Publié le Mercredi 3 avril 2013 à 10h56.

Hollande : bas les masques

Au plus bas dans les sondages, Hollande a dû passer jeudi 28 mars le grand oral du 20h de France 2 pour « expliquer » sa politique. Pendant plus d’une heure, il a donc défendu point par point sa politique et annoncé la suite du menu. Loin, très loin d’un programme de gauche ! C’était un rendez-vous important pour Hollande et au final cela aura été un flop, puisque seulement 32 % des téléspectateurs l’ont trouvé convaincant. Et pourtant, il en aura fait des efforts pour « expliquer » et défendre la politique menée depuis 10 mois. Pendant une grande partie de cette émission interminable, il a défendu toutes les « réformes » mises en place : contrats d’avenir, contrats de générations, cadeau fiscal de 20 milliards, loi sur la « sécurisation professionnelle »… Des « outils » qui permettront d’inverser la courbe du chômage ! Il en aura usé de la pédagogie pour nous faire croire que sa politique était une bonne politique pour les salariés, les chômeurs et… les entreprises.

Car ce n’est ni au monde du travail ni aux immigrés (qu’il n’a même pas évoqué), à qui s’est adressé Hollande mais bel et bien au patronat, aux entreprises. C’est à eux qu’il a annoncé « un choc de simplification », ainsi que des « aménagements de la fiscalité ». En défendant, la loi de sécurisation professionnelle et l’accord compétitivité chez Renault, il leur confirmait, avant même que s’ouvre la discussion parlementaire, que la messe était dite et que la loi du Medef sera bien appliquée.

Le renoncement c’est maintenant…

Mais le fait marquant de ce grand oral est, une nouvelle fois, ses renoncements en matière de réformes dites de gauche. Le cumul des mandats ? La réforme sera effective « avant la fin de mon mandat », loin d'une réforme applicable dès les prochaines municipales en 2014. Le mariage pour tous ? Hollande ne reviendra pas dessus mais enterre une de ses promesses de campagne : le recours à l'assistance médicale à la procréation pour les couples de femmes (PMA) qui est « renvoyée au comité d'éthique ».

De plus, pour la population, les temps vont continuer à être difficile. A commencer par l'annonce de l’allongement de la durée de cotisations pour les retraites et une augmentation de la TVA en 2014... tout en affirmant qu'il n'y aura pas à l'avenir d'augmentation des impôts. On se moque du monde. Et bien entendu, rien pour les services publics ou pour les salaires.

Comment s’en étonner quand Hollande affirme qu’il n’est « maintenant plus un président socialiste » ? « Je suis le président de tous les Français, le président de la France. » Et surtout de ses entreprises aurait-on envie de rajouter. Hollande assume une forme de continuité, non pas avec les promesses du candidat présidentiel mais avec la politique de son prédécesseur. Les « outils » sont déjà en place ? Face à ce bricolage capitaliste, il est nécessaire de construire une opposition de gauche qui agisse dans le sens de la convergence des luttes, de la préparation d’un mouvement d’ensemble, tout en traçant la perspective politique d’un gouvernement anti-austérité. La crise ouverte par la mise en examen de Cahuzac et le discrédit grandissant contre ce pouvoir nous en donne l’occasion.

Sandra Demarcq