Publié le Dimanche 12 mai 2013 à 08h36.

Plateforme X : Faire résonner pleinement la perspective anticapitaliste

 

Nous avons voulu faire de ce deuxième congrès du NPA un moment de débat et de rassemblement pour tourner la page d’une période difficile et créer les conditions pour reprendre l’offensive. Pour nous, il s’agit de surmonter la crise de notre parti, dont le départ des camarades de la Gauche anticapitaliste, même si les causes de cette crise ne se résument pas à ce seul aspect.

Dans le cadre du large débat de congrès, nous avons voulu donner le signal du rassemblement de l’ensemble du parti autour du projet fondateur qui garde toute son actualité. Il s’agissait aussi de formuler une orientation en continuité avec les acquis de l’élection présidentielle, en s’appuyant sur les réalités politiques et les grandes coordonnées de la période : une crise que les classes dirigeantes font payer aux populations au prix d’une régression sociale sans précédent ; les reniements et soumissions de la gauche au pouvoir ; l’importance prise, malgré ses ambiguïtés, par le Front de gauche qui exprime le rejet du social-libéralisme ; les difficultés rencontrées par les résistances sociales pour battre en brèche les nouveaux reculs, voire pour engranger des victoires même partielles. Bref, redonner au NPA toute son utilité dans le combat politique.

 

Cohérent : du projet fondateur à l’orientation

Comme l’ont montré les votes dans les AG électives et au sein même du congrès, l’aspiration au rassemblement, pour un parti ouvert et unitaire, s’est largement exprimée. Elle s’est heurtée à des attitudes fractionnelles, ainsi qu’à des incompréhensions et/ou des désaccords politiques dont l’enjeu de ces prochains mois sera de les surmonter.

Au lieu d’axer le congrès sur l’élaboration d’une analyse commune de la période et des tâches qui en découlent, une grande partie des camarades des autres plateformes a en premier lieu voulu mettre en débat le bilan global du NPA depuis 2009. Une petite minorité exprimant à juste titre l’échec partiel de celui-ci, mais n’apportant aucune autre réponse qu’organisationnelle. Un plus grand nombre défendant l’idée, exprimée de façon plus ou moins explicite, que le projet était caduc et qu’il fallait y mettre fin.  

Ce débat n’a de sens qu’au regard du contenu réel du projet tel que nous l’avions toutes et tous fait nôtre lors de la fondation du NPA en 2009 : apporter un début de réponse à la crise historique du mouvement ouvrier. Dans la difficulté, le pari était important… mais nous avons eu raison d’oser le NPA, et ce projet de regroupement des anticapitalistes, un parti pour la transformation révolutionnaire de la société, reste la base d’un très large accord confirmé par ce congrès.

 

Un parti au cœur de l’affrontement politique 

A l’opposé de la remise en question ou du procès du projet fondateur, nous avons choisi, pour notre part, de définir son contenu à partir d’une orientation tournant notre parti vers l’extérieur : utile à la lutte des classes et à la construction d’un rapport de forces global ; politiquement offensif pour aider à l’émergence d’une alternative politique en rupture avec le capitalisme.

L’orientation majoritaire que nous avons proposée a recueilli 55,9 % des voix au congrès national. Elle repose sur la façon dont nous articulons notre intervention dans le monde du travail, les quartiers populaires, la jeunesse, les luttes et les résistances, la construction d’une opposition de gauche à ce gouvernement qui donne aux mobilisations une perspective d’ensemble, capable d’unifier toutes celles et ceux qui résistent au gouvernement, au Medef, à la droite et à l’extrême-droite. Cette opposition devra poser la question de la nécessaire alternative, un gouvernement anti-austérité s’appuyant sur la mobilisation des travailleurs, des classes populaires, et de leurs organisations.

C’est l’ampleur même de la crise actuelle du capitalisme - donnant une dimension politique à toute exigence sociale, démocratique, écologique - qui pose la question du pouvoir, donc la question du gouvernement. Dans ces conditions, la question sociale devient la question politique essentielle, et nécessite une réponse politique, comme le montre par exemple le problème de la dette ou de la lutte contre les licenciements. Il y a donc urgence à donner à cette question une expression concrète et populaire : aujourd’hui la nécessité de construire une opposition de gauche au gouvernement actuel, pour demain un gouvernement anti-austérité. 

