Publié le Vendredi 11 décembre 2015 à 09h23.

Air France : Une double résistance à consolider

Le mercredi 2 décembre comparaissaient devant le tribunal de Bobigny les salariés accusés d’avoir participé aux événements aboutissant à l’arrachage de la chemise du DRH. Le tribunal a renvoyé l’affaire au 27 mai, sûrement sur consignes d’en haut,pour essayer de faire retomber la mobilisation.

Le même jour se tenait, malgré l’interdiction de manifester due à l’état d’urgence, un rassemblement appelé par l’intersyndicale Air France, qui regroupe la totalité des syndicats de pilotes, hôtesses et stewards, et pour le sol, CGT, FO, UNSA et SUD Aérien. Un rassemblement auquel avait aussi appelé la confédération CGT à l’occasion de sa journée nationale d’action contre la répression, ainsi que Solidaires et FO 93.

Rassemblés contre la répression

Plusieurs milliers de salariéEs étaient présents, dont une délégation remarquée de la CGT Seine-Maritime, 300 participantEs, démontrant que lorsque l’on veut mobiliser, les possibilités existent. De nombreuses interventions syndicales, du président du principal syndicat de pilotes SNPL à Martinez, le secrétaire général de la CGT, et Verveine Angeli pour le bureau national de Solidaires.

Les politiques de la gauche radicale étaient là, de Nathalie Arthaud à Jean-Luc Mélenchon, en passant par Clémentine Autain, Éric Coquerel et bien entendu Philippe Poutou, Christine Poupin et Olivier Besancenot qui a pris la parole pour le NPA et a été très applaudi.

Un succès militant qui montre les possibilités, mais essentiellement avec la participation uniquement des équipes militantes, y compris pour Air France.

Amplifier la mobilisation contre les arnaques de De Juniac

Le lendemain, se tenait un sit-in à l’intérieur du siège d’Air France appelé par l’intersyndicale. Là aussi, ce sont surtout les équipes militantes qui se sont rassemblées, avec une centaine de participantEs, mais cela s’est transformé avec succès en assemblée de débat, où pour la première fois, les militantEs de terrain ont pu voir et entendre les différents intervenants de l’intersyndicale, et en mesurer l’évolution. N’oublions pas qu’il y a 6 mois seulement, la grande majorité des syndicats rencontraient la direction séparément, sans aucune unité, voire en acceptant la fiction d’un Air France au bord de la faillite qu’il faudrait sauver par des sacrifices...

Depuis le « choc » des images du 5 octobre et la fuite de la direction des ressources humaines, la direction n’a pas changé de stratégie. Elle a reporté les échéances à fin mars et essaie toujours de diviser les personnels, en opposant les catégories et en désignant toujours les navigants comme ayant à faire des sacrifices (travailler beaucoup plus pour le même salaire)... avec en réserve aussi plusieurs milliers de suppressions d’emplois dans la foulée, et un chantage à la diminution du nombre d’avions, cela dans un transport aérien en pleine expansion.

L’intersyndicale tient bon, et l’heure est à étendre la mobilisation, en organisant sur tous les secteurs des débats et rassemblements où l’on fasse se rencontrer des délégations des différentes corporations, pour poursuivre ce travail de réunification des salariéEs, afin qu’ils prennent en main leur lutte avec l’intersyndicale.

La direction maintient la répression, maintenons la pression !

Au final, un jeudi 3 décembre assez réussi, avec l’image d’une assemblée générale en plein cœur du siège Air France, une direction de l’entreprise invisible dans les couloirs, et qui a tenu le lendemain un nouveau comité central d’entreprise... dans un grand hôtel en plein Paris, sous escorte de vigiles, et sans aucune nouvelle annonce.

En attendant, la direction maintient la répression : les 5 salariés (4 du cargo et 1 de la maintenance, tous syndiqués à la CGT,) sont licenciés sans attendre le résultat du procès et sur la base d’images qui ne montrent pas grand-chose, deux pilotes du syndicat Alter (Solidaires) sont aussi sous la menace d’un conseil de discipline pouvant aller au licenciement pour avoir ouvert une porte à des manifestants (tout un symbole !).

Une direction d’Air France – avec son président De Juniac – grandement discréditée, une intersyndicale qui tient le coup et progresse, des salariéEs mécontents, et cinq qui se retrouvent au chômage, annonciateurs des milliers de suppressions d’emplois si la mobilisation ne gagne pas. Il y a du pain sur la planche... et beaucoup de raisons d’espérer. Mais la lutte sera dure.

Correspondant