Publié le Lundi 30 septembre 2013 à 15h35.

Résolution sur la Syrie adoptée au CPN le 22 septembre 2013

Résolution Syrie adoptée au CPN le 22 septembre 2013

 

1. Les manœuvres actuelles des grandes puissances sur la Syrie visent toutes à la défaite de la révolution populaire du peuple syrien. En même temps, elles démontrent l’affaiblissement de la domination de l’impérialisme américain et de ses alliés, qui n’arrivent ni à imposer une solution politique crédible, ni à intervenir militairement.

2. Les menaces de bombardements « punitifs » en Syrie par les USA, la France et leurs alliés constituent un acte impérialiste qui doit être clairement dénoncé. Ces bombardements mené par ceux qui s’autodésignent « gendarmes du monde » seraient meurtriers pour la population, constitueraient une résurgence coloniale accentuée après les interventions en Irak et en Afghanistan, et souligneraient le criant différentiel de traitement par rapport crimes de l’Etat d’Israël. Ces éléments ne peuvent de surcroît qu’aider Assad à conforter ses soutiens, et accroître sa vengeance contre le peuple syrien.  Il y a donc de nombreuses justifications contre l’intervention militaire occidentale. Mais il y en a aussi de nauséabondes, comme celles des pro-Bachar et de l’extrême-droite mondiale, qui défendent la dictature au nom de la lutte contre le « terrorisme islamiste ». Par ailleurs, l’un des problèmes politiques auxquels on est confronté est que de nombreux courants se réclamant de l’anti-impérialisme refusent à juste titre l’intervention militaire occidentale, mais nient la nature révolutionnaire de l’insurrection contre Bachar Al-Assad. A chaque menace de nouvelle aventure guerrière, le NPA sera à l’initiative pour impulser des rassemblements, manifestations et réunions publiques avec les forces qui le veulent, comme cela a été le cas au début de la guerre au Mali. Dans le cas de la Syrie, la recherche d’initiatives unitaires se fait avec ceux qui sont pour la chute du régime syrien.

3. Les puissances occidentales ont tout fait depuis le début du soulèvement syrien pour s’éviter une nouvelle aventure militaire, par la recherche d’une médiation entre l’opposition et le régime qui jusque qu’à ces derniers jours s’était avérée impossible. Elles négocient  maintenant à partir de la question des armes chimiques, mais avec la complicité de l’impérialisme russe le régime syrien cherche avant tout à gagner du temps pour écraser la révolution. Pour autant même que les armes chimiques cessent d’être utilisées, la dictature continue d’employer des moyens militaires lourds contre la population (chars d’assauts, avions et hélicoptères, missiles Scud), avec l’aide iranienne et russe. A l’inverse, les puissances occidentales ont pratiqué un embargo sur les armes que cherche à se procurer l’opposition, à l’exclusion de celles que fournissent les monarchies ultraréactionnaires du Golfe à leurs obligés. Leur objectif est une « solution yémenite », c'est-à-dire un retrait de Bachar Al-Assad de la façade du pouvoir mais un maintien de l’ossature du régime pour préserver les intérêts impérialistes. C’est le sens de leur pression militaire comme de la récente décision des USA de livrer directement des armes de façon d’ailleurs limitée.

4. Le régime de Bachar al-Assad ne cesse d’élever le niveau de ses crimes. Ses bombardements sur les villes, en particuliers avec des armes chimiques, sont des crimes contre l’Humanité dont il devra répondre devant son peuple, de même que les massacres de masse de populations de tous âges dans les localités dont se rendent responsables ses supplétifs. Ceux qui tentent de nier ces massacres, où à les attribuer d’abord aux rebelles s’aveuglent volontairement ou sont les complices de la dictature.

5. Bachar Al Assad porte l’entière responsabilité de la militarisation du soulèvement populaire, au bout de 7 mois de manifestations pacifiques mitraillées. La lutte armée du peuple syrien est légitime. Mais si la majorité des unités combattantes se reconnaissant dans l’Armée Syrienne Libre a affirmé vouloir mener cette lutte en conservant des principes menant à un état de droit, d’autres, la plupart du temps djihadistes ou bandits de grand chemin, commettent également des crimes de guerre et devront en répondre.

