Publié le Jeudi 27 juillet 2017 à 13h01.

Renouvellement à la sauce Macron : en marche… arrière toute !

Le 3 juillet à Versailles, Macron 1er a délivré son message au bas peuple, la veille de l’allocution du Premier ministre à l’Assemblée. Une opération d’enfumage, avec répartition des rôles entre les deux têtes de l’exécutif.

Mais derrière l’écran de fumée, il y a des mesures constituant des attaques sans précédent contre les salariés, aggravant ainsi une politique entamée depuis des décennies par les différents gouvernements qui se sont succédé, gauche et droite confondus. Tout pour les patrons, ouvertement et cyniquement. Macron et les siens veulent faire vite pour mettre en pièces ce qui subsiste encore de protections pour les travailleurs. Pour ce faire, ils disposent d’une chambre tout à fait pro-patronale. 

 

Des mesures de recul social

La casse totale du code du travail est ainsi en marche : primauté donnée aux accords d’entreprise, qui pourront être moins favorables que la loi et les accords de branche. Le contrat de travail à durée indéterminée, déjà bien amoché, est une nouvelle fois attaqué par le biais des CDI de chantier, permettant aux patrons de licencier sans indemnités à la fin d’un projet. Et quand indemnités il y a, elles seraient plafonnées. Un simple formulaire Cerfa (comme pour une déclaration de travaux) serait suffisant pour licencier, inattaquable puisque réputé a priori conforme à la loi !

Macron veut aussi réintroduire une mesure retirée de la loi El Khomri, permettant à un groupe florissant d’organiser le déficit d’une de ses filiales françaises pour pouvoir licencier sans risquer d’être attaqué en justice. Les tribunaux n’auraient par exemple pas pu condamner Continental à indemniser les salariés de son usine de Compiègne pour licenciement abusif. Cerise sur le gâteau pour rendre toute riposte judiciaire plus difficile, la loi accède aussi à un autre souhait des patrons : raccourcir les délais pendant lesquels un salarié peut saisir la justice. 

 

Austérité pour les uns, superprofits pour les autres

Le gouvernement a également annoncé des mesures d’austérité draconiennes, notamment contre les fonctionnaires : gel des salaires, 120 000 suppressions de postes, et rétablissement du jour de carence pour les arrêts maladie. Les économies sont toutes sur le dos de la population : moins 10 milliards pour l’assurance chômage, moins 15 milliards pour l’assurance maladie, et moins 25 milliards sur la fonction publique ! Autant dire que la politique d’austérité va continuer de plus belle, avec, en toile de fond, toutes les mesures pour entraver les contestations, l’affaiblissement des droits et l’inflation de la politique de répression contre ceux qui luttent, comme en ce moment dans les usines automobiles PSA. Pendant ce temps, et c’est lié, le patrimoine des très riches a été multiplié par douze depuis 20 ans, voire par dix-sept pour Bernard Arnault, alors que le PIB a simplement doublé. 

 

Renforcement de la répression et des guerres 

Macron s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs en défenseur du capitalisme français et de ses guerres à l’étranger, en renforçant notamment l’intervention française au Mali. La lutte contre le terrorisme lui permet d’inscrire dans la loi l’état d’urgence permanent, qui jusqu’ici a surtout servi à essayer de faire taire les contestations. Et pour donner un signal fort, le 14 juillet, c’est Trump, ce président raciste et mysogine, qui a été l’invité vedette. Tout un programme pour le jour de commémoration de la révolution française.

 

Le gouvernement craint nos réactions, ne lui donnons pas tort

Le nouveau gouvernement veut aller le plus vite possible en faisant le moins de vagues, attaquant les salariés lorsqu’ils sont en congés et que beaucoup d’entreprises sont fermées. Sous ses dehors arrogants, il est clair qu’il craint nos réactions.

Lorsqu’on voit le manque de réactivité des grandes organisations syndicales, on se dit qu’on ne pourra compter que sur nous-mêmes pour mener les luttes nécessaires. Des collectifs se mettent d’ores et déjà en place, comme le Front social, qui regroupe notamment plusieurs dizaines de sections syndicales et dont les manifestations, en mai et juin, ont été remarquées au niveau national. Il est important de se saisir de tous les appels à exprimer notre mécontentement. La CGT appelle ainsi à une journée nationale pour le 12 septembre, contre l’austérité et les mesures de destruction du droit du travail. Il serait utile qu’elle soit la plus massive possible.

Macron avait déclaré il y a peu : « une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien. » Lui et son gouvernement sont bien du côté des gens qui « réussissent ». Les gens qui ne sont rien ? Il s’agit de nous. Montrons-lui que nous pouvons être tout ! o

 

Régine Vinon