Publié le Jeudi 16 juin 2016 à 09h45.

Inégalités : Les riches vivent au-dessus de nos moyens

Selon un rapport qui vient d’être publié, le 1 % de familles les plus riches possèdent autant que le reste, c’est-à-dire 99 % de la population mondiale. Et leur part va encore augmenter dans les années à venir.

Xavier Niel, le fondateur de Free (qui auparavant avait commencé à faire fortune dans les sites pornos et les peep-shows), a signé le 30 mai dernier l’achat de l’hôtel Coulanges, situé place des Vosges dans le Marais à Paris. Il a déboursé la bagatelle de 31,5 millions d’euros pour s’offrir ce bâtiment classé aux monuments historiques. Pour l’instant, il habite dans un hôtel particulier parisien de 800 mètres carrés (et 2 000 mètres carrés de terrain), réplique du Trianon de Versailles, acquis en 2005 pour 11 millions d’euros...

Derrière les circuits financiers compliqués du capital, se trouvent des capitalistes en chair et en os dont les richesses viennent en dernière analyse de l’exploitation des travailleurEs. Niel est en 2016, selon le magazine américain Forbes, la 129e fortune mondiale avec un patrimoine d’environ 9 milliards d’euros.

Ce 1 % qui compte en milliards de dollars...

Niel figure donc en bonne place parmi les 18,5 millions de foyers millionnaires en dollars recensés dans le rapport d’un consultant américain, le Boston Consulting Group (BCG). Ceux-ci représentent environ 1 % de la population mondiale et détiennent près de la moitié (47 %) des avoirs des particuliers (hors immobilier) en dépôts bancaires, titres boursiers, ou assurances vie. Ces millionnaires pèsent ainsi quelque 78 800 milliards de dollars. Le BCG annonce que la part des richesses détenues par les millionnaires va continuer à augmenter : de 47 % des avoirs des particuliers aujourd’hui, elle passerait à 52 % en 2020.

Bien sûr, pour le BCG, il ne s’agit pas de dénoncer les capitalistes, mais de faire le point sur la clientèle des gestionnaires de fortune. Si le rapport contient un chapitre sur les femmes, ce n’est pas par féminisme mais parce qu’il existe un vivier de femmes très riches insuffisamment connectées aux institutions financières...

C’est en Amérique du Nord (États-Unis et Canada) que les millionnaires possèdent la plus grosse part des avoirs des ménages : ils y sont environ 8 millions et détiennent 63 % des avoirs des ménages. Cette proportion, la plus élevée du monde, devrait même atteindre 69 % en 2020. En Europe de l’Ouest, cette part est de 40,8 %. La France compte 445 000 millionnaires, selon le cabinet de conseil.

Ils dissimulent toujours leur fortune

Le rapport s’intéresse aussi aux centres « offshore » qui sont en pleine croissance. La richesse accumulée dans ces pays, comme le Panama qui a fait récemment beaucoup de bruit, qui offrent une fiscalité avantageuse et une gestion discrète aux non-résidents, atteint début 2016 près de 10 000 milliards de dollars. Le BCG s’attend d’ailleurs à voir le business offshore progresser encore dans les années à venir, malgré les mesures supposées combattre l’évasion fiscale.

Les riches continueront donc à utiliser toutes les ficelles pour échapper à l’impôt avec la complicité des banques. Le 7 juin dernier, la police espagnole a ainsi perquisitionné au siège de BNP Paribas en Espagne, banque qui ne se serait pas montré assez curieuse sur la provenance de fonds arrivés dans ses coffres et rapatriés discrètement par des fraudeurs fiscaux espagnols...

Cadeaux fiscaux

Mais même quand ils ne dissimulent pas, les riches bénéficient de cadeaux grâce à la législation fiscale. Dans beaucoup de pays, les taux supérieurs de l’impôt sur le revenu ont été rabotés ces dernières années, ou alors cet impôt ressemble à un gruyère avec des trous qui bénéficient aux plus riches : les fameuses niches fiscales.

Les statistiques sur l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune) publiées mercredi 8 juin par le Canard enchaîné fournissent une nouvelle démonstration concernant la France des dispositifs en faveur des plus fortunés : grâce au système de plafonnement mis en place par le pouvoir socialiste, les milliardaires ont profité en 2015 d’allègements considérables. 50 contribuables auraient ainsi dû payer près de 220 millions d’euros, mais le plafond a minoré cette somme de plus de 90 %. Résultat : ils n’ont payé que 21 millions d’euros. Et l’ISF de certains des contribuables parmi les plus riches, comme Liliane Bettencourt (L’Oréal) est même réduit... à zéro !

Henri Wilno