C’est la condition même pour que nous existions comme parti politique, pas simplement comme un parti des luttes. Car nous ne pouvons nous contenter d’une simple proclamation révolutionnaire de rupture avec le capitalisme ni invoquer les rapports de forces actuels avec les autres forces pour nous dérober.

 

Luttes sociales, opposition politique et pouvoir

Notre réponse s’appuie sur les mobilisations, vise à les favoriser, car nous savons bien que tout progrès social pour la majorité, tout nouveau droit, ne peuvent être qu’imposés aux classes dirigeantes et à leur État. Mais, dans la situation actuelle, pour se mettre en mouvement, ceux d’en bas ont aussi besoin d’une perspective politique unifiante. C’est pourquoi nous proposons de construire une opposition unitaire à la gauche de ce gouvernement. Nous sommes convaincus que toute avancée dans cette unité permettrait un changement d’état d’esprit pour les mobilisations. Nous le voyons bien quand les salariéEs d’ArcelorMittal exigent du gouvernement la nationalisation de leur entreprise, gouvernement déjà effrayé par les déclarations timides et sans lendemain d’un Montebourg. Nous le touchons du doigt quand le collectif des boites en lutte autour des Licenci’elles défend la nécessité d’une loi d’interdiction des licenciements.

Pour cela, nous allons donc nous adresser, sans aucune exclusive, à toutes les organisations politiques qui ne participent pas au gouvernement, aux syndicats, aux associations militantes. Des forces avec lesquelles pour la plupart nous sommes déjà engagées dans les mobilisations, contre « l’Accord national interprofessionnel » - cet ANI ennemi des travailleurs –, contre l’Ayraultport de Notre-Dame-des-Landes, ou pour la régularisation des sans-papiers. 

Nous défendons dans le même temps la perspective d’un gouvernement anti-austérité qui, en s’appuyant sur les mobilisations, remette en cause la règle d’or du pacte budgétaire, suspende le paiement de la dette en mettant en œuvre un audit citoyen et populaire en vue de son annulation, garantisse les droits du monde du travail et l’égalité des droits, interdise les licenciements, répartisse le travail entre toutes et tous, exproprie sans indemnité ni rachat les banques pour créer un service public bancaire, socialise les grands groupes industriels et substitue les besoins sociaux au tout-profit et au productivisme.

Notre problème n’est pas de nous protéger du péché réformiste en mettant la tentation loin de nous. Bien au contraire, ces prochains mois, il s’agit de discuter avec les antilibéraux, avec les millions de personnes qu’ils influencent pour peser sur les contradictions, aider aux évolutions, transformer le rapport de forces, préparer un mouvement d’ensemble et tracer la voie d’une véritable résistance politique, une opposition de gauche.

 

L’essentiel reste devant nous

A partir de la compréhension de notre projet global et de la façon d’aborder la question de l’orientation, se sont dessinées ces derniers mois deux conceptions.

Pour certainEs, discuter avec les autres courants du mouvement ouvrier, porter le débat politique au sein de ses différentes organisations, deviendrait un risque de capitulation, voire déjà à cette étape une capitulation qu’il serait urgent de dénoncer et de combattre. Nous avons une autre conception de la démocratie pour l’action. Une autre conception aussi du fonctionnement et de la démocratie interne, au cœur de l’idée du regroupement des anticapitalistes et du parti processus, et opposée au parlementarisme de tendance.

Dans une déclaration en fin de congrès, les déléguéEs de la plateforme X, sortie majoritaire de ce congrès, ont appelé l’ensemble des militantEs à s’emparer de leur parti, à se réapproprier notre projet. En continuant les débats engagés, tant sur notre orientation que sur la démocratie et notre fonctionnement, nous pouvons ensemble aller plus loin que le congrès n’a su et pu le faire. Même si les clivages demeurent, nous considérons qu’il est possible et nécessaire de créer partout un climat de travail collectif, de solidarité, d’associer dans le respect des divergences toutes celles et ceux qui font le pari du rebond du NPA et de son utilité certaine ces prochains mois. o

 

Équipe d’animation de la plateforme X