un jour de travail comme les autres… et sans majoration ! C’est le cas, par exemple, pour ceux de l’hôtellerie-restauration où le dimanche est considéré comme un horaire ordinaire. Plus encore, le patron sera tenté de ne recruter à l’embauche que les seuls volontaires. Il en était ainsi au Virgin Mégastore des Champs-Elysées, ouvert 7 jours sur 7 et jusqu’à minuit, avec l’effet remarquable sur l’emploi qu’on connaît depuis… Enfin, les travailleurs d’autres secteurs seront entraînés à leur tour pour assurer l’ouverture non-stop des services (crèches, transports, banques, etc.).Fort du succès de la fermeture de Sephora, l’intersyndicale CLIC-P a entamé une campagne (conférence de presse et affichage) pour répondre à ce bourrage de crânes, prépare de nouvelles assignations d’entreprises contrevenantes ainsi que des manifestations. Le départ de FO du comité, sur une ligne d’auto-affirmation à l’instar des retraites, ne devrait rien changer, tout comme l’affiliation du SECI, exclu de la CFTC car jugé trop combatif, à l’UNSA. La CFDT privilégie elle la voie contractuelle, pourtant désavouée à Monoprix. La CGT, avec sa fédération qui regroupe le plus grand nombre de syndiquéEs du commerce, est, elle, décidée à mettre le paquet sur le sujet, tout comme Solidaires, implanté dans plusieurs entreprises emblématiques (Apple, La Fnac, etc.). C’est en luttant ensemble que nous imposerons à l’ancien PDG de La Poste, le sinistre Bailly, chargé par Ayrault de mettre à plat ce dossier, nos revendications !

LD