Publié le Lundi 11 avril 2016 à 09h05.

Mélenchon : Je pense, donc tu suis...

Le 10 février dernier, Jean-Luc Mélenchon a « proposé » au journal de 20H de TF1 sa candidature  au « peuple français » pour l’élection présidentielle de 2017. Candidat pour la seconde fois après avoir obtenu 11 % des voix en 2012. Mais cette fois sans le Front de gauche ? Et avec la personnalisation et le populisme au cœur de ce début de campagne...

Depuis des années, Mélenchon a un objectif clair : devenir le prochain président de la République. Pour y arriver en 2017, il laisse tomber le Front de Gauche et propose sa candidature au « peuple », invitant les organisations politiques et citoyennes et les individus à se joindre à lui... Ces derniers se font un peu attendre puisque seuls le Parti de gauche et quelques individus comme l’ex-PS Liêm Hoang Ngoc, Francis Parny du PCF ou encore des militantEs d’Ensemble ! le soutiennent ouvertement aujourd’hui.

Il faut dire que cette candidature n’a pas fait plaisir à tout le monde, en particulier au PCF qui persiste à vouloir ménager ses alliances plus ou moins locales avec le PS, avec en perspective la législative qui suivra la présidentielle. Avant même l’annonce de la candidature Mélenchon, les relations entre le PG et le PCF n’étaient pas franchement chaleureuses, elles sont depuis devenues carrément glaciales… Mélenchon semble s’en désintéresser et avance dans la mise en place de sa campagne qui débutera officiellement le dimanche 5 juin prochain par un rassemblement sur la place Stalingrad dans le 19e arrondissement de Paris.. Là où s’était terminée celle de 2012... et le jour même où le PCF bouclera son congrès et sa stratégie pour 2017 !

Quelle couleur au drapeau ?

C’est donc le « peuple » que Mélenchon veut désormais rassembler, et non plus la gauche. Dans cette stratégie, pour 2017, la marque politique de sa campagne sera... Mélenchon lui-même, avec ses initiales « JLM », une référence à la « France insoumise », le rouge étant un peu mis de côté au profit de couleurs plus neutres, voire du tricolore... L’homme providentiel ne sera pas seul, bien entouré de son « comité opérationnel »... qui n’est autre que sa « garde rapprochée » du Parti de gauche, et d’autoproclamés comités d’« insoumis ».

La grande nouveauté de ce début de campagne est sans aucun doute la plateforme interactive jlm2017.fr lancée le soir même de l’annonce de sa candidature, et considérée comme accomplissant « toutes les fonctions d’un parti »... Un façon supplémentaire pour Mélenchon de s’affranchir du collectif, dans un rapport direct candidat-peuple bien dans l’esprit de la 5e République...Sur le fond, la campagne de 2017 ressemblera dans ses grandes lignes certainement à celle de 2012, avec des inflexions importantes sur la sortie des traités européens, une diplomatie tournée davantage vers la Russie, et soutenant clairement les impérialismes français et russe, notamment en Syrie. Sera toujours défendue la nécessité d’une 6e République, mais sans s’appuyer sur un mouvement populaire, sur un processus constituant partant d’en bas. Une 6e République devenue, après l’échec du M6R (Mouvement pour la 6e République), un simple marqueur de sa candidature, appuyant au contraire une démarche « bonapartiste »...

En attendant la suite, une incertitude persiste : les fameuses 500 signatures. Car cette fois, en l’absence du PCF et des ses éluEs et réseaux (si absence du PCF il y a), la tâche risque d’être un peu plus difficile qu’en 2012...En tout cas, on est assez loin des urgences du moment.

Sandra Demarcq