Publié le Vendredi 21 juin 2013 à 10h59.

SBFM (Lorient) : chantage à l’emploi et antisyndicalisme

Entretien. La SBFM représente le meilleur des luttes ouvrières du Morbihan. C’est pourquoi la direction s’acharne, non seulement dans une politique de régression sociale au nom de la compétitivité, mais aussi à faire plier la CGT. On fait le point avec ces militants syndicaux.Peux-tu revenir sur l'histoire récente de l'usine et de sa réintégration dans le périmètre de Renault ?En 2009, le groupe Garo qui détenait l'entreprise a été mis en liquidation judiciaire. La bataille pour la réintégration dans le groupe Renault a duré des mois avec l'ensemble des salariés. Au départ, il y avait seulement les ouvriers puis, au fur et à mesure, les gens des bureaux ont rejoint le mouvement.

Quel est le contenu de l'accord que Renault veut imposer ?Cet accord ressemble à l'ANI. C'est un accord de compétitivité. C’est le retour aux 35h, dans le cadre de Renault, mais ce qu'ils veulent, en réalité, c'est réduire les temps de pause à 20 minutes alors que dans  l’accord SBFM les pauses correspondaient aux conditions de travail dans les fonderies, plus difficiles que sur les chaînes de montage.Les conditions de travail aujourd'hui sont celles de Germinal : pas de balayeuse, l'empoussièrement est monstre. Sur les chaînes, près de 15 tonnes de fonte déplacées par jour, des porte-fusées qui font environ 15 kilos qu’il faut prendre dans une benne, calibrer, mettre sur une presse. Tout cela avec 10 minutes de pause, ce n'est pas réalisable ! Ils enlèvent 16 jours de RTT à l'équipe de nuit, et demandent donc de travailler 16 jours supplémentaires sans rémunération, à l’encontre de l’accord signé en 2000. Pour les salariés de nuit c’est inacceptable !

Comment réagissent les salariés ?Les salariés qui sont vraiment à la peine, sur les unités de production, sur les chaînes, attachés à la machine, ne voient pas cela d'un bon œil. 20 minutes de pause par jour, ce n'est pas suffisant ! En ce qui concerne le personnel du tertiaire ou même les mécanos qui peuvent se déplacer, ils ne sont pas concernés par ces pauses. Au total, il est difficile de prévoir la réaction des salariés, c'est compliqué. La peur de la liquidation de l’usine, de la difficulté à engager et gagner une nouvelle bataille sont pesantes dans l’usine.

Quelles actions pour s'opposer à ce plan ?La CGT a souhaité participer à toutes les réunions menées par la direction pour justement parler de ces temps de pause pour les postes particulièrement durs. Il y a des contacts avec d'autres sites et avec la coordination CGT du groupe Renault. Les liens avec les autres sites sont importants mais matériellement difficiles. Un collectif CGT-fonderies vient d’être remis en place, ce qui va permettre de mettre en commun les informations.Le 12 juin, a eu lieu un Comité d'entreprise extraordinaire sur le projet de compétitivité Renault. La CGT a refusé de se prononcer avant d’avoir eu l’avis du CHSCT de la fonderie fondé sur l'expertise d'un organisme indépendant. La délibération pour une consultation du CHSCT fonderie a été votée au CE par 5 membres et une abstention. Le patron de l'usine l’a renvoyé d'un revers de main et a refusé cette délibération. L’inspection du travail  a été saisie et la CGT espère pouvoir faire reporter le projet jusqu'au résultat de cette expertise.

Propos recueillis par le NPA 56