6. Le peuple syrien insurgé se trouve face à trois forces contre-révolutionnaires : celle du régime et de ses soutiens, celle des impérialistes occidentaux, celle des islamistes radicaux. Face à cela, seule la profondeur et l’héroïsme de la révolution populaire explique que celle-ci tienne encore au bout de 30 mois, contrôlant des régions et impossible à repousser vraiment du reste du territoire en particulier les grandes villes. Avec les islamistes radicaux, il y a souvent une collaboration militaire compliquée contre les forces de Bachar Al-Assad , mais de plus en plus des affrontements violents pour le contrôle des villes et régions libérées car les islamistes sont bien armés et répriment la population.

7. Le peuple insurgé réclame la liberté, la justice sociale et la dignité nationale dans le respect de toutes ses composantes. Du fait de la réponse du pouvoir à ces revendications, il ne peut plus transiger sur la chute du clan Al-Assad qui est l’ossature du régime. Aucune solution politique positive n’est possible sans cette condition. C’est une simple question de survie pour les révoltés.

8. Le devoir du mouvement ouvrier et démocratique dans le monde et en France, est d’assumer la solidarité internationale avec les structures de lutte auto-organisées et les forces progressistes sur le territoire  syrien, à tous les niveaux, en toute indépendance des gouvernements et de la Coalition Nationale Syrienne qui reflète les pressions de diverses puissances étrangères et de courants politiques réactionnaires. En France, le NPA renforcera le travail mené au travers de comités locaux de solidarité avec le peuple syrien, existants ou potentiels.

9. Nous combattons toute illusion selon laquelle le gouvernement français, de même que les autres gouvernements occidentaux pourraient mener une politique d’ensemble positive sur la Syrie.  Mais nous devons soutenir les demandes d’aide internationale urgente des syriens dont a besoin ce peuple en détresse totale : fourniture de nourriture et de biens de première nécessité, aide médicale et autres services publics, mais également des armes pour les secteurs les plus démocratiques ; et enfin aide aux réfugiés et droit d’asile pour ceux qui le demandent... La réalité de la politique française est dans ce domaine très loin de l’affichage médiatique !

10.  Les anticapitalistes et les révolutionnaires ont un rôle irremplaçable pour convaincre largement que la révolution syrienne mérite d’être défendue, contre tous les impérialismes, et contre les mensonges propagés pour la dénigrer, y compris à gauche, qui aboutissent à renvoyer dos à dos les camps en présence, au profit de la montée du racisme anti-arabe. Nous cherchons en même temps à soutenir toutes les initiatives visant à aider les forces qui partagent notre combat pour l’organisation du mouvement ouvrier et populaire en toute indépendance de classe, pour la poursuite de la révolution syrienne vers une société sans exploitation ni oppression. Dans ce cadre, nous relayons la campagne de solidarité financière avec le Courant de la Gauche Révolutionnaire syrien.

Nous reprenons les mots d’ordre de l’appel du 31 août de 6 organisations marxistes arabes : Les Socialistes révolutionnaires (Egypte) - Forum Socialiste (Liban) – Courant de la Gauche Révolutionnaire (Syrie) - Union des Communistes en Irak - Al-Mounadil-a (Maroc) - Ligue de la Gauche Ouvrière (Tunisie)

- Non à toutes les formes d'intervention impérialiste, que ce soit par les USA ou la Russie

- Non à toutes les formes d'interventions réactionnaires que ce soit par l'Iran ou les pays du Golfe

- Non à l'intervention du Hezbollah qui justifie le maximum de condamnation

- A bas toutes les illusions sur les frappes militaires US imminentes

- Ouvrez les dépôts d'armes au peuple syrien pour lutter pour la liberté, la dignité et la justice sociale

- Victoire pour une Syrie libre et démocratique, à bas la dictature d'Assad et toutes les dictatures.

- Longue vie à la révolution du peuple syrien !