Publié le Vendredi 12 avril 2013 à 14h57.

Le Front National et les affaires : passer à l'offensive contre l'extrême droite

La crise politique engendrée par le scandale Cahuzac n'est pas seulement révélatrice des rapports étroits qu'entretient le pouvoir socialiste avec la finance internationale et ses fraudeurs au fisc. Elle met en évidence, une nouvelle fois, la porosité de certains de ses membres avec la racaille fasciste, ennemi mortel de la classe ouvrière et de tout projet d'émancipation.Les liaisons dangereusesEn nommant ministre délégué au Budget un chirurgien richissime grâce à sa clinique spécialisée dans la chirurgie esthétique et aux émoluments perçus à la faveur de son rapport privilégié avec les laboratoires pharmaceutiques, l’Élysée et Matignon commettaient une première erreur de casting. Mais qui pourrait encore croire que les coupables et durables amitiés de cet individu avec des fascistes notoires, membres du GUD, aient pu échapper à la vigilance des services de l’Élysée ou aux flics des Renseignements généraux ?L'exemple vient certes de loin, et les laudateurs actuels de Mitterrand ­feraient bien de se souvenir de la fidélité mémorielle que ce dernier entretenait envers le maréchal Pétain, dont il n'a pas hésité à aller fleurir la tombe alors qu'il était président, et de son amitié indéfectible envers le collabo René Bousquet avec qui il déjeunait régulièrement.La nauséeLa stratégie, à long terme, mise en œuvre il y a plus de dix ans par Marine Le Pen, de lissage du profil du Front national, a permis à celui-ci de s'émanciper, au moins en partie, de l'image repoussoir qu'il véhiculait au sein de la population, et d’inhiber hélas chez bon nombre de militants progressistes, toute capacité d'entreprendre une analyse de fond sur la spécificité du danger que représente, pour notre camp social, l'existence et la progression d'un tel parti.Fort de cette amnésie collective, et de l'absence de cadre unitaire pour lui faire face, celui-ci peut aujourd'hui prétendre, sans complexe, influer sur l'orientation idéologique des campagnes de la droite, et se poser en alternative politique pour les prochaines élections. L'amplification de la crise économique, sociale et politique lui donne des ailes… À nous de les lui couper.Les mains sales« Mains propres et tête haute ! » Depuis sa création, le FN tente d'imposer l'idée qu'il serait un recours « éthique » face aux « politiciens corrompus… de droite comme de gauche ». Cette fable, insuffisamment dénoncée, ne résiste pas à un examen même sommaire de l'histoire du FN et à la longue liste des condamnations peu glorieuses qui ont été prononcées par des tribunaux, tant à l'encontre de ses cadres qu'à celle de ses simples adhérents (voir le site Mediapart).On se souvient certes des dossiers les plus médiatisées, condamnation pour négationnisme ou incitation à la haine raciale, mais on oublie trop souvent les meurtres racistes, les agressions physiques… et les affaires. Ainsi, on oublie la gestion calamiteuse, voire mafieuse des municipalités qu'ils dirigeaient (Orange, Vitrolles ou Toulon). On oublie les conditions plus que douteuses par lesquelles Jean-Marie Le Pen a pu s'emparer de la fortune des ciments Lambert…Les militants anticapitalistes doivent réinvestir le terrain de l'antifascisme, particulièrement dans l'épisode ­actuel d'une crise politique qui peut rapidement se transformer en crise de régime.Alain Pojolat