Publié le Vendredi 24 juin 2016 à 07h07.

USA : Tuerie homophobe, intégrisme islamiste et démagogie raciste

La tuerie qui a fait 49 morts et 53 blessés dans une boîte de nuit gay d’Orlando en Floride, Dans la nuit du dimanche 12 juin, a suscité aux USA et dans le monde entier un profond mouvement de solidarité avec la communauté gay.

Cette tuerie a été perpétrée par un déséquilibré se revendiquant de l’intégrisme islamique et dont l’abject attentat a été revendiqué par Daesh.

Instrumentalisation raciste

Cet acte terroriste sème la peur et la haine, contribue au racisme anti-musulman. Il est d’autant plus lâche et révoltant qu’il frappe la communauté gay, désignée comme symbole du mal, et qu’il intervient en pleine campagne électorale alors que le démagogue raciste Trump fait campagne en flattant les pires préjugés. Cette tuerie barbare vient renforcer les justifications mensongères de la barbarie que sèment les USA depuis des décennies au Moyen Orient avec la guerre en Irak et en Afghanistan, et que tous légitiment, même si Trump le fait avec plus d’arrogance...

Le démagogue a donc sauté sur la morbide occasion pour plaider pour une Amérique forteresse et tenter d’incarner la force face à l’indécision prêtée à Obama : « Nous sommes dirigés par un homme qui n’est pas assez dur, ou pas assez intelligent, ou alors il a autre chose en tête. […] Quand je serai élu, je suspendrai l’immigration en provenance de régions du monde ayant un passé avéré de terrorisme contre les États-Unis, l’Europe ou nos alliés. »

La réaction d’Obama, qui voudrait justifier la guerre sans tomber dans le racisme, est dérisoire : « Face à la violence et la haine, nous nous aimerons les uns les autres. Nous ne céderons pas à la peur ou ne nous tournerons pas les uns contre les autres. » Hillary Clinton joue dans le même registre, vantant les atouts d’une société « ouverte et diverse qui nous rend plus forts et plus résistants à la radicalisation ». Une ouverture qui ne va pas jusqu’à condamner la guerre, pas plus que celle de Bernie Sanders : « C’était un acte terroriste commis par un sympathisant de Daesh. Cette organisation méprisable et barbare doit être détruite. »

Une société malade

La question des armes à feu a de nouveau surgi. « Ce massacre nous rappelle une nouvelle fois à quel point il est facile de se procurer une arme et de s’attaquer à une école, un lieu de culte, un cinéma ou une boîte de nuit. Il nous revient de décider si c’est le genre de pays que nous voulons être », a déclaré Obama rappelant l’échec de sa réforme du contrôle des armes à feu. « Les armes de guerre n’ont pas leur place dans nos rues », répète impuissante Hillary Clinton, alors que le fusil semi-automatique AR-15 qui a été utilisé, avant Orlando, à San Bernardino comme dans l’école Sandy Hook, est en vente libre... Là encore, des propos lénifiants incapables de s’opposer à la démagogie de Trump qui promet d’abroger « dès la première heure de [son] entrée en fonction » les décrets signés par Barack Obama sur le renforcement des réglementations. Pour lui, « le deuxième amendement de la Constitution est clair. Le droit du peuple de posséder une arme ne doit pas être transgressé »...

Pas un moment les candidats à la Maison blanche ne se sont interrogés sur le fait que l’auteur du massacre de Floride était né aux États-Unis, que c’est bien leur société d’exploitation et d’oppression qui engendre cette haine qui peut déboucher sur la folie meurtrière. De tels massacres de masse ont lieu quasi quotidiennement aux USA, même s’ils sont moins meurtriers. C’est aussi cette société qui secrète l’homophobie, en particulier toutes les religions. Trump, dont la démagogie vise à attirer les suffrages de la fraction la plus réactionnaire de l’électorat, s’est d’ailleurs bien gardé de dénoncer le fait que ce soit la communauté gay qui était frappée, car son électorat ultra-religieux et conservateur est lui aussi le plus souvent homophobe.

Cet attentat monstrueux est d’abord une mise en accusation de la société capitaliste, de ses guerres comme de la misère morale, sociale, qu’elle engendre. Cette violence meurtrière est d’autant plus abjecte qu’elle permet aux classes dominantes et à leurs politiciens, les responsables du chaos qui engendre une telle violence, de justifier leur politique criminelle et de prétendre défendre la sécurité de la population.

Yvan Lemaitre