Publié le Jeudi 10 octobre 2013 à 14h54.

Gouvernement : des paroles et des actes 100 % réactionnaires

C’est sans conteste à Manuel Valls que revient la palme du discours le plus nauséabond avec sa sortie raciste contre les Roms « qui ont vocation à revenir en Bulgarie ou en Roumanie ». Il ne fait pas que parler, il agit, en multipliant les démantèlements des campements, en expulsant à tout va.C’est lui qui donne le « la » de la politique sécuritaire et discriminatoire du gouvernement : abandon du droit de vote des étrangers ou des récépissés des contrôles d’identité, bienveillance avec le syndicat d’extrême droite Alliance à chaque bavure policière, violente remise en cause de la réforme pénale, enterrement de l’amnistie sociale, laïcité sélective masquant mal son islamophobie... À elle seule, cette politique appelle une opposition sans concession. Mais rien ne serait plus faux que de penser que le cours réactionnaire du gouvernement se cantonne à ce seul terrain.La loi de sécurisation (des profits et de flexibilisation) de l’emploi qui reprend les dispositions de l’ANI, permet de réduire les salaires, d’augmenter le temps de travail, d’imposer la mobilité, et autorise les patrons à licencier plus et plus vite. Cette loi s’est accompagnée de la reprise à leur compte par les socialistes de la vieille rengaine de droite sur le « coût du travail », sur le code du travail et les droits des salariéEs comme un frein à l’emploi. C’est le triomphe du Medef. Une orientation confirmée encore tout récemment avec la « compréhension » empressée du gouvernement à l’égard des délinquants qui enfreignent la loi... en ouvrant leurs magasins le dimanche.

Un anti-Robin des Bois...Le budget 2014 accentue le transfert des impôts des entreprises vers les salariéEs. La baisse des dépenses publiques pénalise les plus modestes en sacrifiant les services publics et les budgets sociaux, et pour couronner le tout, ce gouvernement va jusqu’à réintroduire la très sarkoziste « TVA sociale », c’est-à-dire le remplacement des cotisations sociales des employeurs pour la branche famille par la TVA. C’est dans ce contexte d’une véritable contre révolution fiscale, d’un anti-Robin des Bois qui prend aux pauvres pour donner au riches, que le gouvernement choisit d’entonner l’air du « ras-le-bol fiscal », avec un Moscovici qui déclare « Je suis très sensible à ce ras-le-bol fiscal que je ressens de la part de nos concitoyens, qu’ils soient des ménages, des consommateurs, ou qu’ils soient des entreprises, et ça nous l’écoutons ». Ce même Moscovici qui assure aux patrons que les 20 milliards d’euros du Crédit impôts compétitivité des entreprises (CICE) leurs sont offerts « sans contrepartie » et « sans contrôle fiscal ». Le gouvernement a lui-même enclenché une campagne populiste contre les impôts, et utilise l’indignation populaire contre les hausses d’impôts qui frappent les plus pauvres pour justifier les cadeaux fiscaux aux riches et aux entreprises. Un comble ! Mais la manipulation est lourde de dangers : l’antifiscalisme, la détestation des impôts sont depuis plus d’un siècle la spécialité de la droite ultralibérale et de l’extrême droite. Chercher à concurrencer sur leur propre terrain les réactionnaires tenants du « trop d’impôts », « trop de fonctionnaires », est un jeu dangereux qui ne peut que les renforcer.Élu pour virer Sarkozy, non content d’augmenter les inégalités et de semer le désespoir, ce gouvernement n’a de cesse de reprendre à son compte les idées qui constituent le fonds de commerce de la droite et de l’extrême droite. Nous avons donc deux raisons de le combattre frontalement : parce qu’il est immédiatement dangereux par sa politique d’austérité et parce que à chaque nouvelle mesure, à chaque nouvelle déclaration, il ouvre un peu plus la porte au Front national.

Christine Poupin