Publié le Mardi 14 octobre 2008 à 19h14.

Aux riches de payer leur crise !

L’activisme de Nicolas Sarkozy et la multiplication des réunions de crise est à la mesure de la panique qui a saisi les cercles dirigeants du monde capitaliste. L’addition des plans de sauvetage décidés par les principaux Etats se chiffre à plus de 3000 milliards d’euros. Une somme faramineuse, qui si elle était mobilisée pour satisfaire les besoins élémentaires de la population, permettrait d’éradiquer la faim et les principales épidémies, et également l’accès à l’éducation, et de l’eau potable, pour la totalité de la population humaine. Qu’apparaissent bien dérisoires les « trous » de l’assurance maladie, des caisses d’assurance vieillesse, des sous capitalisation d’entreprise publique, comme la Poste qui rendrait nécessaire leur privatisation, qui ne se chiffrent qu’à quelques centaines de millions d’euros ou quelques milliards !

Le plan de sauvetage d’un système en faillite montre la collusion d’intérêts entre la sphère dirigeante politique et économique. Derrière les discours trompeurs sur la défense des petits épargnants, c’est au contraire une immense bouée de secours qui est lancée au frais de la société au grand capitalisme globalisé. Mais ces centaines de milliards sont finalement peu de chose face aux milliers de milliards de créances douteuses que ne veulent plus s’échanger les banques. La grande décision prise ce week-end, la garantie d’Etat aux prêts inter-bancaires, après une longue série de réunions internationales et européennes, vise finalement à faire subir le coût de la folie du système bancaire à l’ensemble de la société. Rappelons que 180000 ménages surendettés continuent à subir l’étranglement de remboursement de dettes dont les banques et les crédits à la consommation sont les premiers responsables… Nous ne participons pas à l’union sacrée qui vise en dernier ressort, après avoir poussé quelques cris sur l’immoralité du système, à accepter le plan Sarkozy concocté par les dirigeants de l’eurogroupe et annoncés par un curieux aéropage. En effet, ce dimanche, aux côtés de Sarkozy, s’affichaient les très importants présidents de la commission de Bruxelles, de la Banque Centrale Européenne, et du principal dirigeant du plus important paradis fiscal de l’Union, le Premier ministre luxembourgeois… Tous ces dirigeants dotés comme on le voit d’une très forte légitimité démocratique, mais sont finalement bien représentatif de l’opacité des institutions capitalistes européennes. Des pompiers prêts à tout pour sauver les intérêts des possédants qui, comme leurs amis américains souhaitent conserver le neo-libéralisme, mais sont également prêts s’il le faut à jeter celui-ci à la poubelle. Quel pragmatisme après vingt-cinq ans d’idéologie, de religion du tout marché !

Et certains à gauche de se féliciter de l’apparition d’un directoire européen ! Nous nous battons pour un plan de sortie du capitalisme, pas un plan de sauvetage de celui-ci. Une riposte anticapitaliste, c’est finalement l’entrée sur scène de celles et ceux qui paieront la crise s’ils en restent spectateurs. La question décisive des semaines et des mois qui viennent est la capacité du monde du travail à se mobiliser autour de ces propres perspectives, non seulement pour ne pas subir de nouvelles dégradations des conditions de vie, mais également pour tracer des perspectives de rupture. Aujourd’hui encore plus qu’hier défendre ces intérêts, implique d’offrir une alternative globale au système.

En commençant très concrètement par tout ce qui permet de défendre l’emploi, le pouvoir d’achat, les services publics, le droit de vivre ensemble le week-end… C’est pourquoi le collectif d’animation nationale du NPA a proposé ce week-end une réunion d’urgence de toute la gauche sociale et politique afin de discuter ensemble des moyens de la riposte. Il est en effet décisif qu’un front se constitue pour offrir des repères, des perspectives, dans une situation de crise profonde du système capitaliste, dont le coût de résolution pourrait s’avérer dramatique pour le plus grand nombre.

Dans ce cadre de nécessaire riposte unitaire, nous proposons les mesures anti-crise suivantes, le début de construction d’un front de mobilisation et de luttes pour rompre avec celui-ci : prendre le contrôle du système financier et bancaire en expropriant les décideurs et propriétaires actuels, en mettant à l’échelle nationale ou européenne un service public bancaire unifié dirigé par la population et les salariés du secteur, et qui pourrait financer les priorités décidés par la population : les services publics, la mutation écologique… augmenter le pouvoir d’achat immédiat de l’ensemble de la population de 300 euros nets et fixer à 1500 euros nets le salaire et le revenu minimum bloquer tous les plans de licenciements en interdisant ceux-ci par la loi et promouvoir l’emploi pour tous et toutes par la création d’emplois utiles socialement dans les services publics et par un réduction du temps de travail accompagné ce coup-ci d’une embauche proportionnelle obligatoire un plan de sortie de la précarité qui pourrait comporter, la suppression de tous les contrats précaires, la mise en œuvre d’allocations pour la dépendance et pour les jeunes en formation, l’annulation de la dette des familles surendettées…

Pierre-François Grond

 

Copyright photographie : Photothèque Rouge/Franck Houalgatte