Publié le Vendredi 11 octobre 2013 à 10h44.

USA : Démocrates et Républicains d’accord sur le fond

Obama est obligé de renoncer à une tournée en Asie tandis que les négociations commerciales entre les USA et l’Europe sont ajournées. Une partie des administrations américaines sont fermées. C’est le « shutdown »...L’année fiscale aux États-Unis prend fin le 30 septembre. Le projet de budget de l’année suivante doit être approuvé par la Chambre des représentants, le Sénat et le président. Ce qui n’a pas eu lieu. Un grand nombre de Républicains, notamment de la frange la plus droitière du parti, le Tea party, veulent à tout prix empêcher l’application de la loi de réforme du système de santé « Obamacare ». Ils bloquent donc tout texte budgétaire ne contenant pas au moins un report de la réforme.Tout n’est pas arrêté : la justice et les services jugés essentiels à la sécurité et la protection du pays sont épargnés. Obama avait auparavant fait de nombreux compromis avec les Républicains, alors que les Démocrates étaient majoritaires dans les deux chambres. S’il refuse aujourd’hui de reculer, c’est parce que cela anéantirait la seule réforme marquante de sa présidence. Malgré ses insuffisances (elle ne met pas en place un système couvrant tous les Américains), cette réforme est populaire. Obama ne ferme pas la porte à des aménagements de sa réforme.

La vie à créditAvant la mi-octobre, les élus doivent se mettre d’accord pour relever le plafond de la dette fédérale, pour l’instant 16 700 milliards de dollars (12 325 milliards d’euros). Faute d’accord à la mi-octobre, les États-Unis seront contraints de faire défaut sur une partie de leurs obligations. Là aussi, les Républicains extrémistes ont déjà indiqué qu’ils voulaient utiliser ce levier pour tenter de démanteler la loi sur l’assurance santé.Cette situation rappelle l’importance de l’endettement américain : les États-Unis vivent à crédit, sans difficulté majeure jusqu’ici car la Chine et d’autres pays achètent sans problème les titres des emprunts fédéraux. La pression des Républicains les plus à droite pèse sur la politique économique du gouvernement fédéral, ce qui est un facteur d’incertitude supplémentaire en cette période de crise. C’est donc la Réserve fédérale (la banque centrale des États-Unis) qui s’active : elle soutient l’économie mais d’abord les intérêts de la finance. Ainsi, elle a différé le mois dernier le début de repli de ses programmes de soutien aux banques, en partie à cause de la menace du « shutdown ».Le Tea party capitalise sur l’exaspération d’une partie des couches moyennes et populaires face aux « politiciens de Washington », bien que son discours anti-impôts soit en fait favorable aux riches. Mais l’essentiel n’est pas là : Républicains et Démocrates ont en fait plus de points d’accords que de désaccords, et convergent pour faire supporter aux couches populaires le poids de la crise. Amplifié par des considérations électorales, le tumulte actuel porte donc plus sur les modalités de la politique que sur le fond.

Henri Wilno